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Le Mémorial de Rivesaltes retrace la vie des nomades : une exposition riche en couleurs

Le Mémorial de Rivesaltes retrace la vie des nomades : une exposition riche en couleurs

Article mis à jour le 17 janvier 2024 à 15:28

Le Mémorial du camp de Rivesaltes propose du 15 mars au 14 février 2025, une grande exposition sur les nomades. « Le camp des familles » revient sur la persécution des itinérants à Rivesaltes, entre 1941 et 1942. Au détour d’un café philo, d’une pièce de théâtre ou d’un concert, le Mémorial utilise des formats artistiques pour véhiculer l’Histoire.

Transmettre l’Histoire est ancré dans l’ADN du Mémorial du camp de Rivesaltes. Récemment, le musée a annoncé sa nouvelle programmation avec pour fil rouge une grande exposition sur les nomades. « Nous avons une trentaine d’évènements programmés d’ici fin août », annonce Nicolas Serpette, responsable communication du musée. La programmation fait appel à plusieurs formes d’expression artistiques et culturelles.

Une histoire singulière liée au camp de Rivesaltes

L’exposition temporaire se découpe en trois parties, une première salle sera consacrée à la façon dont l’État, dès le début du 20e siècle, a mis en place des processus pour catégoriser, marginaliser et pour finalement exclure de la société certaines populations, parmi lesquels les nomades. « Il est intéressant de noter que le fichage systématique des populations nomades, à travers ce qu’on appelait à l’époque un carnet anthropométrique, date de 1912. C’est bien antérieur à la montée du nationalisme », explique Nicolas Serpette. 

Les nomades dont on parle sont des tsiganes originaires de la vallée du Rhin. Lors de l’occupation, l’Alsace et la Moselle, vont être directement intégrées au territoire du Reich Allemand. « En vertu des lois du Reich, tous les nomades vont être expulsés de ces deux départements. Un certain nombre de nomades français vont prendre les routes et se diriger vers le Sud. » Malheureusement, beaucoup vont être arrêtés et enfermés dans des lieux tels que le camp de Rivesaltes. 

Mettre des visages sur les mémoires

Une deuxième salle, plus personnelle, exposera une galerie de huit portraits de nomades et de leurs familles. « Nous allons retracer leur itinérance, leur parcours, leur histoire, tout simplement. » La troisième salle sera artistique. Elle accueillera deux jeunes artistes contemporains issus de ces communautés, Marina Rosselle et Romuald Jandolo. Leurs œuvres dialogueront avec celles d’un artiste plus ancien, Louis Burcler, ancien interné du camp de Rivesaltes. 

Tout au long de l’année, les évènements culturels organisés au Mémorial rebondiront sur l’histoire de ces itinérants. Le but étant de mêler la prise de parole d’un spécialiste à la prestation artistique. Le concert jazz manouche sera par exemple couplé à l’explication d’un historien ou d’un sociologue. Une jolie façon de « mettre des couleurs » sur ces mémoires. 

À Rivesaltes, les vestiges des baraquements témoignent encore des traumatismes du 20e siècle. Le Mémorial rend hommage à la guerre d’Espagne, à la Seconde Guerre mondiale et aux guerres de décolonisation. « Le 27 janvier, c’est l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau par les Soviétiques, en 1945″, annonce Nicolas Serpette. À cette occasion, le Mémorial accueille Tal Bruttmann, grand spécialiste du camp. L’historien français vient de sortir l’ouvrage « Un album d’Auschwitz ». Il s’agit d’un reportage photographique réalisé par les nazis, au sein du camp d’Auschwitz. Ce même soir, un concert de musique traditionnelle juive et de chant du ghetto sera organisé.

Le Mémorial part à la rencontre du public

Le 27 février prochain, le Mémorial prépare un évènement hors de ses murs, à la librairie Oxymore de Port-Vendres. Le public pourra assister à l’entrevue de deux femmes. L’une, est la petite fille d’un policier envoyé en France, par Franco en 1939, pour y persécuter un certain nombre de républicains qui s’y étaient réfugiés. La deuxième, est la fille d’un militaire allemand des commandos SS qui pratiquaient la Shoah par balles, notamment en Ukraine et dans l’est de l’Europe.

« Ces deux femmes ont découvert très tardivement le vrai CV de leur père et grand-père respectifs », souffle Nicolas Serpette. « Elles dialoguent sur l’histoire de ces hommes, avec en fond cette question, comment un être humain finalement normalement constitué peut arriver à commettre de telles atrocités ? » Les génocides sont souvent racontés sous l’angle de la victime, les deux intervenantes rapportent ce qu’elles ont vécu de près, à travers leur lourd héritage familial. 

Plus d’informations sur le programme.

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Célia Lespinasse