Aller au contenu

Dans les Pyrénées-Orientales, ce système permet de stopper les déchets avant qu’ils ne polluent la mer Méditerranée 

pollution plastique ocean © naja bertolt jensen unsplash

À Canet-en-Roussillon, Stephan David, dirigeant de la société Clean Up Rivers, a mis au point une solution simple et efficace pour dépolluer les réseaux pluviaux. Depuis cinq ans, ses filets empêchent les déchets de se déverser dans la mer Méditerranée. © Naja Bertolt Jensen – Unsplash

Actuellement, 67 de ces dispositifs sont installés dans les réseaux de 13 communes du département, comme Alénya, Théza, Saint-Nazaire et Canet-en-Roussillon.​

Un fléau plastique en Méditerranée

La pollution plastique représente une menace majeure pour la mer Méditerranée. Selon une étude de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), plus de 200 000 tonnes de plastique sont déversées chaque année dans cette mer semi-fermée, et plus d’un million de tonnes s’y sont déjà accumulées. Ces déchets, composés à 94 % de macroplastiques et à 6 % de microplastiques, proviennent principalement des activités terrestres et maritimes.​

Lors de fortes pluies, les déchets sont entraînés vers les ruisseaux avant de rejoindre la mer. Les filets de Clean Up Rivers permettent de les intercepter automatiquement, évitant ainsi le débordement du réseau hydrologique. Leur particularité réside dans leur capacité à se rabattre vers le sol sous la pression de l’eau. « Quand il y a 8 kilos de pression, ça se plie pour que ça ne fasse pas ce qu’on appelle des embâcles », explique Stephan David. Ces filets, principalement remplis de déchets plastiques, sont conçus pour résister à une charge de 520 kg/m² et sont vidés environ cinq fois par an, notamment après de fortes précipitations.​

Du ramassage manuel à une solution automatisée

Avant de lancer ce projet, Stephan David était membre de l’association environnementale Citéco 66 et participait bénévolement au ramassage des déchets. Conscient de l’urgence d’arrêter la progression des déchets, il a réfléchi à une solution efficace pour stopper leur course vers la mer. « Si on n’agit pas, on peut en ramasser toute notre vie. Donc, j’ai réfléchi à comment on pourrait stopper leur progression », confie-t-il.​

L’association Citéco a offert à Stephan l’opportunité de rencontrer Philippe Kerhervé, enseignant-chercheur au Centre de Formation et de Recherche sur les Environnements Méditerranéens (CEFREM) de l’université de Perpignan. Leur complémentarité a permis de développer un dispositif simple et efficace. « Au début, nous n’avions qu’une simple grille avec deux morceaux de bois. Stephan est un bricoleur, un jour, il nous a amené un prototype. Ça a marché tout de suite ! », se souvient Philippe Kerhervé.​

Le capteur de déchets est immergé dans le réseau d’eau pluviale. Il s’agit d’un filet en polyéthylène accroché à une base en fer, fixée sur l’ouvrage en béton. Cette construction rapide à assembler est performante et facile à entretenir. « On met seulement 46 secondes pour vider un filet », affirme Stephan David, qui vide les filets cinq fois par an, lors de fortes pluies. Pour Philippe Kerhervé, « en tant qu’enseignant-chercheur, je trouve que son dispositif est très bon. Plus c’est simple, plus ça fonctionne. »​

Plastiques et microplastiques : une menace persistante

Les résultats préliminaires de l’installation de Clean Up Rivers en 2020 ont démontré l’efficacité du dispositif, tout en révélant la prédominance des plastiques parmi les déchets collectés. « Il y a plus de plastiques que d’êtres humains », dénonce Philippe Kerhervé. La pollution en Méditerranée est alarmante : certaines zones présentent des concentrations dépassant les 2 millions de fragments de plastiques par kilomètre carré. Ces microplastiques résultent de la fragmentation des macroplastiques sous l’effet de la houle, du rayonnement ultraviolet, de la température, de la dégradation bactérienne et de l’agitation mécanique.​

Chaque année, environ 1,4 million d’oiseaux et 14 000 mammifères meurent en ingérant du plastique. Ce phénomène affecte l’ensemble de la chaîne alimentaire, dont une partie est consommée par l’homme. Une étude de 2022 de l’université d’Amsterdam a révélé que le sang de 8 personnes sur 10 contiendrait du plastique. Mais, selon Philippe Kerhervé, « le plus gros danger, ce n’est pas ce qu’on mange, mais ce qu’on respire. » Alors si la création de Clean Up Rivers est de bon augure dans la lutte contre cette pollution, elle n’en est malheureusement qu’une étape.

Participez au choix des thèmes sur Made In Perpignan

Envie de lire d'autres articles de ce genre ?

Comme vous avez apprécié cet article ...

Partagez le avec vos connaissances

Zofia Winiarska