Article mis à jour le 19 janvier 2022 à 16:43
Dimanche 28 juin, 15.743 Perpignanais ont choisi de voter pour la liste de Louis Aliot ; quand 13.908 électeurs votaient pour le maire sortant, Jean-Marc Pujol. Ce score confère à la liste portée par Louis Aliot 42 conseillers municipaux ; 13 par la liste de Jean-Marc Pujol. Ce vendredi 3 juillet, les 55 conseillers municipaux voteront à bulletin secret pour élire le nouveau maire de Perpignan. Crise du Covid oblige, cette élection se fera en l’absence de public. Réactions et premières polémiques suite à l’élection du numéro 4 du Rassemblement National.
♦ Un collectif d’intellectuels refuse que Walter Benjamin devienne un « trophée, une prise de guerre dans la vaste tentative de dédiabolisation »
Parmi les signataires du collectif figurent des historiens, sociologues, philosophes ou écrivains. Précédemment, l’annonce du numéro 3 de la liste de Louis Aliot avait déjà fait grincer des dents. Car André Bonet est le fondateur du Centre Méditerranéen de Littérature ; ainsi que récipiendaire et membre du jury du Prix littéraire Walter Benjamin. Selon les déclarations de Louis Aliot dans l’Indépendant, André Bonet devrait occuper le poste d’adjoint à la culture.
Publiée dans Le Monde, la tribune rappelle « que le parti de M. Aliot se situe dans l’héritage des mouvements politiques nationalistes qui, dans les années 1930 et 1940, en Allemagne d’abord, puis en France et en Europe, ont contraint Benjamin à fuir, l’ont persécuté et contre lesquels il s’est toujours dressé. Un parmi tant d’autres « sans nom » et qui doit témoigner pour eux ».
Ce qui rebute le collectif ? La réouverture du centre d’art Walter Benjamin prévu par Louis Aliot dans son programme. Avant sa fermeture, ce lieu abritait une école d’art ; et Louis Aliot souhaite y installer un lieu dédié « à la création et au devoir de mémoire ».
« Il est urgent d’arracher le nom de Walter Benjamin pour le mettre en sûreté des mains de l’extrême droite et de tous ceux qui réécrivent l’histoire, une fois encore, à l’encre des oppresseurs d’hier tandis qu’ils stigmatisent, sous toutes ses formes, l’étranger et le migrant ».
♦ Louis Aliot réagit violemment à la polémique faisant rappel de sa propre histoire et de celle de cette « gauche morale »
« Quand on retirait de l’école à Alger ma mère et mes oncles au prétexte qu’ils avaient un patronyme juif, en l’occurrence celui de mon grand-père Sultan, Mitterand était à Vichy, les communistes collaboraient avec les nazis fidèles au pacte germano-soviétique et René Bousquet était préfet de police à Paris. Alors je les laisse à leurs querelles stériles et à leurs consciences. J’ai un grand respect pour la mémoire et tous les martyrs de cette abominable période. Qu’ils balaient devant leurs portes… À Perpignan, nous respectons et respecterons cette mémoire. Que ça plaise ou non… »
♦ Jean-Marc Pujol quitte la vie publique
Lors d’un long échange avec son successeur, le maire sortant aurait dévoilé qu’il ne siégerait pas dans l’opposition et qu’il quittait la vie publique (propos rapportés par Radio Arrels). Jean-Marc Pujol aurait donc décidé de mettre un point final à sa carrière politique après sa défaite face à Louis Aliot. Dimanche 28 juin, et alors qu’il annonçait les résultats, il ne cachait pas sa tristesse et assumait sa responsabilité à la tête « d’une équipe qui n’a pas démérité ».
Depuis le patio de l’Hôtel de Ville, sous le grand écran égrainant les résultats, il déplorait une abstention trop forte. « Les gens ne sont plus intéressés par la vie publique ; notre démocratie est malade ». Jean-Marc Pujol assumait « une défaite personnelle en tant que chef d’équipe » et s’inclinait devant le choix des Perpignanais. Il regrettait néanmoins que, durant cette campagne, les projets n’aient pas été suffisamment évoqués ; mettant en garde car « on ne peut pas changer les choses avec l’anathème ».
https://twitter.com/Pujol2020/status/1278311508544557056
♦ Réaction des anciens candidats à l’élection municipale
⊕ L’écologiste Agnès Langevine s’exprime sur les réseaux sociaux :
« Une infinie tristesse, mais une grande détermination » pour l’écologiste Agnès Langevine. Celle qui avait opéré un retrait républicain malgré sa qualification se déclare prête à s’opposer fermement à la nouvelle équipe tout en restant « aux côtés des associations, des entreprises, des acteurs culturels et des citoyens ». Elle en appelle en substance au rassemblement pour mener le combat.
⊕ Le candidat En Marche Romain Grau
Arrivé en 4e position, le député de la 1ère circonscription avait fait le choix de se retirer du second tour. L’ancien premier adjoint de Jean-Marc Pujol prend acte « de la volonté d’une majorité de Perpignanaises et de Perpignanais qui ont porté leurs suffrages en majorité sur la liste du Front national conduite par Monsieur Aliot ».
Depuis l’annonce de son score au soir du 15 mars, le député En Marche a déserté le terrain et laissé son équipe sans nouvelles. Sur Facebook, l’ex-candidat en appelle « à la responsabilité et à l’exigence des Démocrates sur notre ville pour se mettre en mesure de résister dans les années à venir qui s’annoncent particulièrement difficiles pour Perpignan ».
⊕ Caroline Forgues, tête de liste L’alternative déclarait au journal L’indépendant être « écœurée »
Avant de lancer, « nous avons 6 ans devant nous pour faire un travail de terrain ».
⊕ « L’élection de Louis Aliot est un désastre pour Perpignan » selon la candidate sans étiquette Clotilde Ripoull
https://twitter.com/ClotildeRipoull/status/1277293447238553600
⊕ Pour Olivier Amiel, ce résultat est « l’expression très nette du rejet d’un système politique clientéliste et d’une exaspération en matière de sécurité publique »
L’ancien adjoint de Jean-Marc Pujol avait fait le pari d’incarner le renouvellement de la classe politique perpignanaise ; mais il n’avait convaincu que 3,59% des électeurs. Lors de la campagne d’entre deux tours, Louis Aliot et le maire de Béziers Robert Ménard n’avaient pas tari d’éloge sur Olivier Amiel. Tous deux louaient en conférence de presse son courage politique de ne pas appeler au front républicain.
Olivier Amiel, déclarait au lendemain des résultats du second tour : « Il est toujours bon dans une démocratie de laisser une chance à l’alternance ».
♦ Malgré un appel à manifester, peu de personnes dans les rues pour dire non au Rassemblement National
Le Préfet des Pyrénées-Orientales avait prévu un dispositif conséquent ; anticipant d’éventuels débordements suite à l’annonce des résultats. Mais malgré l’appel d’une minorité de la gauche et des syndicats, pas plus d’une cinquantaine de personnes se sont déplacées devant l’Hôtel de ville ; une opposition plus évidente sur les affiches de campagne de Louis Aliot.
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