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Plage du Racou : Entre buller ou naviguer, il faut choisir

Article mis à jour le 29 juillet 2024 à 10:54

Les échanges étaient houleux lors du conseil municipal, ce 22 juillet à la mairie d’Argelès-sur-Mer. Pour les questions diverses, l’élu d’opposition Charles Campigna a mis les pieds dans le plat en interpellant Antoine Parra, le maire. « Quelle est la raison pour laquelle vous supprimez le chenal planches à voile de la plage du Racou ? ».

Un conseil municipal est, par nature, ouvert au public. Ce soir-là en particulier, l’assemblée présente retient son souffle. En effet, une quinzaine de personnes arbore fièrement un badge ovale sur le torse. Dessus, une voile accolée à un texte simple « Argelès Sud – Le Racou ». Tous sont dans l’incompréhension. Tous attendent une réponse claire d’Antoine Parra, maire d’Argelès-sur-Mer.

La fin du chenal serait-elle déjà actée ?

La question est simple : pourquoi supprimer le chenal du Racou ? Antoine Parra, maire de la commune, débute son argumentaire. Il assure « qu’aucune décision n’a encore été prise » et que l’enquête publique est toujours en cours. « Réfléchir à une hypothèse n’est pas valider une hypothèse », se défend-t-il. « Nous n’avons pas décidé de supprimer le chenal, mais nous y réfléchissons. »

La principale raison avancée est celle de la sécurité. « Pour les baigneurs à qui un enfant échappe et qui va directement dans le chenal ce sont les maitres-nageurs qui doivent intervenir. Ces cas sont quotidiens. » Par ailleurs, supprimer le chenal pour les véliplanchistes permettrait de le réserver pour le poste de secours de la plage du Racou.

Enfin, le maire brandit fièrement sa carte ‘nombre de chenaux’. « Nous avons aujourd’hui sur les plages d’Argelès-sur-Mer, quatre chenaux […]. Si nous supprimons celui du Racou, il en restera trois, d’où ces embarcations pourront prendre la mer. Si vous vous renseignez, Canet en compte deux. À Saint-Cyprien, ils en ont un. »

Au-delà des éléments présents dans le dossier, l’élu partage son expérience personnelle. Apparemment adepte de la plage du Racou, il assure tout faire pour « favoriser l’intérêt général ». Et conclut par un exemple frappant : ses petits-enfants. « Moi ça me gêne, parce que quand mes petits-enfants vont dans le chenal, je dois me lever pour les faire partir. [Le chenal] ne serait pas là, je pourrais rester tranquille sur ma serviette ».

Fin des embarcations légères sur la plage du Racou

L’élu poursuit en énumérant les éléments dont il dispose sur ce dossier. Il revient sur la longueur du chenal, « 50 mètres », une zone interdite aux baigneurs et réservée aux voiles légères. « La nouveauté qui nous pousse à réfléchir aujourd’hui », dit le maire en pointant l’écran du doigt, « et cela aurait pu apparaître à l’écran comme décision prise, c’est que les embarcations légères qui sont sur le sable l’été, il n’y en aura plus. La plage sera totalement libre. »

En effet par cette décision, les passionnés de la voile seront contraints de faire les allers-retours nécessaires pour pratiquer leur activité nautique. Et pour Antoine Parra, le lien est vite fait. Si ces embarcations sur le sable viennent à disparaître, « la pertinence du chenal est moins évidente. » Le maire n’hésite pas à opposer les publics de sa commune. Les « quelques véliplanchistes » ne feraient pas le poids face aux « dizaine de millier de baigneurs de la plage du Racou ».

L’incompréhension du public présent au conseil municipal d’Argelès

Alors que les décisions s’enchaînaient rapidement, la question du chenal a été débattue pendant plus de 30 minutes. Lorsque les réponses ne sont pas claires ou déplaisent tout simplement, le public souffle de manière exaspérée. Incrédule, une habitante prend même la parole : « Si c‘est pour mettre des restaurants sur la plage, là…» Sur la page Facebook de la commune, Corinne s’interroge lorsque le maire évoque la sécurité : « Combien de décès en raison du chenal depuis 40 ans ? ».

Une chose est sûre, Frédéric en a assez entendu. Ce pratiquant de voile à l’année sort de la salle, déçu. « C’est hallucinant, ce qu’il dit. En fait, la majorité c’est lui. Personne d’autre n’a parlé. Quand c’était les CRS qui surveillaient la plage il n’y avait jamais eu de problème ». Rejoint par un ami, ancien sauveteur de la plage du Racou, la discussion se poursuit. « Ici, la culture de la voile, elle est zéro. » Selon l’argument du maire, le chenal partagé entre les usagers de la mer et le zodiac ralentirait l’intervention des secouristes. Pour l’ancien sauveteur, « c’est du bidon. »

L’ancien secouriste se montre dépité face à cette ostracisation des passionnés de la mer qui peuvent aider en cas de problèmes, contrairement aux touristes adeptes de la bronzette. Depuis l’extérieur de la salle de conseil, l’agitation montre que le débat autour du chenal touche à sa fin. L’élu de l’opposition, Charles Campigna conclut en alpaguant le maire : « En tout cas ce choix se porte rien que sur ta personne. Parce que ça te dérange il faut [supprimer le chenal]. Au moins la démocratie avec toi elle est respectée ».

Le prochain épisode du chenal du Racou aura lieu le 29 juillet, date à laquelle le commissaire enquêteur finalisera son enquête. Celle-ci sera rendue publique dans un mois.

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Alix Wilkie