Article mis à jour le 19 janvier 2023 à 17:32
Les choses s’accélèrent dans la lutte contre l’insécurité ; et notamment contre les trafics de stupéfiants. Le 23 septembre, c’est avec surprise que les habitants de cette cité sensible ont vu débarquer en nombre les forces de l’ordre. Une cinquantaine de policiers, tout corps confondus, le Préfet et le Procureur sont venus dans le cadre d’une opération qui vise « à lutter contre le trafic de stupéfiants et la circulation d’armes ».
Face à la presse, le Préfet Étienne Stoskopf et le Procureur, Jean-David Cavaillé, ont insisté sur le nombre d’opérations (139) menées depuis le début 2020.
♦ Bilan provisoire de l’opération « commando » au Champ de Mars
Le Procureur annonçait un bilan provisoire avant même la fin de l’opération. « Nous avons pu dresser 3 amendes forfaitaires délictuelles, et il y a deux interpellations en cours ». Généralisée depuis le 1er septembre, l’amende forfaitaire délictuelle sanctionne de 200€ l’usage de stupéfiants. Deux épiceries ont également dû être fermées, pour non-respect de la législation ; notamment en matière d’hygiène.
La commissaire Camille Berrier se disait satisfaite notamment de « l’effet de surprise » ; malgré les nombreux dispositifs mis en place par les dealers pour anticiper les interventions policières.
Parmi les forces en présence, plusieurs brigades cynophiles. Grâce à leur odorat, les chiens peuvent détecter les produits stupéfiants sur les dealers, ou trouver la cache des produits. Mais sur le terrain, les trafiquants usent de divers stratagèmes pour éviter l’action de ces auxiliaires de justice. C’est le cas de ces caches constituées d’un amoncellement de détritus (canettes, bouteilles cassées, papiers et autres ordures) de plus d’un mètre de profondeur et qui rendent l’action des chiens inopérante.
Des décharges d’ordures aménagées dans d’anciens locaux commerciaux éventrés. Des locaux que la mairie ferait mieux de détruire, confie un policier durant l’intervention. Cela faciliterait le travail des policiers et réduirait le nombre de caches sur le terrain. Questionnées sur la présence de l’important dispositif, plusieurs jeunes filles se disent étonnées par ce déploiement massif.
♦ « Je ne travaille pas sur la voyoucratie, mais contre des phénomènes délictuels »
Questionné à propos des récentes déclarations du maire Rassemblement National de Perpignan, le Procureur déclare : « Vous savez, nous n’avons pas attendu ces faits pour mettre en place des opérations ». Il s’agit d’un travail sur du long terme. L’objectif est « d’assécher l’économie souterraine. Si on ne fait que du deal ponctuel, on n’est pas efficace. Nous essayons de travailler sur toute la chaîne » insiste le procureur.
Avant de déclarer à propos des dealers qui rentrent le matin au tribunal et en ressortent le jour même. « Oui parfois, on a l’impression d’avoir une petite cuillère avec laquelle nous devons vider la mer. Mais il est hors de question de baisser les bras ».
Pour le Préfet, ces opérations à répétition commencent à porter leurs fruits. « Elles ont été accélérées depuis le début 2020 après constation d’un accroissement, de 6 à 19, des actes violents ». Si vous ajoutez à cela la généralisation de l’amende forfaitaire, les opérations de ce type sont de plus en plus efficaces selon le Préfet.
♦ Le procureur de Perpignan signataire de la tribune dans le journal Le Monde
Jean-David Cavaillé et 15 autres procureurs entendent contribuer au débat démocratique qui enfle sur la montée de l’insécurité. Pour les procureurs, « l’action de la justice pénale ne saurait échapper à un juste regard critique de celles et ceux au nom de qui elle est rendue ».
Les magistrats en appellent à sortir de l’opposition « stérile » entre laxisme et « tout carcéral ». Pour contredire le lieu commun d’une justice laxiste, les procureurs rappellent qu’avant le confinement, la France comptait un nombre historiquement élevé de détenus.
Le collectif interpelle le Ministère de l’Intérieur à propos d’une « procédure pénale qui se complexifie sans cesse » ; éloignant les policiers et les gendarmes de l’enquête au profit des missions de « police administrative ».
Les procureurs appellent également de leurs vœux une révision profonde des procédures de recouvrement des amendes. Le collectif cite un rapport sénatorial de 2019, qui précise que moins de la moitié des amendes sont actuellement recouvrées. « Les faiblesses structurelles en la matière empêchent d’étendre leur utilisation tout en encourageant les condamnés à la passivité et à l’attentisme ».
Le collectif propose également d’améliorer la probation et les peines alternatives à l’incarcération, de « meilleurs outils pour lutter contre la récidive« . Les procureurs demandent « le renforcement de l’efficacité et de l’évaluation des services pénitentiaires d’insertion et de probation« . Mais aussi la mise en place d’outils et de modes de prise en charge innovants pour lutter contre les addictions qui « ont fait leurs preuves dans d’autres pays » .
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