Les élèves de Première pro du Lycée Jean Lurçat, à Perpignan, collaborent pour la deuxième année consécutive avec Jazzèbre, les organisateurs du festival pour jeunes publics Zah-Zuh. L’affiche du festival, fruit de leur travail, sera dévoilée dans les prochaines semaines.
Dans la salle de classe, Fany allume le rétroprojecteur. À l’écran, devant la trentaine d’élèves en BAC pro CVPM (Communication Visuelle Pluri-Média), la chargée de communication de Jazzèbre dévoile l’affiche qui a été choisie pour la quatrième édition du festival Zah-Zuh. Couleur pastel, formes ludiques et rêveuses, fusée de papier, superposition de découpages multiformes, l’affiche se veut rêveuse et enfantine. À l’image du festival Zah-Zuh, destiné aux jeunes publics. Son auteure, c’est Alix*, 16 ans. Si les éléments graphiques ont été créés en commun avec tous les élèves de la classe, c’est sa composition qui a retenu l’attention.
Comme un rendez-vous client dans une salle de classe
« Là, on voudrait ajouter le petit poisson qu’on a vu sur une autre création », commente Fany en parcourant la projection de ses doigts. « Déplacer la petite fleur qui est cachée là-dessous, changer les couleurs entre le samedi et le dimanche pour qu’on puisse distinguer la programmation des deux jours … ». Découpage des éléments graphiques, recalibrage des couleurs : à côté d’elle, Thomas, l’un des enseignants, prend la suite et présente l’exercice sur lequel les élèves vont plancher pendant les deux prochaines heures. « Vous avez compris le principe. Vous récupérez le fichier créé par Alix. Et on va tous travailler sur les modifications demandées par Jazzèbre ». Le cabinet de graphisme junior se met en branle. « C’est un projet concret, qui va être vraiment réalisé, c’est assez cool ! » sourit Alix.
Pour sa deuxième année, la collaboration entre Jazzèbre et le Lycée Jean Lurçat de Perpignan est financée avec le Pass Culture, validé avant le tumulte budgétaire de ce début d’année. Chaque élève a envoyé entre une et cinq affiches à l’équipe de Jazzèbre. « Ça a été le coup de cœur », explique Fany. « Ces couleurs, c’est cette idée de l’enfance, j’ai l’impression d’être à la maternelle », sourit la jeune femme. « Ce jaune, c’est celui des chaises d’école ! ».
« J’ai bien aimé travailler sur une affiche », raconte Alix. « J’ai été attirée par ce type d’assemblage, par les couleurs, en modifiant la colorimétrie pour que ça soit plus flashy ». À ses côtés, Nina, 16 ans, acquiesce. « Ce qui m’a plu, c’est que ça soit un festival pour jeunes publics ».
En quête constante de nouvelles techniques artistiques
Nouveauté cette année : le collectif Agit’hé est venu montrer aux élèves une technique de découpage avec un plotter de découpe. Les formes sont créées sur papier, puis numérisées et envoyées à la machine, qui les découpe à leur place. « C’est la première fois qu’on fait quelque chose sur papier, puis qu’on le repasse en numérique pour en faire une affiche comme ça », approuve Alix.
« C’est bien pour nos élèves, qu’ils ne soient pas focalisés uniquement sur l’ordinateur, qu’ils trouvent des pistes créatives dans d’autres domaines », rappelle Thomas. Ses collègues, Véronique et Franck, passent dans les rangs, jonglant entre leurs casquettes d’enseignant, d’informaticien du moment ou de technicien InDesign. « Ça permet de briser aussi leurs préjugés vis-à-vis du graphisme, comme l’idée de devoir bien dessiner [pour faire du graphisme]. C’est assez récurrent dans tous les enseignements artistiques. Il y a cette idée du « beau », qui n’est pas ce que l’on va chercher dans la formation, puisqu’on veut l’efficacité du message ».
Quel avenir pour les jeunes graphistes dans les Pyrénées-Orientales ?
Si Alix ne sait pas encore si elle aura le temps de se rendre au festival Zah-Zuh, Nina, elle, sera aux premières loges : elle rejoindra l’équipe de communication de Jazzèbre pour un stage au mois de mars. Mais, si elle dit vouloir rester dans la région après son bac, elle reste pessimiste sur les opportunités. « Personnellement, en [recherche de stage en] graphisme, j’ai galéré. Dans la région, je n’ai pas trouvé grand-chose. Il y aura peut-être des opportunités [d’emploi], mais moins que dans d’autres régions ».
Le festival Zah-Zuh aura lieu du 17 au 18 mai 2025. Retrouvez l’intégralité du programme sur le site de Jazzèbre à partir du 8 avril.
* Le prénom a été changé
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