Le groupe MassBeat, d’origine catalane, vient de sortir son premier single original et surfe sur une tournée de plus de 60 dates dans le sud de la France. Retour sur leurs dernières aventures lors d’un entretien téléphonique. Photo © Kevin Manez.
C’est le groupe catalan dont tout le monde parle. « On fait les montagnes russes depuis deux ans là, c’est génial », s’enthousiasme Quentin, guitariste, chanteur, et manager du groupe. Depuis le garage où ils ont commencé à gratter quelques notes ensemble, les huit amis musiciens ont fait du chemin, et viennent de sortir « Precious », leur premier single. L’entretien a été édité par souci de clarté.
Made in Perpignan – Vous êtes en tournée depuis un mois et demi, vous jouiez hier chez Ginette Plage au Barcarès, et vous y retournez demain pour une soirée, je cite, « en mode relax ». Alors, cette tournée, comment ça se passe ?
MassBeat – On s’en sort plutôt bien, on a 60 dates jusqu’en septembre. L’année dernière, nous en avions davantage, mais cette année, nous avons décidé de couper un peu, pour finir mi-octobre, et ensuite, on croise les doigts, on voudrait repartir en tournée dans toute la France pour défendre l’album. C’est une autre vie qui commence !
MiP – Votre premier album n’est pas encore sorti, mais vous l’avez joué en live au Castillet le jour de la Fête de la musique, le 21 juin. Vous n’aviez pas trop la pression ?
MB – C’était quitte ou double, ça passe ou ça casse. Mais ça s’est super bien passé. On était presque 6 000 ! Les gens ont vraiment kiffé l’album. En plus, quand l’audience commence à chanter tes chansons, c’est hyper cool. Entendre, ressentir la foule … C’est vraiment un truc de fou. Je souhaite à tout le monde de vivre ça. Ça fait deux ans et demi qu’on s’arrache à bosser comme des malades. Alors [pour le concert] on a tout fait pour rester concentrés, au détriment de notre kiff personnel. C’est quand on est descendus de scène qu’on a réalisé. Je me suis dit « mais qu’est-ce qui vient de se passer ? ».
MiP – Vous avez donc joué « Precious » le premier titre extrait de votre album, en live pour la première fois ce jour-là. C’est une création originale alors que votre groupe a commencé en faisant des covers. On y retrouve l’énergie qui caractérise votre musique. Comment vous est venue cette chanson ?
MB – Nous ne sommes pas des génies, loin de là. Mais je trouve qu’il y a eu beaucoup de musique « pauvre » sortie ces dix dernières années. Alors on essaie d’enrichir nos morceaux comme avant, [en s’inspirant, par exemple, de] Michael. Si on prend l’exemple de Michael, l’harmonie est blindée.
MiP – Y a-t-il un Michael catalan dont j’ignore l’existence, ou vous parlez de Michael Jackson ?
MB – (rires) Michael Jackson, oui. On arrive avec un « riff » [combinaison de notes, d’accords ou un refrain joués de manière répétitive, ndlr], on regarde, on se dit, « putain, c’est bon », on s’amuse, on joue, on se dit qu’il y a un potentiel. Alors rendez-vous plus tard, on travaille là-dessus. « À la semaine prochaine ! ». Chacun essaie de mettre sa sauce, parce que nous venons tous de milieux différents, dans la musique comme dans la vie. Mais ça ne doit pas être indigeste. Si tu mets trop de sel dans un plat, c’est dégueulasse. Il faut trouver l’umami de tout ça.
MiP – Pour ceux qui n’étaient pas au Castillet le 21 juin, à quoi doit-on s’attendre concernant votre nouvel album ?
MB – On a des gros morceaux de funk, des gros morceaux de dance, il y a un peu de rock-métal mélangé. Il y a des morceaux un peu plus « chill », plus jazzy, à la Michael Bublé. C’est riche. Rien n’est laissé au hasard. Et notre saxophoniste est un génie de l’harmonie. C’est incroyable. Vraiment, il a fait un travail monstrueux sur l’album.
MiP – Au-delà de votre travail de musiciens, dans quelles conditions avez-vous enregistré ?
MB – On a bossé avec l’ingénieur son de Stromae, il gère le mixage de tout l’album. Et nous avons enregistré avec un mec de Paris qui travaillait au studio Ferber [qui a accueilli les plus grandes stars de la chanson française depuis sa création en 1973, ndlr]. On a eu de la chance, on a été bien entourés.
MiP – Comment est-ce que vous avez réussi à constituer tout ce réseau-là dans le domaine de la musique ? C’est de l’huile de coude, ou vous aviez déjà quelques points d’entrée ?
MB – Ah non, on n’était rien (rires). J’ai traversé la région 1 500 fois au début, j’ai été voir tout le monde, et on a fait nos preuves. Nous sommes tombés sur beaucoup de gens bienveillants, d’autres moins, et à force de bosser, nous avons construit un réseau. On a commencé dans un garage et on en est là. C’est parti de zéro. Alors on est fiers, mais en fait, on n’a rien fait du tout. On se dit avec les gars, « putain, le chemin est encore tellement long », donc il faut rester concentrés.
MiP – Vous êtes un peu durs avec vous-mêmes, non ? Ça fait trois ans que vous tournez, vous avez fait un paquet de dates de concert, vous avez un album qui va sortir, vous travaillez à plein temps sur MassBeat. Ce n’est pas rien ! À quoi est-ce que vous aspirez ?
MB – Ouais, ouais … à un peu tout. On veut défendre notre musique dans le temps, dans le monde entier. J’ai eu la chance de trouver huit personnes qui partagent ma vision des choses : aller le plus loin possible. On ne sait pas où, mais le plus loin (rires). Et en même temps, nous voulons garder ce truc où si, demain, nous faisons un Zénith, le jour d’après, nous jouons dans le bar du coin. Parce que c’est comme ça que nous avons commencé.
MiP – Justement, parmi les dates que vous avez à venir cet été, est-ce qu’il y a un lieu en particulier où vous avez hâte de jouer ?
MB – On ne s’attend à rien, parce qu’on a été déçus. Cette année, on attendait le Greenland festival, puisqu’on était en tête d’affiche. On allait jouer après Deluxe, après Tiakola, c’était une grande chance. Ça s’est cassé la gueule. Nous avions tout misé dessus, on a tout perdu. Il y avait toute une scénographie, avec 25 mètres carrés de panneaux LED. C’était quelque chose ! Donc maintenant, on n’attend plus, on se donne juste au max à chaque date. On rejoue le 1er août sur la place de la République, à Perpignan, et j’espère que ça se passera bien. Parce que si on a de la chance, comme à la fête de la musique, ça peut vraiment être très cool.
MiP – Aujourd’hui, vous sortez une vidéo de promotion pour « Precious » sur vos réseaux. Comment ça se passe, quelles sont les prochaines étapes ?
MB – Là, nous sommes en plein dans la promotion du premier titre. Nous allons le laisser tourner pendant un mois. Puis le 1er août, un second titre sort. D’ailleurs, notre ingénieur son doit nous l’envoyer bientôt. Ensuite nous sortirons tout l’album à partir du mois de septembre.
MiP – Pourquoi un tel délai entre vos morceaux ? Pour jouer sur l’effet événementiel du live ?
MB – Chacun sa technique. Nous, on aime laisser travailler un titre un mois, un mois et demi. On n’a pas commencé la promotion sur les réseaux, c’est pour ça qu’on tourne cet après-midi [mercredi, jour de l’entretien, ndlr] la vraie campagne de publicité. Puis on se mettra à fond sur les sites de streaming, Spotify, Apple, etc. Parce qu’il faut du temps pour trouver le bon distributeur, avoir les bons contacts … c’est un travail sans fin.
MiP – Spotify vous a ajouté automatiquement dans des playlists proposées aux utilisateurs, comme par exemple « titres pop non découverts ». Quel est l’impact d’une plateforme internationale comme Spotify pour un groupe comme MassBeat ?
MB – Au niveau régional, MassBeat fonctionne bien, mais il nous faut un petit coup de boost supplémentaire. Les plateformes accroissent la visibilité, ça permet de ramener des auditeurs de la France entière, et d’autres pays. Sur notre page, [nos] statistiques [affichent] 20 000 écoutes en deux semaines et demi. Si ça continue comme ça, à la fin de l’été, on aura fait 100 000 écoutes. Mais l’impact réel arrive toujours en décalé.
MiP – C’est-à-dire ?
MB – C’est le temps que les gens partagent le titre, etc. En général, on commence à voir un effet environ un mois après [une action de] promotion.
MiP – Entre la promotion et la création, pas étonnant que vous ayez eu besoin de passer sur MassBeat à plein temps. Comment gérez-vous tout ça ?
MB – Pour le moment, on est huit musiciens, et on consolide l’équipe petit à petit. Nous avons recruté un ingénieur son, un régisseur plateau, qui nous fait les artifices sur scène, par exemple, et une bookeuse [une personne en charge de la programmation artistique, ndlr]. Je ne peux plus tout faire moi-même, MassBeat devient trop gros. Et si nous partons en tournée à la rentrée, l’équipe s’agrandira encore, nous serons une petite quinzaine.
MiP – Vous mettez autant d’énergie sur scène qu’en coulisses.
MB – On essaye toujours d’être positifs. Même si on est huit et que c’est chaud. Il y a des jours où on a envie de laisser tomber, et d’autres, pas du tout. Il y a toujours quelque chose qui nous rattrape. C’est souvent notre public, et le travail qu’on fournit. Il ne faut jamais lâcher. J’ai des retours de gamins à qui j’ai dit « laissez pas tomber », et aujourd’hui ils ont un groupe, et ça tourne. Si vous y croyez, continuez, on s’en fout, il ne faut pas avoir peur. Et si on se casse la gueule, on apprend ensemble. Et c’est un peu ce que j’essaie d’apporter au projet tous les jours, et de garder comme ligne de conduite. Je ne lâcherai pas. C’est pour mes potes. Et pour moi aussi. Mais surtout pour mes potes (rire).
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