Article mis à jour le 30 décembre 2022 à 08:41
Le passage de la tempête Gloria du 20 au 23 janvier a provoqué des dommages importants sur la Route Nationale 116. À cause d’un glissement du sol, la chaussée est désormais impraticable à partir de la commune de Fontpedrouse. Et la dégradation pourrait évoluer puisque le glissement de la montagne n’est pas encore stabilisé. Les autorités estiment à plusieurs semaines la phase de stabilisation, d’analyse, de début et de fin des travaux. Des semaines qui, mises bout à bout, pourraient devenir des mois.
Le secrétaire d’État en charge des transports « confirme l’engagement de l’État qui financera sans délai l’ensemble des travaux de réparation et de remise en circulation de la RN116″. Des travaux estimés à ce jour à plus de 10 Millions d’euros. Mais quid au-delà de ce tronçon ? Les professionnels réclament un doublement de la route. Et surtout un plan Marshall à la hauteur de l’investissement réalisé en Savoie dès 1990.
♦ 1.500 entreprises et 30.000 habitants isolés dans la montagne
Le 7 février dernier, de nombreux politiques et citoyens se sont mobilisés pour manifester leur colère fasse à la situation. Une situation qui met en péril les 1.500 entreprises dépendantes à 98% de la RN116. Président de l’Union des Artisans, Robert Massuet s’interrogeait. « Comment vont faire les taxis et les ambulanciers pour amener les habitants à leurs consultations médicales ? Comment répercuter les heures perdues et les kilomètres à parcourir ? Qui va payer ? ». Malgré des mesures mises en place pour demander le report du paiement des charges, les professionnels s’interrogent.
Élus, habitants et professionnels s’insurgent contre un déficit d’investissement à long terme sur cette route. Les professionnels réclament « un véritable plan Marshall de modernisation de cet axe avec des ouvrages adéquats correspondant à la situation particulière de la RN 116, notamment dans sa partie montagne ».
« Aujourd’hui nous voulons comme la Savoie en 1990 un budget « Olympique » pour que la RN116 soit doublée vers Font-Romeu en 2 ans ». Le Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de rappeler le précédent incident. Incident d’une ampleur comparable survenu en juin 2007 où les 10 jours de coupure avaient engendré une perte de 1,8 M€ pour les entreprises du territoire.
♦ Une route alternative à la RN 116 ?
Pour se rendre sur le haut-plateau, la Préfecture préconise de circuler :
- Par l’autoroute A61, la A66, et la Route Nationale 20,
- Par la Route Départementale 117 via Estagel, St Paul de Fenouillet. Et emprunter ensuite la Route Départementale 118 via Axat. Cette route est interdite aux poids lourds de plus de 7,5 tonnes,
- L’accès est également possible via Barcelone, Puigcerda et Bourg Madame.
Pour rappel, le Conflent reste accessible ; et notamment Villefranche-de-Conflent, Olette, Vernet-les-bains ou Saint-Thomas. Des communes dont une partie de l’économie est également basée sur le tourisme de passage.
♦ La chaussée de la RN 116 déformée sur une centaine de mètres
La préfecture rappelle les événements sur le tronçon endommagé :
« Dimanche 2 février, une légère déformation de la chaussée est observée sur la voie montante à la fin du créneau de dépassement du Pallat, par les hommes de l’entreprise en charge de la régulation du trafic alterné.
Lundi 3 février, vers 9h30, les acteurs du chantier de l’éboulement situé 300 m en aval font état d’une aggravation de cette déformation. Dans les minutes suivantes, le représentant DIRSO se rend sur place et observe comme signe tangible d’un mouvement de terrain le décollement de l’extrémité de la glissière en béton placée en rive de chaussée sur une dizaine de centimètres.
Entre 9h30 et 10h15, le décollement de la glissière est visible à l’œil nu (plusieurs cm en 45 mn). Une onde de déformation se dessine sur la chaussée. Décision est prise de fermer la route dans les 2 sens et d’interdire toute circulation sur la zone avant expertise ».
♦ Mouvement « en tout point identique à celui survenu en 2007 »
Que ce soit pour les causes ou pour les conséquences… L’expertise a permis de comprendre la cause de cet important mouvement de terrain.
« Il s’agit d’un canal d’irrigation : le canal de Canaveilles. Ce canal, qui permet l’irrigation des terres communales, a été construit en 1861 grâce à la création d’une association syndicale. La prise d’eau s’effectue sur la Têt, au pied de Mont-Louis et de Fetges. Le canal parcourt donc 13,4 km à flanc de montagne, surplombant la vallée de la Têt parfois par des à-pics, en particulier au pied du Roc de l’Aigle sur la commune voisine de Fontpédrouse. Le canal a subi d’importants désordres. Il est bouché par des éboulements et menace par endroits de s’effondrer. La zone est très instable et empêche toute intervention pour le désobstruer. »
« Le canal, qui draine une partie des eaux de surface et de fonte des neiges, a débordé dans le versant en amont de la zone où sont localisés les désordres sur la RN116. Sous l’effet des venues d’eau massives et de la poussée hydrostatique qui en résulte, la RN116 a subi d’importantes déformations ».
En l’état des investigations, la colère des usagers semble légitime face à un événement déjà survenu en 2007.
♦ Les mesures conservatoires en attendant la fin du mouvement de la montagne
Le rapport rappelle qu’en 2007 ce type de désordre avait déjà eu lieu.
« Le mouvement mobilisant le versant entre le canal de Canaveilles et la route nationale 116 est en tout point identique à celui survenu en 2007 que ce soit pour les causes ou pour les conséquences. Il doit être donné le temps au massif de se drainer ce qui n’interviendra qu’après que l’injection d’eau par le canal de Canaveilles aura pris fin. Des purges d’éléments rocheux instables, la fermeture des lèvres d’arrachement, le complément en drains subhorizontaux, le terrassement et la stabilisation du talus aval seront étudiés lorsque le terrain aura été essoré et l’accès au site en relative sécurité rendu possible. ».
Une fois le mouvement stabilisé, il sera alors possible de déterminer les travaux nécessaires à la réouverture.
♦ La petite route dite des Garrotxes n’est PAS une déviation
Pour sa part, le Conseil départemental est en charge des routes départementales dont les RD4 et RD4c. Il rappelle que ces dernières ne peuvent en aucun cas constituer un itinéraire de déviation de la RN116.
La RD4 entre Olette et Matemale et la RD4c entre Ayguatébia-Talau et La Llagonne sont fermées à tous les véhicules. Exception faite pour les riverains habitant les communes desservies par ces deux RD, et uniquement pour les véhicules inférieurs à 3,5t.
Cette interdiction ne s’applique pas aux transports scolaires, aux véhicules de secours, de lutte contre l’incendie et de gendarmerie et aux véhicules destinés à l’entretien et à l’exploitation des routes départementales ou nationales.
Des autorisations de circuler peuvent être délivrées nominativement sur demande écrite. Demande par mail auprès de la Direction Départementale des routes : laisserpasser.route@cd66.fr. Informations par téléphone, tous les jours, de 7h à 19h au 04.68.30.44.61
- Tribunal de Perpignan : Arrivée de la présidente, dévoilement du projet architectural, les nouveautés 2025 - 20 décembre 2024
- Sur le départ, Pierre Viard raconte ses six années dans la robe du président du tribunal de Perpignan - 20 décembre 2024
- [Carte] Quelles communes des Pyrénées-Orientales ont gagné ou perdu des habitants ? - 19 décembre 2024