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Au Mémorial de Rivesaltes, la réalité virtuelle au service d’une expérience immersive et sensible

Au Mémorial de Rivesaltes, la réalité virtuelle au service d’une expérience immersive et sensible

Article mis à jour le 17 janvier 2024 à 17:41

Fruit de près de deux ans de travail, le Mémorial du camp de Rivesaltes proposera dès cet été une nouvelle activité interactive pour découvrir l’ancien camp d’internement. Équipés d’un casque de réalité virtuelle, les visiteurs pourront avoir un aperçu de la réalité du camp aux différentes époques, écouter des témoignages et découvrir des archives inédites.

Gabrielle a retrouvé une malle dans le grenier de son grand-père

Elle y trouve à l’intérieur plusieurs objets divers, un pull, un petit jouet en bois sculpté ou encore des enveloppes. Autant de souvenirs d’une vie passée par le camp de Rivesaltes, et dont elle va se servir pour remonter le temps, et en savoir plus sur le quotidien de son aïeul. Immergés grâce au casque de réalité virtuelle, nous marchons alors en 3D dans et entre les baraques du camp reconstituées comme à l’époque, de jour comme de nuit, en plein vent ou en plein hiver.

Images fournies par le Mémorial du camp de Rivesaltes

Nous écoutons différents témoignages de survivants sur diverses thématiques allant de l’hygiène à la (mauvaise) nourriture, en passant par le triste épisode de la déportation des Juifs vers Auschwitz en 1942. Nous découvrons le visage de ce camp qui a hébergé plusieurs milliers de personnes jugées indésirables selon les époques, de 1939 avec l’arrivée des réfugiés républicains espagnols jusqu’en 1964 avec les Harkis venus d’Algérie. La voix off de Gabrielle, un brin scolaire et enfantine, nous guide à travers les années. Une autre manière d’entrer dans l’Histoire au sens propre.

Cette nouvelle expérience immersive est née d’un premier constat

L’état de conservation du camp de Rivesaltes rend parfois difficile la compréhension historique du lieu. Le Mémorial réfléchit alors à de nouveaux outils de médiation, qui permettraient de transmettre les informations essentielles sans que les visiteurs n’aient nécessairement besoin d’avoir déjà d’importantes connaissances historiques. Le souhait est là de rendre l’aride camp chargé de mémoire plus « accessible » au grand public.

C’est alors que Janaïne Golonka entre en scène. Cette ingénieure de recherche et développement en innovation culturelle vient du secteur de la médiation, et écrit même une thèse sur l’immersion et les lieux de mémoire. Férue de réalité virtuelle, elle propose alors de construire une expérience immersive et interactive qui permettrait au visiteur de se projeter dans la réalité du camp à différentes époques. Et pour cela elle implique des jeunes dès le début de l’aventure dans la conception du projet.

Huit d’entre eux, tous adolescents et aux profils divers, planchent alors sur le sujet pendant cinq jours. Ils visitent le mémorial, rencontrent des médiateurs, réfléchissent à un récit, et échangent avec des professionnels des nouvelles technologies. Petit à petit plusieurs scénarios se dessinent, qu’il a ensuite fallu articuler en un seul. Les participants ont débattu de plusieurs questions, comme au sujet de la représentation visuelle (ou non) des personnes internées dans le camp. Fallait-il ou non créer des sortes d’avatars qui errent dans les baraques, comme dans un jeu vidéo, ou bien laisser les paillasses vides ? Sans vouloir divulgâcher le résultat, la solution trouvée est intelligente et touchante de sensibilité.

Les archives du Mémorial ont aussi été utilisées : « Il y a un fond d’archives important et pas forcément valorisé, explique Janaïne. On a essayé d’aller chercher des documents qui apportaient de l’authenticité. On a aussi travaillé avec des témoignages audio. On voulait montrer comment le camp avait évolué, et surtout la façon dont il avait évolué. Ce n’est ni un film, ni un jeu, on voulait quelque chose qui permette de se projeter.» Le résultat, touchant de justesse et d’émotion, a été validé par le conseil scientifique du Mémorial.

L’activité n’est pas destinée à être utilisée en libre-service par les visiteurs

Car cette expérience de réalité virtuelle reste un outil au service de la médiation humaine. Chaque séance, qui dure environ vingt minutes, sera suivie d’un quart d’heure d’échanges avec un ou une médiatrice, afin de permettre aux visiteurs de poser des questions et d’échanger sur leurs ressentis. Pour Nicolas Serpette, responsable communication du Mémorial : « Il est essentiel de proposer une vision sensible de l’Histoire. C’est cela qui amène le public à se poser des questions. »

Le lieu espère aussi attirer de nouveaux publics de tout âge. Le dispositif, inclus dans le prix du billet de 9,50€, sera testé dès le 1er juillet et pour tout l’été, à raison de deux séances par jour, chacune limitée à huit personnes. Il faudra donc réserver sa place pour découvrir l’histoire du grand-père de Gabrielle, et poser un nouveau regard sur le camp de Rivesaltes et son histoire, qui est aussi celle du XXème siècle.

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Alice Fabre