Article mis à jour le 29 septembre 2024 à 09:41
« On l’a acheté avec nos sous, enfin je veux dire avec nos impôts, c’est ça ? », se questionnait cette habitante du centre historique de Perpignan. Ce 26 septembre 2024, le feuilleton de l’hôtel de La Cigale a connu de nouveaux épisodes.
Une centaine de personnes avait reçu une invitation de la mairie de Perpignan pour une « réunion d’information » sur le devenir du « poste de police municipale de La Cigale ». Photo d’archives des travaux de La Cigale en novembre 2020.
D’hôtel de tourisme à hôtel de police, La Cigale est au cœur d’un invraisemblable imbroglio juridique
Tout commence en 2019, quand le Conseil départemental des Pyrénées-Orientales se positionne pour acquérir cet immeuble situé en bordure d’un des quartiers les plus pauvres de France. Pour rappeler le contexte, en 2019, le maire (LR) Jean-Marc Pujol a comme principal opposant Louis Aliot, vice-président du Rassemblement national. À moins d’un an de la campagne des municipales de 2020, Jean-Marc Pujol ne peut imaginer l’implantation prévue d’un centre d’accueil pour mineurs dans ce lieu. Il s’oppose à la vente et imagine déjà un lieu qui réunirait police municipale et police nationale.
Mais point de mutualisation des forces de police, et le local reste vacant. Une crise sanitaire, une alternance politique et plusieurs décisions de justice en défaveur de la mairie de Perpignan plus tard, le poste de police municipale « La Cigale » est inauguré. Fin 2022, selon Louis Aliot, « 14 agents au service de la sécurité des Perpignanais » y seront affectés du lundi au vendredi de 9 heures à 17 heures. Dans le même temps, un accueil pour femmes victimes devait aussi voir le jour. Deux ans plus tard, seul le poste de police est effectif et joue un rôle de médiation auprès des habitants du quartier. Et pendant ce temps, le dossier poursuit son chemin devant les tribunaux.
En 2024, moult avocats, greffiers, huissiers et juges ont eu le dossier de La Cigale entre leurs mains
Tribunal administratif, judiciaire, appel, référé, Conseil d’État, presque toutes les juridictions françaises ont rajouté une pierre à l’édifice de La Cigale. Comment le citoyen, peu coutumier des décisions de justice, peut-il y retrouver ses petits ? Une chose est certaine, en 2021, la mairie a perdu l’ensemble de ses recours concernant sa préemption initiale. Mais en 2024, la ville n’a toujours pas cédé l’hôtel de La Cigale au Département. Désormais, c’est sur le prix du bien que la bataille judiciaire se porte. Si le prix de vente initial était de 490 000 euros, en 2024, et compte tenu des travaux engagés par la mairie, cette dernière propose au Département d’acquérir le bien pour 1,4 million d’euros. Une hausse que conteste le Département.
Louis Aliot et Farid Belacel lors de la réunion publique du 25 septembre 2024 à la salle des Libertés.
Si, lors de la réunion publique de la mi-septembre, Farid Belacel faisait la synthèse des épisodes juridiques, les habitants – loin d’être tous des juristes – boivent les paroles du directeur général adjoint des services. Ce dernier aligne avec aplomb les décisions et affirme que le Département n’aurait plus aucun recours possible. Après avoir consulté plusieurs documents et contacté le Département, les choses semblent plus complexes. Mais finalement, ce dossier devenu un symbole de la bataille idéologique entre un département de gauche et une mairie d’extrême droite aura coûté au contribuable des milliers d’euros en honoraires et autres condamnations judiciaires. Nous avons sollicité les deux collectivités pour connaître la somme globale engloutie dans ce dossier, et à l’heure où nous publions, aucune ne nous a répondu.