Article mis à jour le 22 octobre 2025 à 19:03
Ce mercredi 22 octobre 2025, le tribunal judiciaire de Perpignan organisait sa rentrée solennelle, marquée par l’installation officielle de Jérôme Bourrier, nouveau procureur de la République. Il succède à Jean-David Cavaillé, parti pour Versailles, et prend ses fonctions dans un département où la délinquance transfrontalière et le trafic de stupéfiants imposent une réponse judiciaire renforcée.
Quelle feuille de route du nouveau procureur de la République des Pyrénées-Orientales ?
Prenant place à la tribune du ministère public, le magistrat de 54 ans a déclamé un discours plein de fermeté à l’encontre de ceux qui « menacent le pacte républicain ». Parmi ses priorités, la lutte contre le narcotrafic. Le nouveau procureur entend bien appliquer à plein les actions facilitées par la loi du 13 juin 2025. Ce nouveau texte permet de lutter plus efficacement contre l’argent de la drogue, mais aussi d’ordonner des mesures administratives. Dans les Pyrénées-Orientales, mi-octobre, le préfet communiquait sur la signature de plusieurs mesures, fermetures administratives, interdictions de paraître sur un point de deal, et résiliations de baux par les organismes sociaux…
Dans son discours, le procureur insiste sur « ces narco-criminels qui voudraient instaurer une narco-société mue par un système de contrevaleurs primaires, la peur, la corruption, l’intimidation, la violence et le nihilisme. Cette lutte contre le crime organisé ne supporte aucune faiblesse, aucun renoncement et justifie de mobiliser tous les leviers juridiques et humains dont nous disposons. Il est plus tard que nous ne le pensions. »
Après les très médiatiques « opérations place nette », le procureur poursuit donc la lutte contre les trafics de stupéfiants qui gangrènent les Pyrénées-Orientales. Et parmi les nouveautés du parquet, la territorialisation. Le procureur souhaite « confier à certains magistrats une référence par zone géographique pour qu’ils aient une compétence plus fine du territoire. »
Toujours dans la lutte contre le trafic de stupéfiants, le procureur, s’appuyant sur un décret de 2023, veut mettre en place des « groupements locaux de traitement de la délinquance ». Selon le magistrat, ce dispositif permet « d’amplifier l’action de l’État » sur une zone spécifique et sur une durée précise afin de « mettre fin, ou en tout cas de résorber, un phénomène qui a été constaté. » En clair, le procureur veut concentrer tous les moyens de l’État sur une zone et un temps donné. Et c’est le procureur adjoint qui cite, à Perpignan, l’une des zones les plus touchées par le trafic de stupéfiants. « Le quartier Saint-Jacques, connu pour ses fours, à quelques centaines de mètres du tribunal ».
« La meute » du parquet de Perpignan
Quelques instants plus tôt, le procureur adjoint Nicolas Brignole, qui assurait l’intérim depuis le départ de Jean-David Cavaillé, a dressé un état des lieux sans concession de la juridiction. S’il évoque d’abord « une carte postale presque idéale », 341 avocats inscrits au barreau, un commissariat, quatre compagnies de gendarmerie, un centre pénitentiaire, le magistrat souligne rapidement les failles d’un territoire confronté à une « délinquance transfrontalière totalement débridée ».
Dans un clin d’œil à la géographie locale, il décrit l’autoroute A9 une « autopista de la drogua », rappelant que 65 % des stupéfiants en provenance d’Espagne transitent par les Pyrénées-Orientales. « Nous assistons à une véritable vague submersive de cocaïne », alerte le procureur adjoint, évoquant une pression constante sur les services judiciaires et policiers. Face à ces enjeux, le parquet affirme sa réactivité : en 2014, 14 magistrats ordonnaient près de 2 000 déferrements. « Ce chiffre a augmenté de 140 % en cinq ans », se félicite-t-il.
Nicolas Brignole a poursuivi en rappelant le parcours du nouveau procureur et les propos que Jérôme Bourrier utilise pour qualifier son équipe. « Une vraie meute, comme vous aimez à dire, prête à vous suivre le plus loin possible sur le chemin du service public de la justice ». En aparté, le nouveau procureur revient sur ce terme. « Mes propos illustrent le fait que le parquet est un collectif. C’est un travail d’équipe, d’urgence, qui engage beaucoup. Je tiens énormément à cette forme de solidarité qui existe toujours au sein des magistrats du parquet et du ministère public. »
Au-delà du procureur, une dizaine de magistrats du siège ou du parquet et plusieurs membres du greffe ont été « installés » au tribunal de Perpignan ce mercredi 22 octobre.
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