Article mis à jour le 13 décembre 2023 à 12:14
Vendredi dernier, le Musée Rigaud ouvrait, « secrètement », ses portes et nous avons eu le privilège d’assister au dévoilement de « Pomona », la statue de Maillol qui orne l’entrée du futur Grand Rigaud et qui dès le 24 juin prochain souhaitera la bienvenue à tous les passionnés d’art.
L’architecte Stéphane Barbotin-Larrieu et Claire Muchir, la directrice du Musée, accompagnés de Jean Marc Pujol et Michel Pinell, adjoint à la culture, ont joué les guides dans ce Musée d’exception implanté en plein cœur de la ville de Perpignan.
Le défi du Musée en coeur de ville
Deux ans ont été nécessaires pour fusionner les hôtels de Mailly et de Lazerme, datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Pour la première fois depuis plus de deux siècles, on pourra ainsi découvrir dans un même mouvement ces deux bâtiments, rejoignant ici la légende d’un passage secret qui aurait, à la fin du XVIIIe siècle, favorisé les amours prétendus du maréchal de Mailly et de la marquise de Lazerme.
Un chantier d’ampleur qui entre l’agrandissement et la rénovation a nécessité un budget de plus de 8 millions d’euros. « Un choix politique, le choix du centre ville, un investissement de la ville dans le coeur de ville » rappelait Jean Marc Pujol, en précisant : « chacun sait que les centres villes souffrent et nous avons fait le choix d’investir dans la ville, malgré de nombreuses propositions pour faire un musée à l’extérieur. La ville de Perpignan a investi 50 millions d’euros avec les 3 sites en centre ville, le retour de l’ancienne université, le conservatoire à rayonnement régional et le musée Rigaud ».
Stéphane Barbotin-Larrieu – Michel Pinell – Claire Muchir – Jean Marc Pujol
Le premier niveau du musée offre 800M2 de surface d’expositions destinés à l’exposition permanente. Un jardin suspendu de 251 M2, ouvre une liaison entre les deux hôtels particuliers qui ont chacun conservé des caractéristiques différentes. Le second niveau est destiné à accueillir les expositions temporaires dont l’exposition inaugurale, « Picasso-Perpignan. Le cercle de l’intime ».
Dévoilement de « Pomona vêtue » bronze de Maillol (1921)
Un grand moment d’émotion que d’assister au dévoilement d’une oeuvre de cette ampleur, par un artiste dont les statues permettent la découverte de la ville de Perpignan. Du patio de la Mairie qui accueille « La Méditerranée » en passant par sa « Vénus » qui veille sur les passants Place de la Loge, jusqu’aux allées Maillol surplombées par la baigneuse drapée, Aristide Maillol est sans conteste l’artiste le plus proche des perpignanais.
Ses sculptures aux formes caractéristiques sont reconnaissables par leurs rondeurs et leurs volumes lisses. Le sculpteur a choisi de représenter Pomone, cette nymphe remarquable par sa beauté a plusieurs reprises. La version nue de cette divinité des fruits par le sculpteur a trouvé sa place dans les jardins des tuileries de Paris, un lieu fort à propos, quand on connaît la préférence de la nymphe pour les jardins soigneusement entretenus.
Le triptyque : Maillol-Rigaud-Picasso
Mais aussi, Dufy, Miro, Matisse, sans oublier Dali, autant d’artistes qui ont séjourné, créé, voire façonné le territoire catalan. Le Musée Rigaud né de la réunion de bâtiments d’époques différentes s’attache à mêler en son sein des artistes de mouvements, d’histoire ou de périodes variées, comme un pied de nez à l’uniformisation des styles, des cultures ou des nations. Michel Pinell interrogé au sujet de la multiplicité des artistes réunis dans le musée confiait : « Un musée doit raconter une Histoire, et ce que nous souhaitons c’est qu’il racontent la notre, et que les perpignanais soient fiers de leur musée, de leur Histoire ! ».
Exposition inaugurale « Picasso-Perpignan. Le cercle de l’intime »
Dès son ouverture le musée accueillera une exposition temporaire : « Picasso – Perpignan, Le cercle de l’intime, 1953-1955 » (25 juin – 5 novembre 2017) révélant l’influence des séjours perpignanais sur l’œuvre du maître espagnol et donnant à voir des facettes intimes, encore inédites ou peu traitées du célèbre artiste.
Perpignan de part son positionnement frontalier est devenue une terre de villégiature pour de nombreux artistes. Dans ce contexte, Jacques et Paule de Lazerme vont faire de leur hôtel particulier le lieu de rendez-vous d’une intelligentsia cosmopolite et notamment avec la rencontre avec Pablo Picasso qui séjourne à plusieurs reprises au 16 rue de l’Ange, entre 1953 et 1955. Une période charnière pour le peintre, durant laquelle son épouse Françoise le quitte, et il rencontre Jacqueline Roque, qui sera la dernière femme et égérie de sa vie.
Crédit images Arnaud Rizon Photos et Stéphane Ferrer Yulanti
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