Article mis à jour le 10 mai 2019 à 10:21
L’adjoint de Jean-Marc Pujol, qui s’est officiellement lancé dans la course aux municipales, a reçu une lettre recommandée du maire lui signifiant le retrait de l’ensemble de ses délégations. Celui qui est également cadre de la fédération locale du parti Les Républicains, se dit « choqué ». Et il n’a pas manqué d’informer le siège national du parti d’une situation qu’il considère comme « grave et scandaleuse ». Malgré le manque de soutien affiché par ses collèges au sein de la majorité, il ne démissionnera pas de son poste d’adjoint, ce qui de facto entraînera un vote lors du prochain conseil municipal*.
♦ Retour sur le parcours d’Olivier Amiel
Élu municipal en 2009 sur une liste de gauche, Olivier Amiel rappelle** que son premier parti était le Rassemblement Pour la République (RPR fondé par Jacques Chirac). C’est en 2007, lors du rapprochement du RPR avec les Centristes de l’Union pour la Démocratie Française (UDF), que le jeune militant a fait le choix de rendre sa carte à Danielle Pagès, alors responsable locale du parti. Pour justifier son parcours et son rapprochement avec Jean-Pierre Chevènement longtemps membre du Parti socialiste, Olivier Amiel insiste sur ses valeurs de « gaulliste social, le républicanisme, la souveraineté nationale, la sécurité ». Des valeurs, qui l’assure-t-il, ont toujours porté son engagement politique.
♦ Olivier Amiel ne veut pas « sortir de la cuisine » … politique
Particulièrement féru de culture américaine, Olivier Amiel, avocat en suspens de la profession pour se consacrer à son travail municipal, n’a pas hésité à paraphraser le 33ème président des USA :
« Si tu ne supportes pas la chaleur, sors de la cuisine ». Le chargé à la rénovation urbaine demande à « ceux qui s’excitent et qui paniquent de se calmer ou de sortir de la cuisine ». Car assume-t-il, lui « n’a pas peur de la chaleur » et ne compte pas sortir du jeu politique. Voire, pour reprendre le parallèle culinaire, de la tambouille politicienne.
Il se dit « choqué qu’un maire, membre des Républicains, puisse retirer les délégations d’un cadre local des Républicains. Ce n’est pas normal, c’est grave et scandaleux ». Olivier Amiel indiquait en avoir informé les militants, les membres du comité départemental et le siège national du parti, sans avoir eu de réponse pour le moment.
Il justifie son lancement de campagne par une volonté de défendre « une ligne claire et sans alliances contre nature (NDLR entendre avec le parti présidentiel En Marche), la même que celle défendue par Laurent Wauquiez ».
♦ Le 22 mai, Olivier Amiel veut qu’on lui dise « les yeux dans les yeux ce qu’il a mal fait »
Il ne veut pas « se défiler », et veut affronter le Conseil municipal du 22 mai, un conseil qui sauf sa démission devrait voter pour lui supprimer son poste d’adjoint.
« J’irai le 22 mai et je veux qu’on me dise les yeux dans les yeux ce que j’ai mal fait dans mes délégations, chargé de la politique de la ville, ou de la rénovation urbaine. Je veux voir avec mes collègues qu’est-ce qui peut mériter que l’on me retire mes délégations. Qu’est-ce que j’ai mal fait dans la lutte contre l’insalubrité ou les marchands de sommeil ? Le 22 mai, je veux savoir en quoi il y aurait une justification pour retirer mes délégations ».
♦ Une majorité municipale qui se resserre autour des fidèles du maire
De la liste élue en 2014 avec Jean-Marc Pujol, Brice Lafontaine, Romain Grau, Isabelle Marchesan de Noëll et Michel Pinell ont déjà quitté la majorité pour se rapprocher plus ou moins ouvertement de la majorité présidentielle. C’est désormais Olivier Amiel qui, pourtant fidèle à la ligne politique du même parti que Jean-Marc Pujol, fait les frais d’un durcissement du positionnement de ce dernier. Car en 2017, lors des élections législatives, des candidats, membres de la même majorité municipale, étaient en opposition frontale pour devenir députés.
C’était notamment le cas de Isabelle Marchesan de Noëll, suppléante de celui qui a remporté la première circonscription des Pyrénées-Orientales, et Christine Gavalda-Moulenat suppléante de Daniel Mach sur la même circonscription. Lors des sénatoriales, un scénario similaire s’est présenté avec la candidature sous les couleurs En Marche de Joëlle Anglade. Malgré cette candidature face à des candidats les Républicains, cette dernière ne s’est pas vu retirer ses délégations.
Depuis les législatives, les sénatoriales et à mesure que s’approche l’échéance de mars 2020, la stratégie de Jean-Marc Pujol semble s’être considérablement durci face à toute velléité de dissidence. Pressé par les membres de sa majorité qui veulent plus de clarté, la communication devient plus ferme. Pour rappel, le communiqué de presse adressé le lundi de Pâques par le premier adjoint Pierre Parrat qui accusait Olivier Amiel de vouloir “satisfaire ses aspirations personnelles”.
♦ Nota Bene
*Pour information, le Maire a tout pouvoir pour supprimer les délégations d’un adjoint, mais il est nécessaire de procéder à un vote du Conseil municipal pour qu’il ne soit plus adjoint. À ce jour Olivier Amiel est donc 4ème adjoint au maire sans aucune délégation.
** En 2009, Olivier Amiel est élu dans l’opposition aux côtés de sa tante Jacqueline Amiel-Donat, alors membre du Parti socialiste. Pour mémoire, Jacqueline Amiel-Donat, enseignante de droit à l’Université de Perpignan est aussi une des plus virulentes opposantes au sein de l’établissement de son futur ex-président, Fabrice Lorente.
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