Article mis à jour le 7 avril 2019 à 19:16
Entre démocratie participative, votation sur le modèle Suisse, budget participant et coup de gueule à propos des élus d’opposition à la Région, rencontre avec la Présidente de la Région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée.
♦ Vous lancez « La Région est à vous », pouvez vous nous en dire un peu plus ?
Quand on entend les gens dire qu’ils n’aiment pas la politique, ce n’est pas vrai ! Tout dépend du mode relationnel que vous avez avec eux. Par exemple, quand nous avons lancé la concertation sur l’alimentation, nous avons eu 100.000 retours et 40% des personnes ont répondu vouloir garder le contact. J’ai demandé à mes services de refaire les comptes tellement j’étais étonnée de ce chiffre. 40.000 personnes qui donnent un mail en disant vouloir rester informées, pour moi, cela signifie qu’il y a une vraie appétence, un vrai besoin, pour retrouver du lien.
Nous allons nous rendre dans les halls de gare, sur les parkings des supermarchés, les marchés, lors des manifestations sportives ou les salons comme le TAF. Nous allons aller vers eux en toute simplicité pour écouter ce qui va. Mais aussi ce qui ne va pas, ou ce qu’ils souhaiteraient voir approfondir dans nos politiques. Dans une disposition très humble, une simple table avec une nappe rouge et un kakémono. Il y aura deux élus de la majorité régionale qui aborderont les citoyens avec un questionnaire de trois questions.
- Une idée pour que la Région améliore mon quotidien
- Un projet/une initiative qui mérite d’être valorisé
- Une question pour la Région
Parce qu’il y a un climat qui est quand même très morose. On ne parle pas assez des belles histoires, des associations, des chefs d’entreprise qui font des choses formidables. Je pense qu’il faut que nous ayons un message positif pour donner la parole à ceux qui ne la prennent pas. Moi-même, j’y serai et je l’ai fait sur l’alimentation. Nous avons eu un très bon accueil. En dehors des périodes électorales, c’est très gratifiant et il y a vraiment un temps d’échange qui s’ouvre. J’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver ce lien en toute simplicité.
♦ Et concrètement, comment ça va se passer ?
Cette phase de rencontre qui a déjà débuté, fera une pause durant la campagne des Européennes pour reprendre au lendemain du 26 mai. Une centaine de dates sont déjà prévues pour le moment, et à voir l’engouement des élus à aller à la rencontre des citoyens, ce chiffre pourrait aller jusqu’à 200 pour l’ensemble des 13 départements que compte la Région.
Sur chaque point de rencontre, il y aura au moins deux élus de la majorité, et nous avons recruté 32 jeunes en service civique. Des agents des services régionaux seront aussi présents. Car, quand nous avons lancé cette démarche, certains d’entre eux se sont montrés intéressés pour venir sur le terrain, pour entendre ce que pensaient les gens.
« Il n’y aura bien sûr pas d’élus du Rassemblement National, car ils votent contre tout. Ils ne travaillent pas, ils ne connaissent pas les dossiers. Ils sont constamment dans l’insulte, l’outrance, l’invective et dans l’attaque personnelle. Hier, en assemblée, on a eu droit à l’islamogauchisme… Il faudrait que nous mettions dans les trains notre propre police. Et d’ailleurs, selon eux, l’immigration, c’est Carole Delga qui l’a fait venir ! »
♦ Pyrénées-Orientales – Les rendez-vous d’avril de « La Région est à vous »
PERPIGNAN | Samedi 6 avril 10h-13h | Marché place République |
ARGELES | Dimanche 7 avril | Foire des Eleveurs |
PERPIGNAN | Mardi 9 avril 12h-14h | Lycée Picasso - Réfectoire |
ARGELES | Samedi 13 avril 9h-13h | Lycée Christian Bourquin |
PERPIGNAN | Mardi 16 avril 10h - 14h | Université de Perpignan |
PERPIGNAN | Vendredi 19 avril 9h-12h | Gare SNCF - Centre del Món |
PRADES | Samedi 20 avril 9h - 12h | Marché |
PERPIGNAN | Mercredi 24 avril 9h-12h | Gare SNCF |
♦ Est-ce encore un énième dispositif du type Grand Débat ?
Nous avons volontairement attendu la fin du grand débat pour en tirer toutes les leçons. Au début des Gilets Jaunes, en novembre ou décembre, ceux qui étaient sur les ronds-points, c’était des retraités, des travailleurs pauvres ou des femmes isolées. Alors que l’analyse sociologique de ceux qui ont fait des propositions montre qu’il s’agit de la France qui va bien. Des cadres avec de bons revenus et un très haut niveau d’éducation.
Nous nous sommes bien rendus compte que la majorité des contributions n’émanait pas des mêmes qui avaient manifesté au début du mouvement. C’est là que nous nous sommes dits qu’il fallait qu’on aille à leur rencontre en mode modeste, en mode agile, en mode frugal.
♦ Comment va fonctionner la votation à la mode helvétique ? Un exemple ?
Ce dispositif contrairement à celui de « La Région est à vous » est pérenne. Il s’agit d’un site internet LaRegionCitoyenne.fr qui a vocation à recueillir la parole des habitants de la Région. Les propositions comme les questions. J’ai demandé à ce que les services accusent réception de toute demande dans les trois jours. Mais aussi qu’ils apportent une réponse téléphonique ou écrite dans un délai maximum de 15 jours.
Mais concrètement ?
Après avoir vérifié que la contribution entre bien dans les compétences de la Région, nous travaillons sur le sujet avec la personne. Nous le chiffrons, puis nous délibérons en assemblée avant de le soumettre à la votation citoyenne. Si la proposition recueille plus de 10.000 suffrages, la disposition sera mise en pratique. Les questions sont instruites au fil de l’eau. À titre de comparaison, en Suisse, où ce type de votation existe déjà, le délai entre l’idée et la votation est d’environ un an.
Les votations et Ma Région, sont deux dispositifs différents. Ils font tous les deux parties d’une boite à outil. Dans cette boîte, il y aussi un droit d’interpellation d’un élu ou les budgets participatifs. Le budget participatif représente 1% du budget régional, soit 350.000€. Ce sont des actions portées par des citoyens, c’est donc à eux de nous indiquer comment et à quoi l’affecter.
Agnès Langevine, vice-présidente entre-autres en charge de la transition écologique et énergétique : « par exemple, dans l’optique de protection de la biodiversité, nous voulons mettre en place des Zones À Restaurer (ZAR). Les citoyens ou des collectifs repèrent une zone abandonnée ou en friche et proposent de planter des arbres, d’en faire des jardins collectifs, potagers ou un espace de jeu pour les enfants. Nous allons les accompagner pour se réapproprier cet espace. Après avoir monté le projet technique, il sera soumis à votation pour recueillir l’adhésion collective. Car, il peut y avoir des projets qui se rassemblent ou qui sont réplicables sur le terrain. Notre volonté est aussi d’essaimer les bonnes pratiques à travers le territoire de le Région »
♦ Tout ça pour quoi faire ? Est-ce redondant avec Imagine les PO du département ?
La démarche du département concerne l’investissement, alors que nous, nous faisons cela dans l’optique d’élaborer nos nouvelles politiques. Ce sont des dynamiques complémentaires, qui vont nous permettre d’établir notre nouvelle feuille de route pour les deux années à venir. Un nouveau programme co-construit avec les citoyens et qui correspond à nos valeurs. Parce que si on nous explique qu’il faut mettre des policiers dans les lycées, nous répondrons que cela ne correspond pas à nos valeurs, que nous sommes de gauche et que nous le revendiquons.
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