L’Association des maires et la préfecture travaillent à la création d’un label « Commune sobre en eau » qui devrait distinguer, d’ici à l’été prochain, les collectivités du département les plus exemplaires dans leur gestion de la ressource et leur adaptation à la sécheresse. L’idée est d’adopter une communication « positive » et « incitative ».
Une ou plusieurs gouttes d’eau symboliques. Pour valoriser les communes les plus proactives dans leurs mesures d’économies d’eau, l’Association des maires (AMF 66) et la préfecture ont lancé des travaux visant à créer un label « commune sobre en eau ». Les villes et villages les plus engagés seront distingués et pourront arborer des panneaux allant d’une à cinq gouttes, symbole du niveau d’exemplarité atteint par leur commune.
Qui pourra candidater et quand ?
Pour acquérir ce label, toutes les communes qui le souhaitent pourront candidater. « On espère que toutes les communes du département feront la démarche, ce serait l’idéal », annonce Edmond Jorda, maire de Sainte-Marie-La-Mer et président de l’AMF 66. Le principe est inspiré de celui des « Villes et villages fleuris ». Plus une commune se verra décerner de gouttes d’eau, plus elle sera jugée modèle dans sa gestion de la ressource.
« Le but c’est de valoriser l’action des communes et aussi de maintenir la pression auprès du grand public, poursuit Edmond Jorda. On avait vraiment réussi à faire baisser la consommation d’eau potable au plus fort de la crise sécheresse. Il y avait eu une très forte prise de conscience, les gens faisaient attention. Mais désormais, on est revenu aux mêmes niveaux de consommation qu’avant la crise. On a l’impression que – parce qu’il pleut un peu plus – on peut de nouveau se permettre d’utiliser l’eau n’importe comment. Je crois qu’il faut vraiment qu’on vive avec ce souci de préserver la ressource. C’est capital pour tout notre territoire ! ».
Concrètement, le label sera dévoilé officiellement d’ici à la fin de l’année et l’appel à candidatures sera alors lancé. Ensuite, les récompenses devraient être annoncées au printemps 2026 et les panneaux affichés avant l’été.
Comment et sur quels critères seront évaluées les communes ?
Un jury spécifique sera mis en place. « Celui-ci sera composé de l’Agence de l’eau, de l’association des maires, des services de l’Etat ou encore de l’ARS », explique Christine Portero-Espert, directrice du plan de résilience pour l’eau des Pyrénées-Orientales. L’idée, confie-t-elle, est de s’inspirer de ce qui a été mis en place dans la Drôme. Dans ce département précurseur qui a lancé le même en label en 2025, les critères clés d’évaluation sont les suivants : la performance des réseaux ; la gestion des bâtiments et infrastructures ; les espaces verts (essences résilientes, techniques d’irrigation) ; la gestion de la ressource (récupération d’eau) ; l’accompagnement et la sensibilisation de la commune auprès des écoles, de la police municipale ou des organismes de tourisme ; la prise en compte de la ressource en matière d’urbanisme ; et la gestion des épisodes de sécheresse. Le cahier des charges précis pour les Pyrénées-Orientales est en cours d’élaboration et sera rendu public d’ici à la fin de l’année.
L’objectif, explique Christine Portero-Espert, sera de mettre en place une communication positive. « L’idée n’est pas de mettre des communes au banc ou de pointer celles qui ont des difficultés mais plutôt d’encourager les bons élèves et de valoriser et récompenser les collectivités qui mettent en place des mesures efficaces ».
Un message également diffusé par Edmond Jorda : « Le label doit être réaliste, il faut qu’il soit soutenable pour les communes. Le but n’est pas non plus de fixer des objectifs inatteignables. Et je ne souhaite pas que des communes ou des territoires soient mis à l’index. D’autant plus qu’il y a énormément de cas de figure et d’inégalités. Par exemple, dans des territoires ruraux, certaines communes ont très peu d’abonnés à desservir, mais sur des réseaux très étendus. Forcément, c’est plus compliqué pour elles et il ne faudrait pas qu’elles soient pénalisées par leurs caractéristiques géographiques ».
A quoi servira ce label ?
Le label aura surtout une portée symbolique. Il sera valable deux ans. Un suivi est déjà réalisé concernant les consommations d’eau. Mesurer l’impact réel de ce label sur la réduction effective de la consommation d’eau sera donc un objectif intéressant. Autrement dit, il faudra suivre si le label crée un effet d’entraînement et une volonté de la part des collectivités et de leurs administrés de faire mieux d’année en année. « L’objectif est de tirer tout le monde vers le haut », espère Edmond Jorda.
Pour donner un ordre d’idée : dans la Drôme, 35 communes ont été récompensées en 2025 pour la première année d’existence du label. Lors de la communication saluant les lauréats, le préfet du département a salué des communes « engagées dans une démarche exemplaire de gestion responsable, durable et innovante de la ressource » et expliqué que celles-ci bénéficieront d’assouplissements en cas de restrictions. Un chemin à suivre dans les Pyrénées-Orientales ?
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