Article mis à jour le 11 janvier 2023 à 11:09
Après plus de 90 accidents de chasse, dont 8 mortels en 2020, le gouvernement a dévoilé ce 9 janvier son nouveau plan de sécurité à la chasse. Parmi les 14 mesures annoncées, l’interdiction de la chasse sous l’emprise d’alcool, le renforcement de la formation ou le lancement d’une application de recensement des zones chassées. Mais la secrétaire d’État en charge du dossier exclut l’interdiction de chasse le dimanche.
Qualifiées de «mesurettes» par la Ligue de Protection des Oiseaux et les associations de défense des animaux, le Président des chasseurs des Pyrénées-Orientales rétorque : «les associations d’usagers de la nature sont conscientes de la nécessité d’un rapprochement entre eux et nous. Ceux qui disent que ce sont des «mesurettes» sont des anti-chasse, des anti-tout avec lesquels on ne peut pas parler.»
Les Pyrénées-Orientales comptent 6.300 chasseurs
Jean-Pierre Sanson, président des chasseurs du département et depuis cette année de la fédération régionale, concède une baisse constante du nombre de chasseurs. En 2016, il y avait 8.200 chasseurs dans les Pyrénées-Orientales ; une baisse qui ne serait pas spécifique au département. «Même si depuis 2021, le nombre de chasseurs se stabilise. Nous avons une demande pour passer le permis de chasse bien supérieure aux autres années. Nous sommes peut-être à un palier. Et d’ailleurs dans certaines fédérations d’ailleurs, le nombre d’adhérents augmente.» Concernant les accidents de chasse, Jean-Pierre Sanson rappelle que le nombre d’accidents a été divisé par 5 malgré la multiplication par 20 des journées chassées.
Sur les mesures, le président des chasseurs du département se dit globalement satisfait et favorable aux mesures annoncées. «La mise en place de ce contrôle en matière d’alcoolémie nous satisfait totalement. Cela nous permettra de démontrer que les accidents de chasse ne sont pas liés à l’alcool ; c’est une stigmatisation faite aux chasseurs depuis le sketch des «Inconnus».
Le gouvernement a prévu la création d’une contravention pour sanctionner l’acte de chasse sous l’emprise excessive de l’alcool puis favorisera la création d’un délit par voie législative. Même si, précise Jean-Pierre Sanson, les contrôles seront réalisés par les autorités et non par les chefs de battues.
Le président des chasseurs catalans rappelle qu’outre le rôle de régulateur des animaux qui causent des dégâts aux agricultures, la chasse est aussi un secteur qui générerait plus de 3 milliards d’euros. «Il y a des lobbyistes donc pour défendre cette activité. Tout comme il y a en a pour défendre l’activité équestre ou chez les écologistes. Cela fait partie de notre temps.»
Une application numérique à partir d’octobre 2023
La secrétaire d’État Bérengère Couillard veut que les usagers de la nature soient mieux informés. «Pour cela, nous allons développer une application numérique dans laquelle les zones de chasse seront recensées. (…) Pour garantir son efficacité, la déclaration de chasses collectives sera obligatoire.» Jean-Pierre Sanson espère que cette application soit mise en place «en collaboration avec tous les utilisateurs de la nature. Il ne faut pas que ce soit quelque chose imposé, mais le résultat d’une consultation.»
Au contraire, du côté des associations, cette application est vue comme un gadget. «Déjà qu’ils ont du mal à poser correctement des panneaux «chasse en cours», on se demande bien comment une appli, avec tous les aléas que cela implique (possession d’un smartphone, réseau, etc) pourrait montrer son efficacité. Avec cet outil, les chasseurs se signaleraient aux promeneurs, les incitant à éviter les « bulles de danger » – en réalité des zones bien plus vastes qu’indiquées, au vu de la portée des armes – et à se diriger vers des zones sécurisées.»
Selon la LPO, le plan sécurité chasse «accouche de mesurettes»
Selon le président de la Ligue de Protection des Oiseaux, Allain Bougrain Dubourg, «l’abandon du dimanche sans chasse constitue un mépris inacceptable à l’égard des 80 % des Français qui attendent un cessez-le-feu.» Les associations WWF, One Voice ou La fondation Brigitte Bardot dénoncent également ce plan. «Alors que 4 Français sur 5 sont favorables au dimanche sans chasse, jour où l’on compte le plus grand nombre d’accidents liés à ce loisir, l’État préfère renforcer les intérêts d’une minorité dangereusement armée : l’appli-gadget permettant de signaler les chasses en cours est non seulement anti-démocratique, elle est aussi à l’avantage des chasseurs qui vont être confortés dans leur sentiment d’appropriation de la nature et de la biodiversité.»
Selon le communiqué de presse diffusé par les associations, tout dans ce plan sonne «faux» et accuse le gouvernement d’avoir cédé au lobby des chasseurs. «Contre l’écrasante majorité des Français favorables à l’arrêt de la chasse le dimanche à 78%, le lobby de la chasse propose des gadgets dérisoires et refuse toute évolution. Et que fait l’État ? Il écoute le lobby.»
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