Comme en 2024, l’association « Eau et rivières » a publié son étude « La Belle plage », qui répertorie le niveau de pollution sur le littoral français. Depuis deux ans, l’association de protection de l’environnement réalise son propre classement afin d’alerter le grand public sur l’état sanitaire des plages. Classée à l’orange, la plage du Faubourg à Collioure, est « déconseillée à la baignade ».
En France, il est « déconseillé » de se baigner sur 364 plages, soit 19,63 % d’entre elles. À noter que 83 plages sont « à éviter », représentant 4,48 % des eaux de baignade. Selon l’association Eau et rivières, « les épisodes pluvieux intenses sont souvent à l’origine de dysfonctionnements des systèmes d’assainissement, et du lessivage des bassins versants dans les zones d’élevage, entraînant les pollutions vers la mer. » Les eaux polluées sont aussi des zones à forte concentration humaine.
Une méthode de classement qui vise à informer les baigneurs
Chaque année, de nombreux touristes posent leur serviette sur cette plage de sable accolée au Château Royal de Collioure. Dans les Pyrénées-Orientales, sur les 51 plages répertoriées, seule la plage du Faubourg vire au orange. L’étude classe toutes les autres plages dans les catégories « Peu risqué » ou « Recommandé ».
Mais sur quels critères l’association se base-t-elle pour répertorier le niveau de pollution des zones de baignade ? Si l’étude s’appuie sur les données publiques de l’ARS, sa méthode de classement est différente. En effet, l’Agence régionale de la santé considère que l’eau de la zone de baignade du Faubourg est « de bonne qualité ». La différence est notable.
D’après l’association Eau et rivières, l’ARS suit la qualité des eaux de baignade uniquement durant la saison estivale. Ainsi, entre 4 et 14 prélèvements sont réalisés chaque année entre juin et septembre sur chaque plage. Elles sont ensuite classées suivant une grille européenne : « Excellent », « Bon », « Suffisant » ou « Insuffisant ». « Ce classement, destiné à la comparaison à l’échelle européenne, décrit la qualité moyenne des eaux de baignade, mais il ne reflète pas la réalité des risques sanitaires, information pourtant essentielle aux baigneurs », alerte le collectif.
Pour établir son classement La Belle Plage, l’association s’appuie sur les résultats des quatre dernières années. Cette méthode permettrait de proposer une lecture plus fine des données. « Nous nous basons sur les mêmes chiffres que les ARS, mais notre méthode de classement est différente car elle vise à informer les baigneurs », nuance-t-elle.
Quelles sont les causes de cette pollution ?
Lors de chaque prélèvement, l’ARS mesure deux paramètres microbiologiques : les bactéries Escherichia Coli et les entérocoques. Leur présence dans l’eau indique une contamination plutôt récente pour les premiers et plutôt ancienne pour les seconds. À noter qu’une dégradation de la qualité de l’eau peut conduire à des affections, le plus souvent bénignes, comme des troubles ORL et gastro-intestinaux. Des seuils fixés par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) permettent de classer individuellement chaque prélèvement en fonction du risque sanitaire.
La pollution microbiologique des eaux de baignade est essentiellement d’origine fécale. « Les eaux usées provenant des habitations, les déjections des animaux et les effluents rejetés peuvent être la cause d’une mauvaise qualité de l’eau », confirme l’ARS.
Un classement qui ne fait pas l’unanimité
Chaque année, l’étude menée par l’association « Eau et rivières » fait bondir les municipalités dont les plages sont « déconseillées » ou « à éviter ». L’initiative militante questionne souvent le classement officiel. En 2023, le collectif a remporté une bataille juridique face à l’ARS. L’établissement public était accusé d’avoir « manipulé » le classement des eaux de baignade des plages les plus polluées de Bretagne. Contactée, la mairie de Collioure n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations.
Vous pouvez consulter la carte interactive La Belle Plage ici. Elle permet d’identifier les plages classées par catégorie, en fonction de leur situation géographique.