Icône du sport catalan, Maud Camatta a toute une vie de joueuse internationale de rugby derrière elle. Près de 14 ans après son dernier titre national, l’ancienne sportive de 43 ans évoque son parcours, mais aussi, son statut d’athlète féminine. Photo © JC Milhet / Hans Lucas.
En 2012, France 4 a été le premier diffuseur, en direct et en intégralité, d’une rencontre de rugby féminin. En mars 2016, France Télévision est devenue le diffuseur officiel de l’équipe de France féminine de Rugby. Puis la chaîne diffusera le tournoi des Six Nations féminin depuis 2021 sur les chaînes du service public, renforçant son engagement en faveur de la promotion du sport féminin sur ses antennes. De quoi mettre, petit à petit, la lumière sur ces talents encore peu reconnus.
« Le sport a toujours fait partie de ma vie »
Cavalière émérite depuis ses 5 ans, Maud Camatta a tout d’abord consacré sa jeunesse à l’équitation. « J’étais une enfant active, et ça me permettait d’évacuer ce trop-plein d’énergie », s’amuse la sportive. Un sport individuel loin de la solidarité et de l’entraide nécessaire dans les sports collectifs. C’est au lendemain de sa majorité qu’elle découvre sa véritable vocation : le rugby. Initiée sur la pelouse par une amie, la sportive ne regrette pas ce virage.
« Ce sont deux sports aux antipodes, mais qui se retrouvent par l’affection pour l’animal dans le monde équestre, et pour les coéquipières sur le terrain », précise Maud. Si ses premiers émois sportifs se sont révélés à la proximité des chevaux, ses plus anciens souvenirs sont tout de même bercés par le ballon ovale. Avec beaucoup d’amusement, elle se remémore : « avec mon père, on regardait « Stade 2 » commenté par Gérard Holtz à la télévision ! ».
Quintuple championne de France avec l’USAP, elle s’impose comme une figure incontournable de l’équipe nationale française de 2001 à 2008. « Le sport a toujours fait partie de ma vie, surtout le rugby perpignanais ».
« Je devais poser des congés pour pouvoir honorer les convocations de la fédération »
Avec un caractère bien trempé, mêlé à une certaine douceur, c’est avec plaisir que Maud Camatta décrit son rythme de vie à l’apogée de sa carrière sportive. Elle souligne que le statut professionnel n’était pas ce qu’il est aujourd’hui et n’avait pas non plus la même valeur pour ses homologues masculins.
« Nous n’étions joueuses dites « professionnelles », que si nous étions sélectionnées en équipe de France ». Elle ajoute également que « ce n’est pas parce que nous étions professionnelles que nous vivions du rugby ».
Les gagnantes du tournoi des Six nations en 2002 avaient toutes un emploi en parallèle de leur carrière sportive. « J’étais secrétaire à la Mairie de Thuir. Comme mes coéquipières, je devais poser des congés pour pouvoir honorer les convocations de la fédération ». Même si les frais de déplacement étaient pris en charge quand elle jouait en équipe de France, « la participation n’était pas du tout comme elle pouvait être aujourd’hui ». Elle ajoute cependant que le club « pouvait par exemple aider à trouver du travail compatible avec les entraînements ».
Pourquoi de telles différences ? L’une des explications du manque de considération financière vient du fait que le sport féminin reste, encore aujourd’hui, moins sponsorisé et médiatisé. « Tant que les médias français ne mettront pas en avant le rugby féminin, l’argent manquera forcément ».
Vers une meilleure perception du rugby féminin ?
Pour l’athlète, le rugby est « un sport passion, plein de caractère et de courage ». Elle ajoute qu’il y a une « solidarité et une entraide qu’on ne retrouve pas dans d’autres sports ». Une aventure humaine pour beaucoup de joueuses, qui entraîne engouement et sacrifice. « Plaquer quelqu’un ou mettre la tête pour récupérer un ballon et sauver sa coéquipière, c’est du sacrifice et du don de soi ».
Ce sont ces mêmes valeurs qui la poussent à co-fonder, avec Laurent Rovira, la première école de rugby féminin à Pia-Villelongue et Bompas. Avec cette école, elle permet désormais aux jeunes filles de progresser dans ce sport « qui reconnaît encore trop peu ses talents féminins », se désole-t-elle.
Malgré les problématiques qui ont pu être évoquées, Maud Camatta ne regrette en aucun cas sa carrière sportive. Aujourd’hui, toujours en parallèle d’un emploi à temps plein, l’ancienne rugbywoman donne de la voix sur les antennes de France Bleu Roussillon, à l’occasion des matchs de l’USAP, son « club de cœur ».