Article mis à jour le 5 juillet 2024 à 17:35
Depuis l’annonce de la dissolution et la forte dynamique du Rassemblement National, pas une journée ne passe sans que des propos racistes, ou homophobes se répandent sur les réseaux sociaux ou dans la rue.
Ce 3 juillet 2024, c’est à Perpignan que cela se passe. Alors que Brigitte était sur sa terrasse elle a entendu le bruit de sa boîte aux lettres. Etonnée car elle reçoit habituellement peu de courrier, elle est saisie par la teneur de la missive. Une lettre signée « La Division Marcel Bucard (fusillé pour collaboration) de Perpignan, Mouvement Populaire Français » qui indique que Brigitte n’est plus « légitime à Perpignan ». Elle doit « vendre sa maison rapidement et préparer son départ pour l’Afrique ». L’auteur de la lettre précise que la vente doit être faite au profit de « bons français de souche » (sic). Mais Brigitte ne l’entend pas de cette oreille…
Son seul « défaut », être noire de peau
Française par naturalisation, son seul « défaut », être noire de peau et être propriétaire d’un bien à Perpignan.
Extraits : « Suite aux élections du 29 juin 2024, la situation à Perpignan a considérablement changé. Il apparaît que vous n’êtes plus la bienvenue dans cette ville. Dans ce contexte, il serait peut-être préférable de vendre votre propriété au plus vite. » Si ce mouvement n’existe pas, Marcel Bucard est un fasciste notoire exécuté en 1946.
L’auteur de la lettre poursuit : « Vous devez réaliser que votre bien-être personnel ainsi que vos biens ne sont plus en sécurité car vous n’êtes plus la bienvenue aujourd’hui à Saint Mathieu, où nous allons dès le mois de septembre effectuer un nettoyage impitoyable et virulent du quartier afin d’en restaurer l’atmosphère catalane d’antan. »
Depuis la publication sur ses réseaux, les commentaires de soutien se multiplient.
«Je vais bien sûr porter plainte et demander à rencontrer le maire de Perpignan»
Contactée par téléphone, Brigitte se dit écœurée. « Cela fait 10 ans que j’habite ici. Je n’ai jamais eu de problèmes avec les gens, mes voisins, je discute avec tout le monde », affirme-t-elle. « Je vais aller porter plainte, je vais demander un entretien avec le maire de Perpignan et le maire de quartier. »
Brigitte exprime le besoin de se justifier : « J’habite sur le territoire depuis 1966 », confie-t-elle. « On se dit que ça se passe ailleurs et que ça ne peut pas arriver chez nous, et pourtant… Il faut être vigilant et vraiment communiquer là-dessus. » Si elle n’a pas vu la personne qui a déposé ce courrier chez elle, la commerçante et habitante de Perpignan compte bien porter plainte. Elle espère une prise de conscience pour le second tour des législatives. « Il faut endiguer la vague du racisme avant qu’elle ne soit trop forte. »
Brigitte la porteuse de la flamme olympique
Pour rappel, Brigitte est une commerçante connue et reconnue de Perpignan. Le 15 mai dernier elle portait la flamme olympique. L’auto-entrepreneuse passionnée par la promotion de l’artisanat français et la préservation des savoir-faire traditionnel portait la flamme entre Port-Vendres et Collioure. Pour la petite histoire, cette habitante de Perpignan a parcouru les 200 mètres de son relais avec aux pieds les espadrilles « Payote » confectionnées par Olivier Gely, créateur local.
Dans ce contexte, Brigitte déclarait qu’être porteuse de la flamme olympique représentait bien plus qu’un simple honneur. “C’est le symbole d’un lien universel capable de rassembler les humains au-delà de leur genre, de leur couleur de peau, ou de leur opinion politique.”