Article mis à jour le 24 juillet 2024 à 13:49
Après la simulation de crash aérien organisée par la Préfecture du département, c’est désormais la Mairie de Perpignan qui s’exerce au scénario catastrophe.
5 Mai 2021, début de journée normale à la Mairie de Perpignan
Comme très régulièrement, le département des Pyrénées-Orientales est placé en alerte orange pour cause de vent violent. Le SDIS, Service Départemental d’Incendie et de Secours, fait état d’un grave accident ferroviaire dans le quartier ouest de Perpignan.
Une équipe de pompiers est immédiatement dépêchée afin de faire un premier bilan et mettre en place un périmètre de sécurité autour de la rue des Usines, lieu du sinistre.
Dans le même temps, à la Mairie de Perpignan, une cellule de crise s’organise. Chantal Bruzi, première adjointe à la sécurité de Jean Marc Pujol est à la manœuvre. « Un peu déstabilisée par la masse d’appels et les informations qui se bousculent et les nombreuses décisions à prendre en si peu de temps », l’élue prend malgré le stress, rapidement ses marques pour être opérationnelle.
Elle nous confie : « outre la multiplication des décisions importantes à prendre, il faut également vérifier la mise en oeuvre et les conséquences de ces décisions ». Fort heureusement, la liste des mesures à prendre est écrite dans une sorte de check-list référençant les actions préconisées pour chacun des scénarios possibles. Le Plan Communal de Sécurité est un véritable outil pour la gestion de crise au sein des communes. Il doit être revu tous les cinq ans et testé lors d’exercices régulièrs, « pour vérifier les aptitudes de chacun à réagir. Ces simulations permettent de pointer les manques ou les points d’amélioration » déclare Stéphane Roig, technicien risques majeurs à la Mairie de Perpignan.
9h45, une nouvelle information vient de parvenir à la cellule de crise : Le directeur du Lycée Sainte Louise de Marillac informe qu’une forte odeur de produit chimique se répand dans ses classes. En effet, les pompiers qui viennent d’arriver sur les lieux du drame le confirment : les deux wagons renversés contenaient du chlore, entre 25 000 et 50 000 litres de ce produit chimique ultra irritant et volatile pourraient se répandre dans le quartier Mailloles à proximité du centre commercial Leclerc Sud.
La décision est immédiatement prise d’établir un périmètre de 500 mètres autour du lieu du déraillement dans lequel un confinement strict doit être respecté.
Un bilan est immédiatement fait quant aux établissements recevants du public à l’intérieur de cette zone pour que tous soient informés de la situation et qu’ils organisent le confirment dans leurs locaux. Les établissements scolaires doivent informer les parents de ne pas venir chercher leurs enfants, ces derniers resteront dans les salles ou dans les espaces clos.
- 1 centre commercial
- 2 lycées, le lycée Bon Secours et Sainte Louise de Marillac
- le groupe scolaire Jean Zay comprenant école primaire et maternelle
- 1 EHPAD*
- 1 crèche
Les décisions se succèdent au centre de crise, barriérage, liaison permanente avec la préfecture pour la mise en oeuvre d’une déviation routière. Les véhicules municipaux circulent diffusant dans leur haut parleur les messages de prévention et de confinement. Le service communication informe les rédactions et diffuse le message sur les réseaux sociaux : «
10h00, de nombreux appels de riverains assaillent la mairie : « Bonjour, je suis avenue Victor Dalbiez et je suis bloqué dans mon véhicule depuis 1 heure. Je ne peux me rendre sur mon lieu de travail. Nous n’avons aucune information sur la situation. Mais que se passe-t-il ? »
Ouverte du centre d’hébergement d’urgence au parc des sports du Moulin à Vent
La décision de mettre en place le centre communal d’urgence est prise. Les personnels municipaux sur place organisent tout pour accueillir jusqu’à 150 personnes. Un centre qui peut recevoir les « naufragés » à l’extérieur du périmètre de confinement. C’est le cas de ces 5 personnes qui reviennent du marché à pied et qui ne peuvent plus accéder à leur domicile, tous les accès étant coupés. Monsieur Martin, chauffeur de bus, prend quant à lui contact avec la mairie. Il était attendu à l’école Jean Zay, « il y a 35 enfants et 4 adultes dans mon bus ». Monsieur Martin est dirigé vers le gymnase du parc des sports.
Le service communication de la Mairie est mis à rude épreuve, toutes les équipes sont sur le pont depuis le début de l’alerte, traquant la moindre fausse information, répondant à toutes les inquiétudes des habitants, quelle se traduise par des appels téléphoniques ou par des commentaires sur Facebook. C’est sur ce réseau social que le dernier élément de ce scénario survient :
11h00, un perpignanais affirme : « le train qui a déraillé ce matin transportait des déchets radioactifs !! Attention aux radiations ». Le service communication prend rapidement la décision de démentir fermement cette information qui se repend comme une traînée de poudre. Un message diffusé sur les réseaux sociaux, via les hauts parleurs et adressé aux rédactions rappelle la situation, les mesures à prendre et les dispositifs en vigueur.
11h15, Le SDIS informe que la situation est sous-controle
Les axes routiers sont rouverts et les déviations levées progressivement.
Fin de l’exercice, c’est désormais le débriefing qui débute avec l’étude minutieuse des mains courantes complétées, minute par minute durant l’exercice. Un retour d’expérience nécessaire pour être opérationnel le jour J.
Stéphane Roig et l’ingénieur en charge de la mise en place du PCS sont les responsables du scénario réalisé ce Mardi 10 avril. « L’objectif est de tester notre organisation autant en cellule de coordination que sur le terrain ». Car, oui, sur le terrain, notamment les écoles et lycées ont joué le jeu. Pour la direction des opérations, c’était Chantal Bruzi qui suppléait le Maire, or en situation réelle c’est bien Jean Marc Pujol qui serait aux commandes. En effet, la mairie est en charge « de sauvegarder, d’accueillir, d’évacuer ou de confiner la population et de mettre toutes les mesures en places pour informer la population de la situation et des mesures d’urgence à prendre ».
Selon l’ingénieur, les participants ont bien joué le jeu, les procédures ont été respectées malgré un scénario surprise et totalement inédit mais néanmoins plausible et « réaliste ». L’effet surprise lié à un accident est une contrainte supplémentaire, à l’inverse d’une inondation qui permet une anticipation et une mobilisation des moyens nécessaires.
*EHPAD : Établissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.
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