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Près de Perpignan, grâce à une action en justice, ces déchets refont surface

Près de Perpignan, grâce à une action en justice, ces déchets refont surface

Ce mercredi 13 novembre 2024, derrière la chapelle Notre Dame de la Salut, à Pia, se joue une scène peu banale. En présence de la gendarmerie, de la police de l’environnement, du maire et d’un huissier, un engin de chantier retourne la terre à la recherche de détritus. Depuis 2022, la mairie est visée par une plainte pour abandon de déchets.

Ironie du sort, cette opération d’envergure est menée cinq jours seulement après la décision du maire (LR) visant à durcir la sanction pour les coupables de dépôts sauvages. Le 8 novembre dernier, le conseil municipal votait pour passer l’amende à 2 000 euros pour les particuliers et 10 000 euros pour les professionnels, contre 135 euros. Une facture salée, que Jérôme Palmade espère dissuasive.

La mairie de Pia accusée d’enfouir des déchets 

Autrefois, sur le terrain de deux hectares accolé à l’église et aux jardins familiaux, l’ancienne municipalité enfouissait de manière tacite tout type de déchets. Au moment de son élection en 2020, le préfet avait demandé au maire fraîchement élu de faire cesser cette pratique. Pourtant en 2022, des administrés affirment avoir vu les agents municipaux ensevelir des détritus. Une plainte a même été déposée contre la mairie.

« C’est suite à ces dénonciations que nous sommes-là aujourd’hui », nous explique Jérôme Palmade. « La gendarmerie est présente pour faire un sondage sur le terrain. » Déterminées à faire toute la lumière sur cette affaire, les forces de l’ordre ont également sollicité un témoin pour guider les recherches sur place.

PROCEDURE JUDICIAIRE DECHETS ENFOUIS PIA

Sous le mandat de Jérôme Palmade, la parcelle agricole serait employée pour entreposer des déchets verts uniquement. Un grand trou a été creusé pour accueillir les troncs d’arbres destinés à l’écobuage. Selon l’élu, certains indélicats en auraient profité pour se délester de leurs déchets. En effet, le terrain situé en zone inondable ne peut être clôturé. « Si des déchets de construction ont été enterrés avec les troncs d’arbres, ce n’est aucunement la responsabilité de la municipalité », assure l’édile.

Pneus, matelas en mousse et matériel agricole déversés en pleine nature

Photos à l’appui, le témoin affirme avoir trouvé sur le terrain des déchets de démolition, du plastique, des pneus, de la ferraille et même les restes d’une salle de bains… Seulement voilà, depuis 9h ce matin, aucun déchet n’a encore été déterré. Et le maire ne lésine pas sur les moyens. Au bout de 20 minutes de fouille, la décision est prise de dépêcher un deuxième engin sur place, afin de passer au crible une plus grande surface. « Si on trouve autre chose que des troncs d’arbres, ces déchets seront placés sous scellés le temps de la procédure judiciaire et nous les ferons analyser », affirme Jérôme Palmade. Le but étant de déterminer leur ancienneté.

Après une matinée de recherches, un caddie est retrouvé enfoui à trois mètres de profondeur. Un peu plus loin, dans une zone où il ne devait y avoir que des végétaux, des pneus sont déterrés. Selon nos informations, un matelas a également été exhumé. Pour le témoin, il n’y a aucun doute, ces déchets ne datent pas de l’ancienne municipalité. Dans les prochains jours, le terrain appartenant à la maire devra être nettoyé, l’huissier de justice et les gendarmes devront constater qu’il n’y a plus rien dans les trous avant que ceux-ci ne soient rebouchés.

PROCEDURE JUDICIAIRE DECHETS ENFOUIS PIA

« Nous avons déterré des troncs d’arbres que nous avions déjà signalés à la gendarmerie. Ainsi que du matériel agricole, comme des tuyaux d’arrosage pour faire du goutte à goutte ou du géotextile », assure le maire, qui espère bien prouver que ces déchets en tout genre étaient là bien avant son arrivée. Sans s’épancher sur le sujet, l’élu affirme que l’huissier a réalisé cinq scellés sur la ferraille, les tuyaux et la mousse.

Les dépôts sauvages, un phénomène en croissance dans les Pyrénées-Orientales

« Plutôt que de se rendre à la déchetterie située à 300 mètres, certaines personnes mal intentionnées préfèrent jeter leur détritus dans ces trous, destinés à valoriser les déchets verts », dénonce un gendarme. Même scénario à Saint-Estève, où une véritable décharge à ciel ouvert s’est érigée à deux pas de la déchetterie.

« Le propriétaire du terrain n’est pas de la région », révèle le militaire. Une procédure est en cours pour identifier les auteurs, nous confirme Robert Vila, maire de Saint-Estève. Si sa clôture a été abaissée par les indélicats, c’est à la charge du propriétaire de remettre en état son terrain.

« À Pia, nous avons une brigade verte qui tourne pour ramasser les déchets », souligne Jerôme Palmade. « Mais plus nous ramassons, plus les gens jettent, c’est contreproductif ! », s’indigne l’élu. « Nous sommes passés d’un camion de ramassage par jour, à un camion par heure. » Un phénomène massif et en croissance perpétuelle dans le département.

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Célia Lespinasse