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Patients, médecins, hôpital de Perpignan, leurs témoignages de cette guerre contre le Coronavirus

Illustrations Coronavirus Covid-19 contrôle forces de l'ordre Perpignan France © Arnaud Le Vu / MiP / APM

Article mis à jour le 25 août 2022 à 18:56

À l’heure où le nombre de cas de Coronavirus augmente à Perpignan, tout commence ce dimanche matin par un contact téléphonique avec Catherine*. Cette quinquagénaire présente tous les symptômes depuis vendredi ; jour où elle a consulté au centre Covid-19. Un centre où elle aurait pu rencontrer le docteur Olivet, un médecin généraliste du centre-ville également en guerre contre la pandémie sur Youtube. Un combat aussi mené par l’hôpital de Perpignan qui refait un point sur le dispositif actuel avec vous.

Des mesures graduées et des consignes précises à suivre en cas de symptômes que nous rappelons dans cet article. Médecins traitants, centres dédiés au Covid-19, hôpital, qui appeler, où se rendre et quand ? Les réponses…

♦ Catherine – « Je me suis rendue au centre de l’ancien hôpital militaire dès le 20 mars »

Nous avons pu joindre Catherine* par téléphone ce dimanche matin. « Quand j’ai eu les premiers symptômes, toux, essoufflement, fièvre, j’ai appelé le numéro du centre dédié à Perpignan. Ils m’ont dit de venir, et j’ai été auscultée par un médecin. Il m’a dit que j’avais tous les symptômes de la maladie, mais je n’ai pas été testée. Je suis rentrée chez moi avec des consignes de confinement strict. »

« Cette nuit, j’ai très mal dormi ; avec désormais, les bronches prises. J’ai rappelé le centre ce dimanche matin ; et ils m’ont dit qu’on ne bougeait pas pour le moment vu les symptômes actuels. J’ai contacté une amie infirmière qui va voir ce que je peux faire de plus ».

Catherine a présenté les premiers signes exactement cinq jours après le premier tour des élections municipales. « Je suis très en colère par rapport à la tenue des élections. […] Parce que si, dans certains bureaux, mes amis me disaient que les mesures de précaution étaient appliquées, ce n’était pas du tout le cas dans le mien. Ni dans le bureau, ni dans les couloirs, et le virus a pu se propager aisément parmi les votants. »

♦ Des centres Covid-19 aux vidéos Youtube, le combat sanitaire des médecins de Perpignan

Pour rappel, les premiers symptômes du Coronavirus sont, selon les médecins, similaires à ceux de la grippe ; de type fièvre, toux, céphalées. Comme le rappelle le Docteur Olivet dans sa vidéo, « il s’agit d’une grippe un peu longue ; ce sont des malades qui ont mal à la tête, de la toux, de la fièvre, ou des difficultés respiratoires ». Le médecin généraliste a un cabinet avec le docteur Josa près des quartiers Saint-Jacques et Saint-Mathieu. Le docteur Olivet a enregistré une vidéo d’information à destination notamment de la communauté gitane de Perpignan. Avec son collègue, il fera partie des médecins généralistes du centre-ville à consulter au centre Covid-19 rue Zamenhof.

« Le virus est très implanté dans Perpignan et particulièrement dans votre quartier [Saint-Jacques]. Le confinement est nécessaire, il est absolument nécessaire » insiste le médecin. Le généraliste rappelle aussi la marche à suivre et les gestes barrière. « Il faut se laver les mains très souvent, entre 20 et 30 fois par jour ».

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♦ Bientôt 8 centres Covid-19 dédiés aux malades symptomatiques dans les Pyrénées-Orientales 

Dans une vidéo enregistrée ce dimanche, le préfet des Pyrénées-Orientales annonce l’ouverture de 4 nouveaux centres de consultation dès ce début de semaine ; portant le dispositif destiné à soulager la médecine de ville, à 8 centres sur l’ensemble du département.

Trois centres Covid-19 consultent dans le canton de Prades ; et celui de Perpignan est opérationnel depuis vendredi 20 mars. Dès le premier jour des consultations, les médecins du centre de Perpignan ont reçu 60 patients ; le samedi, ce chiffre avait déjà été atteint à la mi-journée.

L’objectif de ces centres est de recevoir les patients avec les signes du coronavirus sous sa forme légère. Le diagnostic se fait à l’aide d’un questionnaire d’évaluation par téléphone. En effet, les patients présentant des signes qualifiés de légers sont pris en charge par la médecine de ville. Mais afin que les cabinets puissent continuer leur activité médicale habituelle et compte tenu de la contagiosité élevée du Covid-19, il était nécessaire de mettre en place un parcours de soins dédié.

Le Préfet précise qu’un centre dédié Covid-19 va ouvrir à Céret et un autre à Argelès-sur-mer. Avec les 2 nouveaux qui devraient ouvrir prochainement à Perpignan, cela portera ainsi à 8 le nombre de centres Covid-19 dans Les Pyrénées-Orientales.

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♦ Comment savoir quel numéro de téléphone appeler pour le Covid-19 ?

Le secrétaire général de la préfecture a également enregistré une vidéo pédagogique ; une vidéo précisant  la marche à suivre et surtout les numéros à appeler.

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  • Sans symptômes, et en cas de besoin d’information, le numéro vert dédié est le 0.800.130.000.
  • En cas de symptômes, sans signe de gravité, il faut joindre son médecin traitant ou l’un des centres de soins dédiés au Coronavirus.
    • 3 centres à Perpignan / 0800.08.13.66
    • Céret /04.68.85.85.58
    • Saint-Paul-de-Fenouillet /04.11.63.00.10
    • Prades / 04.68.04.04.41
    • Font-Romeu /04.68.30.11.27
    • Les Angles / 04.68.04.42.32
    • Argeles-sur-mer /04.68.08.21.77
  • En cas d’essoufflement, de fièvre supérieure à 39 degrés ou de confusion, joindre le 15.

♦ Quels patients sont pris en charge à l‘hôpital de Perpignan pendant la crise du Covid-19 ?

Au-delà des signes de la grippe, les symptômes peuvent être plus graves et inquiétants chez certains patients. Nous avons échangé avec le responsable communication de l’hôpital de Perpignan, Mickael Taine. Il nous détaille le rôle du centre 15 et les différentes hypothèses.

Les médecins urgentistes peuvent décider de venir chercher la personne chez elle ; soit l’inviter à venir à l’hôpital pour se faire examiner dans un dispositif ambulatoire. Ce processus s’opère dans une tente médicale installée au sein de l’hôpital. Selon le diagnostic, la personne pourra retourner à son domicile avec un confinement strict ; soit être hospitalisée dans un service confiné et dédié aux patients affectés par la maladie. L’objectif étant de ne pas mélanger le flux de patients coronavirus avec les autres patients afin d’éviter une contamination sur des personnes déjà fragilisées par une autre pathologie précise, Mickael Taine.

Il cite un exemple : « Si je me suis tordu le poignet et que je dois venir aux urgences, je passe à cette tente. On va prendre ma température et me poser des questions. Et si je suis susceptible d’être porteur du Covid, je serai orienté pour la prise en charge de mon poignet ; mais sur un dispositif adapté. Si non, je passe par la filière normale où je ne pourrai pas rencontrer le virus. Ce serait dommage de venir pour un poignet cassé et de repartir avec un plâtre et un Covid en plus. L’hôpital continue à assurer ses missions premières ; car les gens continuent à avoir d’autres maladies, des arrêts cardiaques ou des accidents ».

♦ « L’hôpital de Perpignan est en capacité de réarmer d’autres services pour faire la continuité de la réanimation »

En cas de gravité, le communicant nous rappelle que le Samu fait admettre le patient en hospitalisation ; ou directement en service de réanimation.

« Notre service de réanimation, qui compte 24 lits, n’est pas plein. Aujourd’hui, nous sommes encore en capacité d’accueillir des patients en réanimation ; mais aussi en hospitalisation. L’hôpital, dans sa configuration actuelle est totalement en capacité d’accueillir des malades. Si demain, nous devions avoir un afflux plus important de malades, nous sommes en capacité de réarmer d’autres services pour faire la continuité de la réanimation ».

Interrogé sur un scénario qui s’aggraverait, le communicant nous précise qu’il serait également possible de réorienter des patients si nécessaire.

Au dernier décompte fourni par l’ARS le 22 mars, 68 patients Covid-19 étaient hospitalisés à Perpignan, dont 21 patients en service de réanimation. À noter que 3 personnes sont déjà sorties de la réanimation. Ce sont aussi des choses importantes à rappeler et qui font du bien au moral nous confirme Mickael Taine.

♦ Hôpital, cliniques, EHPAD, ou libéraux, et le moral des équipes soignantes face au Covid-19 ?

Depuis le début de la crise sanitaire liée au Coronavirus, et plus encore depuis le début du confinement généralisé, de nombreux témoignages de personnels soignants sont relayés par la presse ; ou spontanément publiés sur les réseaux sociaux.

À Perpignan, certains infirmiers sont fatigués par cette ambiance lourde durant leurs tournées. Un infirmier libéral nous déclarait vendredi : « Nous faisons des tournées plus courtes parce que nos patients se méfient de nous ; ils pensent que nous pouvons les contaminer. Et c’est vrai que nous sommes un formidable vecteur de contamination. Mais nous prenons toutes les précautions ; et du coup, les tournées s’allongent ».

À l’hôpital aussi, « les équipes sont plus que jamais mobilisées et motivées pour prendre en charge la population », nous confie le responsable communication de centre hospitalier. Des soignants que les habitants des Pyrénées-Orientales tentent de soulager au mieux. De la fabrication bénévole de masques par des entreprises locales pour les EHPAD, SSR, IME, aux hôtels mis à disposition pour leur repos, en passant par la garde des enfants, de nombreux citoyens s’engagent à leur côté dans ce combat.

♦ Une mobilisation exceptionnelle pour porter secours à l’insouciance des habitants ?

Selon l’hôpital, le cri du cœur des soignants est « aidez-nous à vous aider et privez-vous des frayeurs qui vont avec ». Certes, la situation est difficile parce qu’elle exige une réorganisation, des protocoles , des services et tout cela dans un temps record. Mais, pour celui qui rapporte la parole des soignants, le plus difficile est de voir sur les réseaux sociaux des gens sortir, pique-niquer entre amis..

« Ils tiendront le coup évidemment, d’autant qu’il y a beaucoup d’entraide, de solidarité et de cohésion. Mais, pour eux, il est incompréhensible de voir des cas comme celui d’une personne qui vient se faire dépister du Coronavirus parce qu’il est essoufflé après avoir passé une journée à pique-niquer avec les copains« .

Pour tenter d’endiguer ces comportements insouciants, le préfet a décrété le couvre-feu sur Perpignan de 20h à 6h du matin depuis le 21 mars. Une mesure renforcée par le déploiement sur le terrain de nombreuses forces de l’ordre. Pour la nuit du 21 au 22 mars, 46 contraventions ont été dressées.

Pour se préparer à une montée en puissance de la crise sanitaire, l’hôpital a reporté toute intervention non urgente ; et ainsi mis en repos forcé du personnel soignant. Le même personnel qui serait mobilisé en cas de renforcement de la crise sanitaire. Les bonnes volontés sont également de mise dans cette situation inédite. C’est notamment le cas des élèves infirmiers qui se sont portés volontaires après la fermeture de leur centre de formation.

♦ Le cas de l’hôpital de Mulhouse – « Des choix éthiques compliqués » qu’il ne faut pas extrapoler

Nos confrères de Ouest-France ont consulté une visioconférence avec 600 médecins urgentistes dédiée au Covid-19. Le silence s’est fait quand le docteur Marc Noizet qui dirige les urgences de l’hôpital de Mulhouse y déclare « au-delà de 75 ans, avec ou sans comorbidité, on n’intube plus ». 

Patrick Goldstein, du CHU de Lille de reprendre la parole après ces mots lourds de sens : «Je comprends les choix dramatiques auxquels nos collègues sont soumis. Mais sur cette partie éthique, il faut être extrêmement prudent. On ne peut pas considérer que cela peut être extrapolé à l’ensemble de notre territoire national. La situation de Mulhouse, c’est plus proche de ce qui a été vécu en Italie que dans l’Oise. C’est une décision adaptée à la situation de Mulhouse. ».

♦ L’article de Mediapart sur le document interne de l’hôpital de Perpignan

Dans un article de Médiapart, un soignant de réanimation témoigne sur la situation à Perpignan ; se basant notamment sur la lecture du plan blanc présenté aux soignants. « On est conscient qu’on va arriver à cette phase de tri. On sait que ça va être difficile. L’un de nos médecins est en contact avec un médecin d’Italie qui l’a prévenu : ils entassent les corps dans les églises, c’est une hécatombe, il faut qu’on se prépare. En temps normal, on a déjà des critères : des patients considérés comme non réanimables, à partir d’un certain âge, on n’est plus admis en réanimation, etc. Mais faire un tri à partir de 70 ans, comme ce serait le cas actuellement à Mulhouse, ça, on ne connaît pas. C’est le baptême du feu. Actuellement, tous nos patients Covid de plus de 80 ans entrés en réanimation sont décédés. »

Interrogé sur cet article, le responsable de la communication de Perpignan rétorque : « Nous allons préparer une réponse à cela. Il y a un document interne qui est sorti, il s’agit d’un document médical. Il n’a pas été vulgarisé, il est technique et s’appuie sur des études. Sorti comme cela, on peut comprendre que ce soit compliqué et difficile à intégrer pour quelqu’un qui ne serait pas médecin ».

*Prénom modifié pour respecter le secret médical.
*Comorbité : Facteurs aggravant l’effet du virus : tel que diabète, obésité, insuffisance rénale…

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Maïté Torres