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En 2015, une foule immense manifestait : 10 ans plus tard, que reste-t-il de l’esprit Charlie ?

Perpignan, Janvier 2015, manifestation suite aux attentats à Paris © Arnaud Le Vu / MiP

10 ans ! C’est notre chiffre de la semaine … Le 11 janvier 2015, 40 000 personnes déferlaient dans les rues de Perpignan. Dans un silence assourdissant, parfois ponctué d’applaudissements, le cortège emplissait les boulevards perpignanais.

Ce moment d’union, marqué par la tristesse et la détermination, semblait gravé dans les mémoires collectives. Mais dix ans après, que reste-t-il de l’esprit Charlie ?

« Nous sommes Charlie pour la vie »

Lors d’une conférence de presse régionale organisée pour commémorer cette décennie, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a rappelé l’engagement régional en faveur de la liberté d’expression, notamment par des actions symboliques comme la projection des caricatures sur les façades des hôtels de région à Montpellier et Toulouse en 2015.

« Pour nous, l’esprit Charlie, c’est pour la vie. Nous avons un attachement profond à la liberté d’expression, à la liberté de la presse. Nous sommes cette gauche Charlie qui fait une priorité absolue du combat pour la laïcité, pour la liberté ; et bien sûr contre l’obscurantisme et le repli communautaire. Nous souhaitons vraiment promouvoir les valeurs de la fraternité, de la connaissance de l’autre, de l’acceptation des différences et que la devise républicaine puisse vivre pleinement, » déclarait Carole Delga.

EXPOSITION ILS DEPASSENT LES BORNES CHARLIE HEBDO CLUB PRESSE DEPARTEMENT PO

À Perpignan, le Conseil départemental et le Club de la presse Occitanie ont organisé une exposition, « Ils dépassent les bornes», pour les dix ans de l’attentat de janvier 2015. Une quarantaine de dessins de presse sont visibles jusqu’au 15 février à l’Hôtel du département de Perpignan.

La liberté d’expression sous tension

Pour Laure Dossi, journaliste à Charlie Hebdo et invitée de la conférence, l’esprit Charlie reste vivant mais fragile. « Être Charlie ne signifie pas être d’accord avec tout ce que nous publions, mais défendre farouchement la liberté d’expression, même dans ce qu’elle a de dérangeant, » a-t-elle insisté. Pourtant, les polémiques, amplifiées par les réseaux sociaux, rendent difficile la transmission de cette vision.

Xavier Ligors, dessinateur de presse, a lui aussi évoqué l’évolution du dessin satirique après 2015. « Avant les attentats, personne en Occident n’était tué pour un dessin. Aujourd’hui, l’humour devient un acte de résistance face à l’intolérance croissante. » Il a également dénoncé la frilosité de certains éditeurs et institutions, cédant parfois à la peur de froisser des sensibilités.

L’éducation pour perpétuer l’esprit Charlie

L’éducation aux médias et à la liberté d’expression a été au cœur des échanges. Plusieurs initiatives, comme le journal de la région Occitanie dédié aux jeunes, ou les interventions en milieu scolaire, visent à contrer l’ignorance et la méfiance grandissantes face à ces valeurs. « C’est un combat de pédagogie, » a insisté un intervenant, appelant à un engagement collectif pour expliquer et transmettre.

On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui

Ce 7 janvier 2025, la Fondation Jean Jaurès publiait une étude sur l’évolution, au cours des quinze dernières années, de l’opinion publique sur les sujets de la liberté d’expression, du droit à la satire et du dessin de presse.

En 2024, 76 % des Français considèrent la liberté d’expression comme un droit fondamental, contre 58 % en 2012 (+18 points). Le droit à la satire et au blasphème bénéficie d’un soutien accru, malgré des résistances chez certaines catégories de la population, notamment les jeunes et les croyants.

L’étude dévoile qu’une majorité de la population est prête à rire de tout, une part qui augmente avec les années. « Loin du préjugé selon lequel la France verrait sur son sol la progression massive d’une culture anglo-saxonne, où la liberté d’expression doit désormais être limitée au nom de la protection des « sensibilités », ces résultats nous montrent au contraire que les Français sont attachés à une forme d’humour sans tabou et sensibles à ne pas sombrer dans le politiquement correct », précisent Jérémie Peltier, Julien Serignac et Mathilde Tchounikine, tous trois chargés de l’enquête.

Une majorité de Français (56%) considèrent ainsi que l’on peut faire de l’humour au sujet de la mort ou de la nationalité des personnes (55%), tandis que de plus en plus d’entre eux estiment que l’on peut rire du comportement sexuel des personnes (51%, + 14 points depuis 2006) ou de leur origine ethnique (+ 20 points depuis 2006).

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