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À Perpignan, que va devenir l’hôtel La Cigale au cœur des polémiques ?

À Perpignan, que va devenir l'hôtel La Cigale au cœur des polémiques ?

Article mis à jour le 27 septembre 2024 à 11:10

Ce mercredi 25 septembre 2024, une réunion d’information sur le devenir du poste de police La Cigale se tenait dans la salle des Libertés à Perpignan. Le maire (RN) Louis Aliot faisait face à une centaine de riverains du centre historique, majoritairement partisans du projet de la ville.

La « Cigale » ne cesse de créer des polémiques. Depuis 2019, le Département et la mairie de Perpignan se disputent l’ancien hôtel-restaurant situé à deux pas de Saint-Jacques, un des quartiers les plus pauvres de France. Installé au rez-de-chaussée, le poste de police voulu par Louis Aliot fut inauguré en 2022. Le poste est tenu par 14 agents, affectés du lundi au vendredi, de 9 heures à 17 heures. La mairie avait aussi pour projet de dédier une partie des murs à l’accueil des femmes victimes de violences.

Un centre d’accueil pour mineurs non-accompagnés et un centre de santé à la Cigale

De son côté, le Département défend depuis de nombreuses années l’implantation d’un centre d’accueil pour mineurs. Dans ce quartier où les besoins en matière sociale sont importants, le Département plébiscite également l’installation d’un centre de santé public. Aujourd’hui pour les habitants, la seule question qui compte, c’est l’avenir de la Cigale.

Louis Aliot n’a pas rencontré de forte résistance devant le public réuni salle des Libertés. Après un tour d’horizon de l’imbroglio juridique qu’est devenue la Cigale, place aux questions ! S’il y en a… Car pour le maire de Perpignan, le projet semble déjà acté.

Sur l’estrade de la salle des Libertés à Perpignan, Isabelle Bertran, Louis Aliot, et Farid Belacel 

« Je suis pour l’ouverture d’un poste de police à la Cigale ! », scande un premier habitant. « Il y a un grand manque de civisme à Perpignan. Cela fait 10 ans que j’habite le quartier et je suis prêt à partir », menace-t-il. Et pour cause, c’est la présence d’un SDF qui importunerait le riverain. Pourtant, Philippe Rouch l’affirme, deux unités de policiers municipaux seraient déjà en fonction à la Cigale. « Depuis deux ans, ces agents ont accueilli environ 2 700 personnes en médiation », confirme le directeur de la police municipale. Deux unités qui luttent déjà contre l’incivilité dans le quartier et sur la ville.

Des jeunes isolés et fragilisés à la lisière du quartier Saint-Jacques ?

Au tour de la vice-présidente du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales de prendre la parole. Françoise Fiter l’affirme, le Département n’a rien contre les postes de police. « D’ailleurs, nous regrettons beaucoup que le commissariat de la place Cassanyes ait été fermé et démoli. » La Cigale a été choisie par le Département pour accueillir 15 jeunes. Au rez-de-chaussée, la création d’un centre d’information et d’orientation permettrait d’assurer un suivi pour les mineurs non-accompagnés, mais aussi pour les jeunes du quartier. 

« Dans un territoire où les problématiques de santé sont nombreuses, nous avons aussi pensé qu’il serait intéressant d’installer un centre de santé public », renchérit la vice-présidente du Conseil départemental. Des propos que confirme le pharmacien installé en face de la Cigale. « Le quartier nécessite la création d’une antenne médicale, on s’appauvrit de jour en jour en médecins. »

Françoise Fiter, vice-présidente du Conseil départemental des Pyrénées-Orientales s’exprime lors de la réunion publique.

Un autre riverain se lève pour se saisir du micro. L’homme habite à 50 mètres de l’ancien hôtel-restaurant. « Je voulais savoir si vous trouviez judicieux de mettre des mineurs isolés et fragilisés à l’extension du quartier Saint-Jacques ? », interroge-t-il. Selon lui, ces jeunes auraient plus de facilité à se fournir dans les points de deal du quartier. « Nous avons signé une pétition pour dire notre refus total de l’installation de ce type de centre chez nous ! », scande le co-propriétaire d’une résidence voisine, qui encourage Louis Aliot a « ne pas lâcher le morceau ». En 10 ans, la valeur de son bien immobilier aurait chuté de 15%. Selon ces habitants, l’insécurité ambiante en serait la cause.

Le deal et l’insécurité plombent ce quartier de Perpignan

« Ces mineurs ne sont pas des délinquants et ils sont déjà dans le quartier ! », interpelle Laurence à demi-mot.

Elle nous confie : « Nous interpellons monsieur Aliot depuis au moins trois ans sur les problèmes de deal de médicament antiépileptique. Ils sont revendus place Cassanyes à tous ces mineurs isolés qui achètent pour rien du tout des drogues qui leur crament le cerveau… Ce ne sont pas les mineurs isolés qui créent ce problème-là, c’est le deal qui est un problème ! » Si les éducateurs de l’Enfance catalane sont présents dans le quartier, la création d’un centre permettrait de renforcer l’accompagnement de ces jeunes hors de tout cadre.

Le Département ne baisse pas les bras et justifie son choix porté sur le bâtiment de la Cigale. Rémi Lacapère, conseiller départemental, interpelle à son tour l’assemblée. « C‘est une bonne chose de mettre sous protection de l’intérêt général ces enfants. Et effectivement, quand nous le faisons, nous regardons des bâtiments qui ont déjà des capacités d’hébergement, puisque la première vocation est d’avoir des lits pour accueillir ces enfants. » Il sera vite interrompu par les huées de la majorité de la salle. 

Où en est l’accueil pour les femmes victimes de violences ?

La réunion s’achèvera sur une proposition d’accueillir des hommes auteurs de violences à la Cigale : « Héberger les hommes violents, on sait que dans certains endroits en France cela a fait ses preuves, et à proximité d’un commissariat, ce sera peut-être un projet innovant. Notamment pour éviter que les femmes perdent l’accompagnement de leurs enfants à l’école, leur boulot ou qu’elles s’éloignent… » Une suggestion que Louis Aliot écarte d’un revers de la main. « Pour les hommes violents, comme vous le dites, il y a des prisons », achève le maire, visiblement pressé d’en finir avec cette réunion. En attendant, et malgré de beaux discours, aucun accueil pour les femmes victimes de violence n’a encore vu le jour à l’hôtel La Cigale.

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Célia Lespinasse