Article mis à jour le 15 mars 2025 à 21:02
Ce samedi 15 mars 2025, plusieurs organisations ont appelé à un « die-in » pour protester contre la lenteur de la mairie à retirer la plaque qui porte le nom de Pierre Sergent sur une place de Perpignan. Si l’ancien député des Pyrénées-Orientales mérite un hommage selon la mairie, c’est son rôle de confondateur de l’OAS qui fait grincer des dents plusieurs organisations militantes. Credit photo © Les Effrontés Perpignan.
Aujourd’hui, un groupement d’organisations s’est donné le mot pour une manifestation pacifique saisissante. Un électrochoc visuel pour faire passer un message d’impatience.
Sur l’esplanade Pierre Sergent, plusieurs des manifestants portaient des pancartes rappelant les victimes de l’OAS. Et la plaque rendant hommage à l’ancien député a également été rehaussée d’un autocollant couleur sang, indiquant « Terroriste et tortionnaire de l’OAS. Responsable de l’assassinat de plus de 70 innocents en France. »
À Perpignan, 71 fantômes de victimes de l’OAS
Ces 71 « corps » qui reposent sur le goudron de la place Pierre Sergent incarnent les 71 victimes des attentats de l’OAS sur le territoire métropolitain. Une fraction des victimes de l’organisation partisane de l’Algérie française, dont Pierre Sergent était le cofondateur. Ce « die-in », une manifestation pacifique où les participants simulent leur mort, a été organisé par un large éventail d’associations et de partis politiques : Association des pieds noirs progressistes et leurs amis, Association Pour la mémoire Contre l’oubli, CNT, Collectif pour une histoire algérienne non falsifiée, CGT66, Fédération Franco Algérienne, EELV, Fem Catalunya Nord, Jeunes Antifascistes, L’Alternative, Les Effrontés, LFI, Ligue des Droits de l’Homme66, Mouvement contre le racisme et Pour l’Amitié entre les Peuples66, NPA66, PCF66, PS, Solidaires66, Soutien au NFP, SOS Racisme, et Visa 66.
« On a voulu faire un mouvement très large, et surtout citoyen », explique Coralie, du collectif Les Effrontés. Seul regret de la jeune femme : l’absence de diversité politique dans les participants, essentiellement composés de partis de gauche.
Les premières références au terme de « die-in » remontent à 1970, lorsqu’à l’occasion de la Journée de la Terre, des écologistes de Boston ont simulé leur propre mort pour dénoncer la pollution de l’air. L’action est depuis devenue une forme de manifestation non-violente prisée des groupes militants de tous combats.
La mairie veut séparer l’homme (d’une partie de l’œuvre) de l’artiste
Comme rapporté par Made in Perpignan, le 4 février dernier, une décision de justice portée par la Ligue des Droits de l’Homme et SOS Racisme a condamné la mairie RN de Perpignan à enlever la plaque au nom de Pierre Sergent attribuée à une esplanade située entre le square Bir Hakeim et le Boulevard Bourrat. À l’heure d’écrire ces lignes, la plaque n’a toujours pas été retirée, la mairie ayant annoncé vouloir faire appel de cette décision.
Ses représentants ont rappelé vouloir rendre « hommage à l’écrivain et homme politique local, qui fut notamment député des Pyrénées-Orientales, conseiller régional et conseiller municipal de Perpignan ». D’après eux, la décision du tribunal de Montpellier est un « jugement inique car rendu sur la base d’un fondement juridique inconnu jusqu’ici, et dont l’application repose de surcroît sur une interprétation des faits éloignée de la réalité ».
D’après Nicolas Lebourg, historien, « Pierre Sergent est un symbole de première importance. Capitaine, ancien de la Résistance, il est des militaires qui choisissent de rompre avec la légalité au nom de la sauvegarde de l’Algérie française. On le retrouve le long des principaux évènements, de la tentative de coup d’État militaire en avril 1961 à la constitution de l’Organisation de l’Armée Secrète (OAS), le réseau terroriste des ultras anti-indépendantistes ».
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