Article mis à jour le 24 décembre 2025 à 11:24
Dans l’école Jean de La Fontaine de Cabestany, trois classes de maternelle sont « bilingues ». La moitié des enseignements sont en français, l’autre en catalan. Une pratique aux effets bénéfiques sur l’apprentissage global des enfants qui rythme l’année scolaire au grè des traditions catalanes. Cathy, institutrice, nous a raconté le quotidien de sa classe bilingue.
Cet article a été écrit dans le cadre de « Perpignan Stories » par Axel Tisané, accompagné par La ligue de l’enseignement 66. « Perpignan Stories » est un projet initié par Made In Perpignan en septembre 2025. Depuis, neuf jeunes ont découvert les rouages du journalisme dans notre rédaction. Ils et elles ont réalisé le reportage de leur choix, à l’écrit et en vidéo.
Grâce au soutien de Journalismfund Europe, Made in Perpignan met en avant les histoires qui inspirent ces jeunes souvent éloignés de l’information et peu représentés dans les médias.
Pratiquée par plus de 10 millions de personnes à travers le monde, la langue catalane reste minoritaire dans les Pyrénées-Orientales. Moins de 10% des habitants du département parlent catalan, en revanche un tiers des enfants en primaire y sont initiés. Selon l’Office public de la langue catalane, en 2024, ils étaient même 8% à pratiquer le bilinguisme en classe.
Pour comprendre comment s’organisent ces classes jonglant entre Français et Catalan, nous avons rencontré Cathy, institutrice à l’école La Fontaine de Cabestany. Elle enseigne le catalan en classe bilingue auprès d’enfants de moyenne section en maternelle.
Vous exercez au quotidien en français et en catalan, quelles sont les particularités de cet enseignement ?
Les circulaires officielles nous demandent de faire la moitié du temps en français et l’autre en catalan. C’est une langue d’apprentissage pour toutes les matières. À la maternelle, notre objectif principal est que l’enfant comprenne les consignes. On va commencer par les petits rituels et on introduit plus tard le catalan dans des matières scientifiques ou littéraires.
En général, ce sont des enfants jeunes qui ne parlent pas le catalan à la maison. Pour eux, il s’agit d’une langue étrangère. Donc on s’appuie beaucoup sur le mime, les comptines, la gestuelle, l’imitation. Dans une classe à plusieurs niveaux, les grands ou ceux qui ont déjà l’habitude vont entraîner les nouveaux arrivants, les aider à comprendre et à effectuer les tâches qui leur sont demandées.
Vous voyez donc une vraie dynamique évoluer au cours de l’année ?
En classe oui, mais aussi plus largement. Cela permet de faire des projets collectifs avec les autres classes, bilingues et monolingues. À l’école, nous avons trois classes bilingues et deux classes monolingues. Nous menons des projets autour de la culture catalane, comme par exemple le Tio* qu’on va faire pour Noël. On travaille aussi sur la castanyada** en automne ou autour de la Sant Jordi*** au printemps. C’est un moyen d’intégrer tous les enfants dans le même projet.
Au départ, j’avoue que ce sont surtout les parents qui font le choix pour leurs enfants. Mais l’avantage de commencer tôt, c’est qu’ils ne connaissent pas d’autre système de fonctionnement. Donc, ils ne sont pas surpris qu’on utilise deux langues au cours de la journée. Et plus on commence tôt, plus ils vont prendre les bonnes habitudes de travailler dans les deux langues.
Pourquoi avez-vous choisi d’enseigner en bilingue français-catalan ?
Cela me tenait à cœur parce que je trouve qu’autant du point de vue culturel qu’intellectuel c’est très profitable pour les enfants. Cela devrait être généralisé dans toutes les écoles du département. Là, on a deux langues, mais certains enfants en pratiquent une autre à la maison. Cela permet de développer des facultés cognitives, de faciliter l’apprentissage des matières linguistiques, mais aussi des matières scientifiques.
Notes :
*Le Tio de nadal ou « Caga tio » est une bûche de Noël décorée d’un visage, recouverte d’une couverture et d’une barretina, le béret rouge bordé de noir. Nourrie du 2 au 24 décembre, le jour du repas de Noël elle doit rendre les cadeaux au moment où les enfants la frappent avec des bâtons tout en chantant « caga tió, tió de nadal ; no caguis arengades que són salades, caga torrons, que són mes bons* ».
** La castanyada est l’une des traditions d’automne les plus emblématiques de Catalogne, mettant en avant les châtaignes, les patates douces et les panellets.
*** Chaque 23 avril, en Catalogne, la Sant Jordi, célèbre la littérature et l’amour par l’échange de roses et de livres. Cette fête populaire et culturelle profondément ancrée dans l’identité catalane est née de la légende de Saint-Georges.

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