Âgés de seulement 15 ans à 17 ans, Israel, Anthony, Ryan et Kelian nous présentent le tome 1 de leur manga, intitulé « Children of the grave ». C’est au cœur du quartier Saint-Jacques à Perpignan que les quatre adolescents s’adonnent à la conception de leur bande dessinée japonaise.
Ce mercredi 23 octobre 2024, l’association Les 2 Rives organisait une première exposition, l’occasion pour le grand public de rencontrer les auteurs et leur univers.
Sur les murs du local associatif, nous découvrons 14 planches originales de la BD, soigneusement sélectionnées par les adolescents. Tout commence il y a un an et demi, lorsqu’on propose aux garçons de créer leur propre manga. « Dans le quartier, tout le monde sait qu’on est fans de manga, ils ont tout de suite pensé à nous ! », sourit Israel, qui connaît cet univers sur le bout des doigts. Un projet exceptionnel qui a vu le jour grâce à l’accompagnement de l’association Les 2 Rives, qui organise des ateliers dessin.
Un atelier manga dans le quartier Saint-Jacques
Les visiteurs sont invités à feuilleter l’ouvrage, composé de 21 pages d’histoire et d’une partie croquis. Seule dérogation à la règle, le manga se lit à l’européenne, de gauche à droite. « Ce sont nos débuts, nos premiers designs, nos premiers personnages… », confient les garçons, fiers de présenter l’aboutissement de leur travail. Si les dessinateurs en herbe ont commencé par de simples esquisses, aujourd’hui, leur manga édité aux Editions Trabucaire est disponible en librairie. La boutique Hybrid, spécialisée dans la BD japonaise, a déjà vendu six exemplaires sur dix.
Passionnés par cet univers depuis l’enfance, Israel, Anthony, Ryan et Kelian n’avaient jamais pris un seul cours de dessin. « Petits, on gribouillait de petits comics chez nous », raconte l’un d’eux. Pour réaliser leur BD, les jeunes ont été accompagnés par trois tuteurs, dont la dessinatrice Élise Bertrand. « On peut voir son talent sur la première page », désigne Israel. « Elle nous a aidés à mieux nous organiser ! », renchérit Anthony. « Élise a été une source d’inspiration et un soutien indispensable. »
Une passion devenue réalité
Épaulés de leurs tuteurs, les adolescents débutent leur travail avec l’élaboration d’un story-board. Une sorte de brouillon qui permet de visualiser concrètement le scénario imaginé par les quatre auteurs. « C’est l’histoire de deux personnages qui doivent stopper un démon », révèle Israel. « C’est nous tous qui avons créé l’histoire, à partir de nos références. » En parlant de références, l’adolescent n’est pas venu les mains vides.
Mangas, magazine V Jump, cartes, lampe… Autour de nous, plusieurs goodies à l’effigie de Dragon Ball trônent aux quatre coins de la pièce. « C’est marrant car ce n’est pas votre génération à la base ? », s’interroge une visiteuse. « Ma mère adore Dragon Ball, c’est une passion familiale. J’ai beaucoup appris de mes oncles, qui sont d’énormes fans de manga ! », assure Israel.
« Tu peux avoir une histoire très simple, mais il faut que les personnages aient un impact. Si tu as des personnages qui ne servent à rien, pourquoi regarder ? », souligne Anthony. Goku, Luffy, ou Naruto, quand il s’agit de manges animés, les adolescents ont leurs références ! Pour eux, le scénario doit aussi interroger. « Il faut qu’il y ait une morale », confirment-ils.
Un tome 2 en cours d’écriture
Si les quatre auteurs sont complémentaires, dans ce projet, chacun a développé un point fort : conception des décors, création des personnages, effet comique… « Nos projets pour la suite ? On a envie de continuer l’histoire ! », lancent en chœur les adolescents. « On a déjà des idées pour les six premiers chapitres du tome 2 », affirme Anthony.
En effet, les premiers retours sur leur travail sont très positifs. Les jeunes dessinateurs ont eu la chance de rencontrer l’éditrice des éditions Trabucaire et les gérants des librairies Torcatis et Hybrid, lors d’une soirée de présentation de leur manga. Une séance dédicaces a même été organisée avec les jeunes du quartier.
Une association qui répond aux besoins d’une population en difficulté
Implantée dans un quartier prioritaire de Perpignan, l’association Les 2 Rives doit aussi répondre aux besoins d’une population en difficulté. Médéric Boisse va prochainement prendre le relais des cours de dessin. « Lors de l’inauguration, les parents ont appris ce qu’on faisait dans l’asso. C’est aussi un prétexte a parler d’autres choses. Leurs copains viennent ici voir un peu ce qui s’y passe. Ils nous parlent un peu de leurs problèmes… Ce sont des jeunes ouverts à la culture. Le but, c’est de les amener vers des études, vers un projet professionnel ! Ils ont des qualités et de l’intelligence qu’il faut mettre à profit pour leur avenir. »
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