20 ! C’est notre chiffre de la semaine… et le nombre de jeunes engagés dans SOS Racisme et mobilisés pour se déplacer dans une douzaine de villes en France. Du 12 au 16 février 2025, c’est la troisième édition du « Salam, Shalom, Salut », à Perpignan. Ce vendredi, une conférence de presse réunissant les représentants de SOS Racisme et les associations partenaires du projet était organisée à la cantine solidaire du Miam.
« Salam, Shalom, Salut » voit le jour en 2018 suite à la multiplication des actes antisémites et le meurtre de Mireille Knoll, rescapée de la rafle du Veldiv assassinée chez elle. Ces jeunes, de toutes origines et de tous milieux sociaux, partent à la rencontre de leurs concitoyens afin de faire entendre leurs voix contre le racisme, l’antisémitisme et toutes formes de discrimination.
La troisième édition de « Salam, Shalom, Salut » organisée à Perpignan
Depuis le 7 octobre 2023, le conflit israélo-palestinien est au coeur des divergences. Selon le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH), l’année 2023 a été marquée par une très forte augmentation des actes racistes. Si toutes les minorités sont touchées, le nombre d’actes antisémites a explosé. Les services de sécurité ont enregistré 8 800 victimes en 2023 sur le champ des crimes ou délits commis en raison de l’ethnie, de la nation, de la religion ou d’une prétendue race. Une augmentation de 29% par rapport à l’année précédente.
« Le Salam, Shalom, Salut est un projet qui prend de l’ampleur chaque année », se réjouit Clara Diamant-Berger, bénévole de l’association SOS Racisme. Cette année, la tournée initiée par l’association débute symboliquement à Perpignan, ville dirigée par un maire (RN) : « Pour nous, c’était important de le faire à Perpignan. Je crois que ce projet est d’autant plus salutaire que l’on est dans un moment où l’extrême droite gagne du terrain, partout dans le monde », assure Kévin Courtois, membre de SOS Racisme. L’association constate depuis plusieurs années « une récupération des crimes antisémites de la part de l’extrême droite », notamment à des fins islamophobes.
« Il suffit d’allumer sa télé pour entendre à longueur de journée, une parole raciste très décomplexée. Le contexte géopolitique, au Moyen-Orient, cristallise les haines, les conflits et permet aussi à l’extrême droite de faire cette récupération », confirme Clara.
Dans ce contexte, SOS Racisme travaille sur les relations entre communauté juive et arabo-musulmane. « À l’époque, nous avons eu l’idée de réunir plusieurs jeunes issus de ces communautés et de faire un tour de France pour rencontrer des associations locales. Ces jeunes nous racontent comment ils vivent leur identité et comment ils arrivent à vivre ensemble », nous explique Clara Diamant-Berger.
Une jeunesse investie et porteuse de messages
Âgés de 19 à 26 ans, Sacha, Farouk, Karidja, Romain, et tant d’autres… abordent en profondeur la question des identités et du vivre ensemble dans des espaces propices à l’échange : au sein des différentes associations locales œuvrant pour la citoyenneté. « Il y a autant de nationalités ou d’origines que de jeunes mobilisés pour ce Tour de France. L’idée, c’est de se réapproprier la mémoire et de lutter contre l’idéologie de l’extrême droite », lance Clara Diamant-Berger.
En partenariat avec des associations et structures locales telles que le Foyer Laïque, Welcome 66, Vernet au féminin… l’initiative se déroule sur cinq jours. Cette troisième édition se clôturera par une soirée « rencontre-débat » organisée le 15 mars au Nautilus. À cette occasion, les jeunes ambassadeurs du projet prendront la parole. Lors de ce « temps fort », le racisme, l’antisémitisme ou le sentiment d’exclusion seront au coeur des échanges.
« Ces jeunes viennent majoritairement de la région parisienne », souligne Clara. Formés par SOS Racisme, ils reçoivent une formation historique sur le conflit israélo-palestinien, le passé colonial et ses conséquences, l’émergence de la laïcité ou la question mémorielle. « Ils apprennent à prendre la parole en public, à raconter leur histoire et leur militantisme. » Huit d’entre eux seront présents à Perpignan, si la ville leur est inconnue, le but est qu’ils s’imprègnent de chaque localité visitée.
Une bataille culturelle contre l’extrême droite
« Quand on est un homme blanc, cisgenre* et bourgeois, le danger c’est le gitan et l’arabe. Je pense qu’il faut vraiment que nous cassions ce discours. Le vivre ensemble se fait justement en sortant de ces cases, en arrêtant l’essentialisation et en étant capables de se parler les uns les autres », lance un bénévole de l’association LGBT+66, qui accueillera la délégation « Salam, Shalom, Salut », le 12 février prochain.
Présente dans l’assemblée, Brigitte Vumbi Borne prend la parole à son tour : « Le comité local de SOS Racisme 66 est très très petit. Nous lançons un appel à toutes les bonnes âmes et surtout aux personnes conscientes qui ont envie de lutter, de porter la parole et d’aider les personnes qui n’osent pas s’exprimer. Je pense que c’est à nous, les citoyens, de parler et d’œuvrer dans ce sens, pour dire non au racisme et à toutes les formes de discrimination. » En juillet dernier, cette commerçante et habitante de Perpignan recevait à son domicile une lettre de menaces ouvertement raciste.
« Cette lettre m’a énormément surprise », explique Brigitte. Cette habitante de Saint-Mathieu n’avait en effet jamais été confrontée à un racisme aussi affirmé dans ce quartier qu’elle dit « diversifié. » La période de campagnes électorales a coïncidé selon elle avec une « libération de la parole raciste » et une augmentation de « l’agressivité globale. » Désormais, la Perpignanaise déclare être plus vigilante qu’avant la découverte de cette lettre.
SOS Racisme contribue à sensibiliser le grand public aux enjeux liés à la migration et au racisme. Un travail nécessaire pour déconstruire les « problèmes injustement imputés » à l’immigration. Le combat continue pour cette association qui mène une « bataille culturelle » contre l’extrême droite.
*Le genre attribué à la naissance est le même que celui par lequel une personne se définit.