Article mis à jour le 11 mars 2025 à 11:22
Ce lundi 10 mars, un appel à une journée de retrait de l’école a été lancé. Sur les réseaux sociaux, certains parents d’élèves annoncent avoir fait le choix de ne pas mettre leur enfant à l’école aujourd’hui pour lutter contre le nouveau programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité.
S’il est encore trop tôt pour savoir si cet appel a été suivi dans les Pyrénées-Orientales, c’est l’occasion pour Made in Perpignan de revenir sur ce débat sociétal.
Un programme éducatif qui crispe une minorité
« Le 10 mars 2025, dites non sans concession, sans négociation. Mettons fin à l’EVARS ». Voici, ce que l’on peut lire sur une affiche diffusée par certains parents sur leurs réseaux sociaux. Ce matin, des groupes de parents d’élèves ont annoncé qu’ils ne déposeraient pas leurs enfants à l’école. La raison de cette mobilisation : lutter contre le nouveau programme d’Education à la Vie Affective, Relationnelle, et à la Sexualité, aussi appelé EVARS.
Depuis 2001, les élèves doivent suivre des cours d’éducation à la sexualité. Cependant, en janvier dernier, un nouveau programme a été proposé par Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation. Approuvé, il sera mis en place à la rentrée scolaire 2025. Sur ce nouveau programme, certaines modifications ont été apportées : tous les élèves doivent suivre trois cours du programme EVARS par an.
Ces cours sont dispensés suivant la tranche d’âge des enfants. En maternelle et en primaire, comme expliqué sur le site du gouvernement, les trois axes évoqués sont « se connaître, vivre et grandir avec son corps », « rencontrer les autres et construire des relations, s’y épanouir » ainsi que « trouver sa place dans la société, y être libre et responsable ». Ces cours-ci s’appellent « Education à la vie affective et relationnelle » (EVAR, sans S) ; la sexualité n’est pas encore un sujet abordé.
C’est à partir du collège et jusqu’au lycée que la question est mise en avant. Mais ce n’est pas le seul sujet qui est évoqué. On retrouve aussi les discriminations sexuelles, ou encore les identités de genre.
« En maternelle, c’est tout à fait utile de travailler sur les stéréotypes de genre »
Selon Monique Hernandez, membre du collectif Droits des Femmes 66 : « Si l’on veut changer cette société qui aboutit au procès de Mazan, il faut bien commencer dès le plus jeune âge ». Pour cette dernière, l’intérêt du programme est qu’il a été créé par « des spécialistes de la petite enfance, des pédagogues et des psychologues ». Elle met aussi en avant le fait que l’EVARS se déroule progressivement tout au long de la scolarité des enfants.
Directrice de maternelle durant 13 ans, Monique Hernandez voit dans l’EVARS l’opportunité de créer une égalité entre les femmes et les hommes. « En maternelle, c’est tout à fait utile de travailler sur les stéréotypes de genre », déclare-t-elle.
Monique Hernandez ajoute également que le collectif Droits des femmes s’est joint aux syndicats enseignants pour un objectif commun : faire en sorte que « les budgets et la formation soient à la hauteur des enjeux ».
L’extrême droite vent debout
Cependant, ce nouveau programme ne fait pas l’unanimité. C’est notamment le cas au sein des partis de l’extrême droite, et de leurs émanations, comme l’association Parents Vigilants, créée par le parti Reconquête. Dans une tribune publiée en février dernier dans Le Journal du Dimanche, Marion Maréchal, Laurence Trochu et Anne Sicard, députées européennes Identité-Libertés, s’attaquent au programme.
Elles critiquent notamment les questions d’identités de genres. « À 6 ans, le petit garçon ne se demande plus s’il veut être astronaute ou pompier : il apprend qu’il pourrait n’être ni tout à fait garçon, ni tout à fait fille. Avec le programme EVARS, la nature devient une construction et la norme, une oppression », écrivent-elles.
L’éducation sexuelle, un débat à l’international
Ces questions d’éducation sexuelle au sein des établissements scolaires ne sont pas omniprésentes seulement au sein de la classe politique française. L’extrême droite française n’est pas la seule à lutter contre des programmes éducatifs qu’ils considèrent comme trop « wokes ». On retrouve ces mêmes débats de l’autre côté de l’Atlantique. Une des promesses phares du nouveau président des États-Unis, Donald Trump, porte sur l’éducation. Lors de sa campagne, il avait assuré vouloir démanteler le ministère de l’éducation. Une décision radicale qu’il argumente : selon ce dernier, les écoles endoctrineraient les enfants en les sensibilisant aux questions de genre.
Même si le ministère de l’éducation est encore présent aujourd’hui, l’élection de Trump a déjà eu des répercussions. Dans les bibliothèques scolaires certains livres ont été bannis. C’est notamment le cas du Journal d’Anne Frank, ciblé en raison d’une scène considérée comme à caractère sexuel. Dans les pages du livre, Anne Frank découvre dans un parc … des statues de femmes nues. Les nus d’Aristide Maillol à Perpignan seraient-ils bientôt déboulonnés ?
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