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Métiers du médico-social en tension : Un salon à Perpignan pour renouer avec l’attractivité du secteur

Métiers du médico-social en tension : Un salon à Perpignan pour renouer avec l'attractivité du secteur

Ce jeudi 5 juin 2025, les métiers du soin, de l’accompagnement et du médico-social étaient à l’honneur lors d’un salon organisé au Parc des Expositions de Perpignan. Plus de 40 employeurs étaient présents pour faire découvrir leurs métiers et informer les visiteurs sur les formations existantes et les opportunités d’embauche dans les Pyrénées-Orientales. Un rendez-vous pour les jeunes, les étudiants, les demandeurs d’emploi et les personnes en reconversion. Article écrit en collaboration avec Élise Cabane.

Comment se porte le secteur du médico-social, qui fait face à des difficultés de recrutement et de fidélisation ? Aides-soignants, assistants de vie, aides à domicile, et autres professions en tension livrent leurs difficultés.

Une crise d’attractivité pour les métiers du médico-social

Catherine représente le groupe Léo Lagrange. « Nous proposons une formation dans le sanitaire et le social, dédiée aux auxiliaires de vie à domicile », nous explique-t-elle. Si la profession recrute, « les horaires mouvants et le nombre important de déplacements en voiture peuvent freiner l’embauche. » Ce métier souffre aussi d’un manque de reconnaissance, « on a encore la vision de l’aide ménagère, alors que c’est beaucoup plus que ça ! Pour des personnes isolées, malades ou en situation de handicap, la présence de ces professionnels est essentielle. »

Karine est conseillère en orientation professionnelle sectorielle. « Iperia est une plateforme de professionnalisation dédiée aux salariés du secteur de l’emploi à domicile, comme les assistants de vie. » La mission de Karine est de fidéliser les salariés du secteur. « Effectivement, nous avons un besoin qui croît d’année en année pour le maintien à domicile », constate la professionnelle. « Il y a un gros besoin de recrutement. » Quelques stands plus loin, une professionnelle de France emploi domicile confirme : « d’ici 2030, la moitié des assistants de vie partiront à la retraite. »

Aurélie, responsable d’équipe à France Travail Perpignan-Polygone, affirme : « c’est une filière sur laquelle on a du mal à recruter. » Dans les Pyrénées-Orientales particulièrement, le vieillissement de la population accentue cette problématique. Selon l’Agence Régionale de Santé (ARS), 26 % des 485 000 habitants du département ont aujourd’hui plus de 65 ans. Un chiffre qui pourrait atteindre 36 % d’ici 2040. Cette dynamique ne fait qu’augmenter le besoin en soins.

Concernant les futurs salariés qui pourraient rentrer dans le secteur, « on voit qu’il y a de plus en plus d’intérêt pour ces métiers tournés vers l’humain », assure Karine. « Les personnes en reconversion ont besoin de trouver un sens à leur travail, des valeurs à partager. »

Comment expliquer que le secteur peine à recruter ?

Du côté des jeunes, les formations en santé figurent parmi les plus plébiscitées sur Parcoursup. Pour Thomas, chargé de mission chez Sens’Action, un organisme d’orientation vers les métiers du médico-social, les personnes intéressées par ces métiers arrivent avec une première appétence, « ce sont des jeunes qui ont envie d’aider ». Toutefois, cette vocation se heurte souvent à une réalité plus dure. Travailler les week-ends, les jours fériés avec un manque de valorisation salariale ou de reconnaissance…

Pour le responsable de Sens’action, le secteur a mis trop de temps à prendre en compte les besoins des salariés. « Il y a beaucoup de gens qui ont quitté le secteur. On est mal payés, les structures étaient trop vieillissantes, les conditions pas assez flexibles. Mais tout ceci est en train de changer », reconnaît-il. « Changer des idées, reçues, c’est un travail de longue haleine mais ça fonctionne. Chaque job dating attire un peu plus de monde que le précédent », se réjouit la responsable d’équipe à France Travail.

Une formatrice du CFA Skool n’ Job souligne l’écart entre l’envie initiale des jeunes et la réalité qu’ils découvrent. « Pour entrer en formation, on demande à nos candidats d’avoir déjà fait un stage. Il faut qu’ils aient confronté leur projet à la réalité, qu’ils sachent ce que cela implique, y compris dans leur vie personnelle », souligne-t-elle.

« Le principal moteur de mon personnel, c’est l’humain »

L’association Vivre ensemble en Salanque accompagne près de 400 personnes âgées. « Il y a toujours eu une tension sur le secteur de l’aide à domicile au niveau du recrutement », nous explique Sébastien. « Nous sommes des humains qui travaillons pour des humains. S’il n’y a pas de relation qui s’installe, il ne peut pas y avoir d’action ou d’activité. » Pour Sébastien, il est essentiel de casser les clichés, on ne se dirige pas vers le secteur de l’aide à domicile « par dépit ». « Cela peut devenir un métier épuisant si la seule motivation que l’on a est celle de remplir le frigo. Le principal moteur de mon personnel, c’est l’humain. »

« Au-delà de la bienveillance, on va avoir aussi une mission de surveillance. Les aides à domicile passent beaucoup de temps chez les personnes auprès desquelles elles interviennent, elles se rendent compte de leur évolution. » Ces professionnels sont amenés à alerter les services médicaux ou de tutelle en cas de problème. Lorsqu’une personne âgée se trouve dans une situation sociale ou sanitaire fortement dégradée, « la seule issue reste l’EHPAD ou le service fermé, alors qu’on sait pertinemment que ces personnes-là ont plutôt envie de rester à leur domicile le plus longtemps possible. »

La prochaine mission de l’association sera de mobiliser les acteurs permettant l’adaptation du domicile. « C’est aussi mobiliser des acteurs qui vont pouvoir faire un accompagnement sur l’état physique de la personne. Essayer d’avoir une action beaucoup plus globale pour retarder au maximum le vieillissement de la personne, la garder dans un état d’alerte », souligne Sébastien.

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