Article mis à jour le 28 août 2018 à 11:37
Aux 25 expositions de Visa pour l’Image 2018 correspondent pas moins de 1500 photos, à vérifier, encadrer, légender. Un travail de fourmis réalisé chaque année depuis 30 ans par le service décoration de la mairie de Perpignan sous la responsabilité d’Eric Del Pico. « Je me suis amusé à faire le calcul, nous avons traité 45 000 photos depuis 1989. Si on les mettait côte à côte, on pourrait couvrir la distance de Perpignan au Perthus ! ».
♦ La forme au service du fond et non l’inverse
Eric Del Pico se définit avec Jean François Leroy comme les « dinosaures de Visa ». Tout à beaucoup changé depuis 1989 confie-t-il : « À l’époque, nous travaillions avec des bouts de ficelles, on avait très peu de moyens, nous finissions à 5 heures du matin, on se douchait pour repartir au boulot ! Si Jean-François Leroy (fondateur de Visa pour l’Image NDLR) n’avait pas été là, Visa n’aurait jamais pris cette forme, c’est lui qui a pris ça de bout en bout, qui a monté les équipes ! Quand il a dit qu’il voulait accrocher des images à La Chapelle Saint Dominique, on l’a pris pour un fou ! Au couvent des Minimes comme à la Chapelle Saint Dominique, il n’y avait pas de système d’accrochage, et dès que l’on voulait planter le moindre clou tout s’effritait, c’était des lieux bruts de décoffrage … »
Concernant la mise en scène ou la décoration, « vous savez, les images sont tellement fortes, porteuses d’un message, de valeurs qu’elles n’ont pas besoin d’artifices. La priorité est la valeur morale de la photo. C’est le message qui est important pas la forme. Le visiteur vient pour la photo, pas pour les plantes vertes ou la déco ! » insiste Eric Del Pico.
« Visa pour l’image est là pour montrer que l’on ne voit pas dans un monde de bisounours ou de télé-réalité« . Certains râlent sur les expositions, « toujours des guerres ou de la misère« . Eric Del Pico de s’insurger : « Jean-François est un Don Quichotte des temps modernes, il va à contre-courant, on peut lui reprocher tout ce que l’on veut [revenant sur le choix de ne pas exposer de photos sur la crise catalane] mais pas son intégrité ! Si Visa ouvre les yeux de 3 personnes sur 10, c’est déjà une victoire » conclut, celui qui comme Jean-François Leroy est la mémoire de Visa pour l’Image.
♦ Un travail minutieux et d’équipe
En temps normal, le service est composé de 7 personnes. Pour Visa, 30 personnes sont nécessaires pour tout gérer, de l’encadrement à l’accrochage, un travail de précision qui ne souffre d’aucune approximation. Comme le précise Stéphane Comes, tout se joue au millimètre près : « Pas d’erreur d’un millimètre à la découpe de la marie-louise ou sur la légende… Il faut que ce soit super droit, sinon ça se voit ! ». Avec lui Jessica, Eléonore, ou encore Anne-lou, pour la plupart étudiantes effectuent l’ensemble des étapes nécessaires à la mise en valeur des photos qui seront exposées lors du festival international de photojournalisme.
D’abord, il faut vérifier les 35 à 40 clichés qui composent chacune des 25 expositions, passer en revue chaque image, traquer le moindre défaut ou tâche, sinon il faudrait demander un retirage à Paris, confie Stéphane, mais cela est très rare, dit-il rassurant.
Ensuite, vient le temps du choix et de la découpe de la marie-louise, ce cadre intermédiaire placé entre la photo et la vitre permet de mettre en valeur l’œuvre. Cette tâche est dévolue au seul garçon de l’équipe de renfort du service. Stéphane Comes choisi la couleur de la marie-louise en fonction de la teinte dominante de la photo, noir, gris, beige ou blanc, mais choisi aussi une marie-louise avec une tranche grise afin de mieux valoriser l’image.
Les légendes sont l’un des postes des plus minutieux, le service reçoit les légendes au format A4 et doit découper chacune d’entre elle en laissant 5mm en dessous et autant en dessus. Le tout avec une extrême précision, une découpe de travail et tout le travail est à recommencer.
Ensuite, place à l’assemblage, marie-louise, légende sont apposées sur la photo et encadrés, c’est là que vient la chasse à la moindre poussière, la vitre est nettoyée en tout sens pour éviter la moindre particule qui viendrait distraire l’oeil du visiteur du message que fait passer l’image.
Une fois ces étapes terminées, chaque exposition est re-vérifiée, numérotée et stockée en attente d’accrochage le soir-même dans l’un des sites qui reçoit les expositions. Le service gère aussi environ 400 images pour le Festival Off porté par la Chambre de Commerce de Perpignan.
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