Article mis à jour le 1 août 2025 à 10:16
Depuis la fin juillet, le ministère de l’Écologie a rendu publique une carte détaillée de France de la pollution aux PFAS, ou polluants éternels. L’outil développé par le BRGM compile dans une carte interactive la présence de 34 polluants analysée dans les eaux de surface, souterraines, industrielles ou distribuées sur le réseau.
Mais quelles sont les données sur les PFAS disponibles pour les Pyrénées-Orientales ? Crédit photo © carte interactive du ministère de la transition écologique.
Dans les Pyrénées-Orientales, environ 70 analyses de PFAS sont accessibles
Au niveau de l’ensemble du territoire français, la carte compile environ 2,3 millions de données. Dans les Pyrénées-Orientales, 70 analyses ont été réalisées depuis 2016 et sont affichées sur la carte du BRGM*. Une trentaine concerne des données sur les eaux souterraines, autant sur les eaux superficielles, sept sur les eaux industrielles. En revanche, aucune analyse n’a été réalisée sur l’eau distribuée sur le réseau.
Sur la carte interactive, il est possible de voir le détail des analyses – dates, résultats et PFAS recherchés – sur l’ensemble des points de collecte des Pyrénées-Orientales. Si la majorité des points surveillés affichent « 0 analyse quantifiée », plusieurs lieux sur la carte affichent des taux mesurables. C’est le cas des eaux superficielles de la commune d’Elne où entre 2018 et novembre 2024, 22 polluants ont été recherchés et les analyses révèlent une présence importante de plusieurs d’entre eux. Idem sur le site qualifié d’industriel de Calce (usine de traitement des déchets). Sur ce point, en 2024, 30 polluants ont été recherchés et les quantités relevées sont significatives.
Dès 2023, le journal Le Monde avait rendu publiques des données détaillées dont 4 points de contamination aux polluants éternels dans les Pyrénées-Orientales. Via son plan d’action interministériel sur les PFAS décidé en 2024, le gouvernement a fait le choix de structurer son action en cinq axes. L’objectif est « d’acquérir des connaissances », « d’améliorer », « de renforcer la surveillance », « de réduire les risques liés à l’exposition aux PFAS », mais aussi « d’innover » et « de mieux informer ».
Selon le ministère de l’Écologie, « l’outil de visualisation développé par le BRGM répond à un objectif de transparence sur l’identification des sites émetteurs de PFAS et les mesures de PFAS dans les milieux. »
En 2024, c’est l’Agence Régionale de Santé qui avait rendu public plusieurs analyses. Désormais, le nouvel outil permet de compiler sur une carte en libre accès l’ensemble des données relatives aux PFAS sur un territoire. Et selon les informations fournies, cette visualisation devrait être mise à jour une fois par mois.
Que sont les PFAS et quels risques pour la santé ?
Lors de la publication des données en 2023 et 2024, nous avions questionné Anne-Leïla Meisterzheim, scientifique travaille sur les usages et transformations des matières, notamment plastiques. La fondatrice de Plastic@Sea teste également la biodégradabilité et la toxicité dans le milieu aquatique.
Les PFAS, sont une large famille de plus de 4.500 composés chimiques aux propriétés très diverses. Antiadhésives, imperméabilisantes, résistantes aux fortes chaleurs, les substances PFAS sont largement utilisées depuis les années 1950 dans divers domaines industriels et produits de consommation courante : textiles, emballages alimentaires, mousses anti-incendie, revêtements antiadhésifs, cosmétiques, produits phytosanitaires, etc.
«Ces composés sont largement utilisés parce qu’ils permettent, entre autres, de limiter le déplacement de l’eau. On les retrouve parfois dans des emballages alimentaires.»
C’est le cas des cartons en cellulose destinés à recevoir nos burgers et autres plats chauds à emporter nous précise Anne-Leïla Meisterzheim. «Ce type de polluants sont considérés comme des perturbateurs endocriniens. Ils sont vraiment toxiques et leurs effets sont avérés sur le système immunitaire, le développement cellulaire, et même le contrôle hormonal.»
Pourquoi les PFAS sont appelés les «polluants éternels»?
Selon Anne-Leïla Meisterzheim, c’est la grande stabilité de sa structure chimique qui empêche leur dégradation dans le temps. «L’association des atomes de fluor et de carbone est très stable, tellement que ce produit n’est pas dégradé de manière naturelle. Et au fil du temps, il s’accumule dans l’eau, il est aussi bioaccumulable dans les organismes, il peut pénétrer dans les tissus et se retrouver dans la chaîne alimentaire !»
*BRGM : Bureau de Recherches Géologiques et Minières.
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