Article mis à jour le 12 juin 2025 à 18:56
Ce jeudi 12 juin 2025, l’association des écoles La Bressola convoquait une conférence pour faire le point sur sa situation économique. Pour rappel, en janvier dernier, l’association ne disposait plus d’une trésorerie suffisante pour continuer à verser les salaires de ses 110 salariés. La Bressola donnait 50 jours au Département et à la Région pour sauver l’avenir de la langue catalane. L’association gère sept écoles, deux collèges et accueille 1 100 élèves et 110 salariés.
« Si l’urgence de la rupture de trésorerie prévue cet été a été surmontée, nous vivons une situation assez grave qui vient d’un déséquilibre économique entre les revenus et les dépenses », entame Guillem Nivet, président de l’association. En cause, l’inflation mais aussi une baisse des subventions qui remonte à plusieurs années. La Bressola est une école associative, où chaque famille paie une cotisation calculée sur la base de ses revenus. Sans l’aide des institutions, le coût pour les parents d’élèves pourrait bien augmenter. La Bressola célébrera l’an prochain son 50e anniversaire.
« Nous savons qu’il y a beaucoup d’associations catalanistes qui ont besoin d’argent »
Selon le président de l’association, la campagne de dons mais aussi l’appel à l’aide réalisé en janvier dernier auraient très bien fonctionné. Guillem Nivet projette sur un tableau les subventions exceptionnelles et de fonctionnement versées sur l’année 2025. La Région a versé 80 000 euros supplémentaires, qui viennent s’ajouter à l’enveloppe de 126 000 euros de dotations de l’Occitanie. De son côté, le Département a débloqué 30 000 euros supplémentaires, en plus des 50 000 euros déjà actés. Agacé, Guillem Nivet déclare : « Le Département a pris les subventions d’autres associations pour nous donner. Pour nous, c’est inacceptable. Nous savons qu’il y a beaucoup d’associations catalanistes qui ont besoin d’argent et qui seront pénalisées. »
Au total, cette campagne de dons a permis de récolter 710 000 euros. Si l’association n’a pas encore concrètement perçu cette somme, les efforts consentis permettent d’éviter la cessation de paiements, prévu pour le mois de mai 2025. « Nous pouvons poursuivre notre activité jusqu’à l’année prochaine », souffle Guillem Nivet. Un répit de courte durée pour le président de La Bressola.
« C’est une chose d’arranger une situation d’urgence, mais le déséquilibre économique est toujours là. Cela ne résout rien sur le long terme. C’est pour cela que nous avons pris de nombreuses mesures, pour trouver des solutions », annonce Guillem Nivet, qui souhaite demander aux institutions d’augmenter à un niveau de 5% leur subvention.
Actuellement, la subvention versée par la Région représente 3,9% du budget de l’association. La subvention allouée par le Département, 1,5%. « Nous ne parlons pas d’une petite école, La Bressola a un budget de 4,5 millions d’euros, dont 1,9 million est payé par l’éducation nationale », souligne Guillem Nivet. À titre de comparaison, le président affirme que les établissements enseignant le breton bénéficient d’une subvention exceptionnelle de 200 000 euros, de la Région et du Département. « Nous demandons à ce qu’il y ait un principe d’égalité. »
Les familles mises à contribution malgré les aides obtenues
Concernant la participation des familles, l’association avait prévu d’augmenter les tarifs de 15%, finalement au vu des subventions remportées, ce chiffre a été réduit à 10%. « Nous savons que cela pourrait freiner les nouvelles inscriptions, mais jusqu’à présent, nous n’avons constaté aucun exode d’élèves après l’annonce des nouveaux frais de scolarité pour l’année prochaine. »
Enfin, La Bressola a lancé un plan de recouvrement des forfaits communaux : « 104 000 euros ne nous ont pas été versés pour l’année scolaire 2023-2024. » Dans les Pyrénées-Orientales, près de 30 communes doivent à La Bressola entre 350 et 14 700 euros.
« Suite à la lettre du Préfet réclamant le paiement des forfaits communaux des élèves de La Bressola par plusieurs communes, une campagne de conventions avec les administrations locales a été lancée, dont certaines ont déjà répondu positivement. L’objectif est que les municipalités s’engagent à régler les dépenses obligatoires légales envers La Bressola », indique l’association dans un communiqué. « Nous ne laisserons pas les communes manquer à leurs obligations de paiement et utiliserons tous les moyens possibles pour les y contraindre », déclare la directrice associative, Valèria Ventura.
Au-delà du budget de fonctionnement, la Bressola et la mairie de Perpignan s’opposaient devant les tribunaux concernant l’achat du couvent Sainte Claire, où l’école entend s’installer pour y ouvrir un lycée. « Le projet de lycée reste en vigueur. Nous avons gagné l’ultime recours devant le Tribunal administratif de Toulouse. » Pour l’heure, selon La Bressola, aucun autre recours n’a été déposé par la ville devant le Conseil d’État.
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