Dans ce local de Perpignan, quelque 250 fauteuils roulants attendent leurs nouveaux utilisateurs, à des prix défiant toute concurrence. Active depuis 2018, l’association Handisertion Grand Sud ne cesse de grandir et de développer de nouveaux projets. Elle répond à un besoin croissant de revaloriser un matériel médical qui finissait souvent à la déchetterie. Photos © Handisertion Grand Sud.
« C’est l’initiative de personnes très impliquées dans le monde du handicap, elles-mêmes atteintes de handicaps lourds, comme la myopathie » explique la directrice Sandrine Bayer.
Du matériel qui était souvent jeté pour ne pas avoir à l’aseptiser
À Perpignan, une dizaine de bénévoles lancent ainsi l’association qui va progressivement salarier et insérer des personnes en situation de handicap. C’est le premier projet de ce type sur toute la région.
« Nous récupérons énormément de fauteuils roulants, et tout ce qui est l’autonomie dans la salle de bains. Des sièges, des tabourets de douche… »
Souvent personne ne récupère ce type de matériel car il y a une hygiénisation nécessaire. Handisertion réalise plusieurs collectes à domicile chaque semaine et se charge d’aseptiser et remettre en état les dispositifs. Ce qui n’est pas stocké dans le local, près de la clinique mutualiste au nord de Perpignan, repart vers d’autres associations solidaires ou des pharmacies.
« Il faut gérer le deuil, ce n’est pas forcément facile »
« On se retrouve avec des situations où les gens se retrouvent avec l’équivalent d’un camion de matériel. » L’émotionnel est prégnant, au point que les salariés sont formés aux risques psychosociaux. L’association est parfois appelée par des veuves qui ne veulent plus voir le fauteuil roulant et tout ce qui concerne leur conjoint décédé. « Il faut gérer le deuil, ce n’est pas forcément facile. Les salariés eux-mêmes ont vécu des choses difficiles. »
Handisertion emploie aujourd’hui dix salariés dont huit en qualité de travailleurs handicapés. Le local d’aseptisation correspond aux règles de la Haute Autorité de Santé. Le matériel trop dégradé est démantelé pour constituer une réserve de pièces détachées. Les pièces restaurées peuvent être ensuite louées, sous agrément de la CPAM, ou vendues. L’idée est de proposer un tarif inférieur au reste à charge, ou très bas s’agissant de ce qui n’est pas remboursé. Un « hippocampe », fauteuil tricycle tout-terrain, non remboursé valant 3500 euros a par exemple été vendu 350 euros.
« Nous avons des fauteuils roulants électriques avec verticalisateur qui valent 30 000 euros et que nous vendons à 500 euros. »
La location à des Ehpad ou des cliniques de soins de suite permet aussi de réduire les délais de demande à la Sécurité sociale et de faire essayer un fauteuil de manière temporaire avant une décision d’achat. Vingt et un établissements des Pyrénées-Orientales sont aujourd’hui partenaires. Handisertion développe de nouvelles activités, répondant, là encore, à un besoin non pourvu. Pour ces établissements, les équipes de l’association réalisent du nettoyage, de l’aseptisation et de la remise en état du matériel sur place. « Cela évite l’accidentologie et que le personnel au quotidien dans les établissements ne soit pas bloqué par des cheveux dans un fauteuil roulant, des freins défaillants etc. Nous avons une équipe 16 jours par mois dans les établissements. »
Des rampes pour fauteuil en bois de terrasse, bien moins chères
Enfin Handisertion se lance dans l’aménagement des logements. « Il y a des gens à qui on a proposé de refaire une salle de bains à 10 000 euros mais on ne leur propose pas une simple barre d’appui qui coûte 40 euros, parce qu’on ne trouve pas les artisans. »
Le service petits travaux est ainsi très apprécié, avec un boom sur les rampes d’accès pour personnes à mobilité réduite. En effet beaucoup de personnes âgées investissent dans un plain pied sans penser aux petites marches ou rebords qui subsistent pour entrer dans la maison. « On achète du bois de terrasse et on fait des rampes PMR sur mesure, sur notre tarification solidaire. »
Reste désormais à l’association de tenir le rythme sans être submergée par les dons et les demandes d’intervention, les besoins étant gigantesques. À terme, un fléchage en déchetterie pourrait être envisagé. Handisertion Grand Sud devrait créer davantage d’emplois. « Notre département manque sérieusement d’emplois pour personnes reconnues en qualité de travailleurs handicapés ». Avec de nouveaux partenaires, le projet pourrait s’étendre prochainement dans l’Aude.
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