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Perpignan, La Bressola lance un ultimatum aux institutions pour sauver 50 ans de langue catalane

La Bressola nomena l'advocat Guillem Nivet nou president

Article mis à jour le 14 janvier 2025 à 18:54

Ce mardi 14 janvier 2025, l’association des écoles La Bressola conviait la presse pour évoquer la crise économique qu’elle traverse. D’ici mai 2025, sans subvention exceptionnelle, l’organisme sera en cessation de paiement. En clair, l’association ne dispose plus d’une trésorerie suffisante pour continuer à verser les salaires de ses 110 salariés. La Bressola donne 50 jours au Département et à la Région pour sauver l’avenir de la langue catalane.

C’est l’air grave qu’Alexandre Torra, président du groupe, Guillem Nivet, président de l’association, et Juliette Lauduique, trésorière, se sont exprimés face à la presse. Ces dernières années, l’inflation, la hausse des salaires et le manque de subvention ont fortement fragilisé la structure. « Nous avons besoin de solutions concrètes pour que les sept écoles et les deux collèges La Bressola puissent continuer à fonctionner de manière durable », entame Guillem Nivet.

La Bressola cherche des solutions pour stabiliser sa trésorerie

Dans les Pyrénées-Orientales, près de 1 100 élèves – âgés de deux à quinze ans – suivent cet enseignement 100% immersif. Un concept qui semble séduire les parents, puisque les écoles de La Bressola ne cessent de grossir leurs rangs. « Nous avons des listes d’attente qui peuvent atteindre deux ans. Nous sommes même obligés de refuser des élèves », affirme le président de l’association, qui a pour projet d’ouvrir d’autres établissements. Pour Guillem Nivet, la langue catalane survit en partie grâce à l’enseignement. « Malheureusement, nous ne pouvons pas donner la satisfaction à ces demandes puisque nous sommes confrontés à une situation économique très dangereuse. »

Perpignan - La Bressola lance un ultimatum aux institutions pour sauver 50 ans de langue catalane
Guillem Nivet

À partir du mois de mai 2025, l’association ne pourra plus payer ni ses salariés, ni ses factures. « C’est la raison pour laquelle nous demandons un soutien ferme et réel des institutions », affirme Juliette Lauduique. Inquiète pour la santé financière de la structure, la trésorière de l’association a rencontré la Région et le Département en octobre dernier. « Nous avons également demandé au ministère de l’éducation nationale de nouveaux effectifs pour la rentrée 2025. »

Si la Région et le Département se positionnent en faveur de la langue catalane, selon Guillem Nivet, « ces institutions n’apportent pas pour autant de soutien réel à ceux qui la font vivre. Ils n’ouvrent pas de classes bilingues et ils n’aident pas le secteur associatif à défendre la langue », dénonce-t-il. Pour l’heure, l’association n’a reçu aucune proposition concrète et demande « la dignité. »

Une manifestation organisée à Perpignan le 15 mars

« Nous ne parlons pas d’une petite école, La Brassola a un budget de 4,5 millions d’euros, dont 1,9 million sont payés par l’éducation nationale », souligne Guillem Nivet. L’association bénéficie également d’une subvention de 50 000 euros alloué par le Département (ce qui représente 1,1 % du budget total des écoles) et 117 000 euros de la Région (2,6 % du budget). À titre de comparaison, le président affirme que les établissements enseignant le breton bénéficient d’une subvention exceptionnelle de 200 000 euros, de la Région et du Département. « Nous demandons à ce qu’il y ait un principe d’égalité. »

Selon Guillem Nivet, avec l’arrivée de Louis Aliot à la mairie de Perpignan, l’établissement aurait perdu 100 000 euros dans son budget (perte de subvention et frais supplémentaires). Au-delà du budget de fonctionnement, la Bressola et la mairie de Perpignan s’opposent encore devant les tribunaux concernant l’achat du couvent Sainte Claire, où l’école entend s’installer pour y ouvrir un lycée.

La Bressola est une école associative, où chaque famille paie une cotisation calculée sur la base de ses revenus. « Sans l’aide des institutions, leur contribution pourrait bien augmenter », regrette Guillem Nivet. Les écoles catalanes de Catalogne du Nord appellent à une manifestation le samedi 15 mars à Perpignan, si aucune décision politique n’est prise dans les 50 jours.

La Région se dit extrêmement « préoccupée par la situation »

Contacté, l’élu Benjamin Assié, en charge de l’Occitan et du Catalan au conseil régional confirme sa volonté « d’actionner tous les leviers pour soutenir l’association de manière durable ».

« Nous ne connaissons la situation que depuis un mois, et aujourd’hui c’est un peu difficile de dire concrètement quelle sera la hauteur du soutien de la Région. À ce stade, nous étudions la situation avec eux pour trouver toutes les solutions possibles. » L’élu entend bien mettre l’ensemble des financeurs autour de la table. Et rappelle que le désengagement de la mairie de Perpignan pèse lourd sur la situation budgétaire de la Bressola.

Contacté, le Conseil départemental, tient, quant à lui, à préciser qu’une subvention de plus de 150 000 euros à été versée en 2024. Et indique « qu’en raison du contexte budgétaire national, il décidera lors du vote de son budget du montant de la subvention pour 2025. »

Le Département comme la Région soulignent l’importance que la Bressola bénéficie du même régime que les établissements scolaires privés sous contrat ; à savoir que le traitement de l’ensemble des enseignants soit à la charge du Ministère de l’Éducation nationale.

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