Aller au contenu

Observer, compter, protéger : Mobilisation citoyenne pour les oiseaux des Pyrénées-Orientales

Observer, compter, protéger : Mobilisation citoyenne pour les oiseaux des Pyrénées-Orientales

Chaque hiver, l’Observatoire des oiseaux des jardins invite les citoyens à recenser les oiseaux observés près de chez eux, grâce à un dispositif de sciences participatives piloté par la Ligue pour la Protection des Oiseaux des Pyrénées-Orientales (LPO66), l’équipe Vigie-Nature du Muséum national d’Histoire naturelle et l’Office français de la biodiversité (OFB).

À l’approche du comptage hivernal prévu le week-end du 25 janvier, Rossano Pulpito, président de la LPO66, revient sur l’importance de cette initiative pour suivre les populations d’oiseaux dans le département et sensibiliser à la préservation de leur habitat.

Compter les oiseaux : Quoi, où, comment ?

« Il y a un protocole », explique Rossano Pulpito. « On compte pendant une heure, on note les oiseaux dans le rayon où l’on se trouve, dans son jardin, dans un parc, même les gens qui ont un balcon en ville peuvent participer ! »

Les compteurs et compteuses sont ensuite invités à partager leurs observations sur le site oiseauxdesjardins.fr. Si des espèces comme le Moineau domestique, la Mésange bleue, la Mésange charbonnière, le Rougegorge familier ou le Merle noir occupent généralement les premières places des oiseaux les plus observés en hiver, des découvertes inattendues restent possibles. Le deuxième comptage de l’année se tiendra au printemps.

« On peut le prendre comme un jeu, en participant en famille, avec les enfants. C’est à la portée de tous, les oiseaux sont facilement reconnaissables », rappelle Rossano Pulpito. Sur le site internet, de nombreuses fiches permettent aux plus novices de distinguer les différentes espèces.

« Il ne suffit pas de se lamenter sur la disparition des oiseaux. Il faut aussi regarder dans son propre jardin ce qu’on peut faire pour les accueillir »

Les données collectées permettent aux scientifiques de dégager des grandes tendances en termes de populations aviaires, et de leurs migrations, dans les Pyrénées-Orientales et à l’échelle nationale. Depuis le record du nombre d’observateurs en 2020 (« avec le confinement de la Covid, les gens étaient chez eux, ils avaient beaucoup de temps libre ! »), où plus de 40.000 observateurs avaient participé au comptage national, leur nombre est en baisse, avec seulement 17 033 compteurs en janvier 2024. Dans le département, « on espère atteindre 100 observateurs », le double de l’année dernière.

Observer, compter, protéger : Mobilisation citoyenne pour les oiseaux des Pyrénées-Orientales

« Pourquoi faire ces comptages ? D’abord, c’est toujours une émotion de découvrir des oiseaux dans son jardin », reprend le président de LPO66. Mais il s’agit également d’une démarche de protection de la nature, explique-t-il. « S’il n’y a pas beaucoup d’oiseaux chez soi, il y a peut-être aussi des raisons. Est-ce que c’est suffisamment végétalisé ? Sinon, pas d’insectes, et donc pas d’oiseaux, pas de nidification possible. On le voit aujourd’hui, dans les lotissements. Il ne suffit pas de se lamenter sur la disparition des oiseaux. Il faut aussi regarder dans son propre jardin ce qu’on peut faire pour les accueillir », assène le militant. « Les nourrir l’hiver, leur mettre de l’eau à disposition en période de sécheresse … ».

Militer pour la science et la protection de la nature

Autre motivation possible : l’attrait pour la science participative. L’Observatoire des oiseaux des jardins est aujourd’hui le principal programme français de sciences participatives ouvert au grand public. « On pense que compter une dizaine d’oiseaux, ce n’est pas important, mais il faut réfléchir au niveau national : ça va faire partie de centaines de milliers de données qui vont s’accumuler. Chaque oiseau compté est intéressant pour comprendre les dynamiques des populations. Vous aidez les scientifiques et les ornithologues à travailler à la protection de la nature ».

Un engagement qui se traduit, chez LPO66, en actions militantes. Avec le Groupe Ornithologique du Roussillon (GOR), la ligue départementale organise des programmes de sensibilisation et d’éducation. Entre deux prises de parole publiques. « On prend des positions, parce que compter les oiseaux, ça ne suffit pas. Il faut préserver leurs habitats ». Parmi les menaces, les prédateurs – humain comme chats -, les collisions avec les vitres, « et maintenant on parle aussi des éoliennes », complète Rossano Pulpito. Mais surtout, « ce qui est plus insidieux : la bétonisation, l’artificialisation des terres ».

« Il y a des modifications migratoires dues au changement climatique », ajoute-t-il. « Il y a une huppe fasciée dans mon jardin, actuellement. Ce n’est pas normal, elle devrait être en Afrique ».

Et dans votre jardin, que faire si vous trouvez un oiseau blessé ?

L’association La Charbonnière prodigue soins et conseils téléphoniques en cas de rencontre avec un animal blessé. Seul problème : L’association est à Villeveyrac, à plus d’une heure et demie de voiture, un délai qui signifie parfois la mort de l’animal. Le centre, souvent saturé, est obligé de recommander le tri. « Malheureusement, il faut que l’oiseau ait une importance au niveau patrimonial pour qu’on puisse le prendre en charge », regrette Rossano Pulpito. « On va aider un faucon ou un vautour, plutôt qu’un moineau ». La meilleure solution d’après Rossano, c’est d’appeler et de laisser un message. Au bout du fil, les bénévoles décideront s’ils doivent se déplacer pour venir récupérer l’oiseau, ou rappeler pour donner des conseils. Contactez-les au 07 66 79 23 07.

Participez au choix des thèmes sur Made In Perpignan

Envie de lire d'autres articles de ce genre ?

Comme vous avez apprécié cet article ...

Partagez le avec vos connaissances