Article mis à jour le 25 novembre 2019 à 09:46
Femmes et hommes se sont mobilisés à Perpignan pour dire « Stop aux féminicides ». Les hommes aussi se sont joints au mouvement à l’image de Jean-Paul 43 ans.
« À chaque fois que l’on tue un être humain, on me tue un peu moi aussi ». Comme Jean-Paul, plusieurs centaines de personnes ont défilé de la gare à la place de la République. « En haut le féminisme, à bas le machisme » ou encore « Le machisme tue » ont-ils scandé durant le parcours. Les manifestants ont répondu à l’appel national du collectif Nous Toutes. Localement, de nombreuses associations se sont mobilisées, et, parmi elles, le Jove Moviment Feminista de Perpinyà*. Cette dernière a mis en scène les féminicides de Catalogne nord, avant de lancer : « Visca, visca, la lluita feminista** ».
Après le grenelle des violences conjugales et avant les annonces gouvernementales, les associations réclament plus de moyens contre ce fléau. Formation des policiers, gendarmes ou juges, soutien aux associations, moyens de protection des victimes, les figures de proue du féminisme réclament un véritable « plan Marshall ». Pour les militantes, ce sont entre 500 millions et 1 milliard d’euros qui manquent pour faire enfin reculer les féminicides. Pour rappel, depuis le 1er janvier 2019, 137 femmes*** sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint. Un chiffre en nette hausse par rapport à 2018.
♦ Un rapport qui pointe les manquements en terme de prise en charge
Aurélia, Cathy, Marilyne, Bernadette, Celine, Leila ou Melissa…
Deux tiers de ces femmes avaient déjà subi des violences conjugales avant de mourir. Et 65% d’entre elles l’avaient même signalé à la police ou à la gendarmerie.
Alors que depuis de nombreuses années, les femmes le disent, les associations le crient. « J’ai voulu porter plainte, mais on ne m’a proposé qu’une main courante » ou encore « je suis allée voir la police, mais ma plainte a été classée sans suite ».
Il a fallu attendre le rapport de 36 pages sur les homicides conjugaux établit par l’Inspection générale de la Justice.
Un rapport qui ne fait que confirmer ce que disaient les victimes ou leurs proches. Un rapport accablant pour la chaîne police/justice quand il s’agit de violences conjugales.
Sur 88 homicides analysés par le rapport, 85% des auteurs sont des hommes, 83% des victimes sont des femmes. 80% des plaintes transmises au parquet ont été classées sans suite.
Dans près d’un cas sur deux, la main courante ou son équivalent en gendarmerie est utilisée malgré une directive diffusée depuis 2013.
Le rapport remis à la ministre de la Justice met en lumière certains facteurs de risque dont le simple fait d’être une femme ou encore de décider de se séparer de son compagnon.
♦ M6 s’engage contre les féminicides
La chaîne, regardée par 60% de femmes, organise une journée spéciale au lendemain de la marche #NousToutes, le 24 novembre. Une série de documentaires seront diffusés tout au long de la journée.
« M6 voue une place particulière à ce sujet et affirme que le rôle de la télé est de porter des causes pour faire bouger les choses. La France est le pays d’Europe le plus touché par les violences conjugales ».
Les équipes de « Zone interdite » ont suivi le parcours judiciaire de victimes de violences conjugales pour réaliser un documentaire en immersion, au sein des tribunaux de Lille et Besançon. Parmi les victimes, Aurélie, qui a accepté de témoigner à visage découvert. Elle affirme que « le plus dur c’est de prouver qu’on est victime ».
Point d’orgue de cette journée, le magazine « Enquête exclusive » reviendra sur le meurtre de Marie Trintignant par Bertrand Cantat, diffusant les auditions de ce dernier.
La chaîne Téva, la chaîne des femmes, consacrera une semaine entière à cette cause. Un documentaire reviendra notamment sur Julie Douib, tuée le 3 mars 2019, la 30e victime de l’année. Elle avait porté plainte 6 fois pour dénoncer les violences qu’elle subissait.
* Jeune mouvement féministe de Perpignan
** Vive la lutte féministe
*** Compteur tenu à jour par le collectif « Nous Toutes »
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