Article mis à jour le 22 avril 2024 à 16:01
À Perpignan ce lundi 22 avril, les 650 élèves du groupe scolaire d’Alembert ont eu une rentrée particulière. C’est habillés d’une tenue commune que les écoliers ont franchi le portail pour rejoindre leurs camarades de classe avant la reprise des enseignements. Présent, le maire RN Louis Aliot a donné son avis sur le « sentiment d’appartenance » rendu possible par l’uniforme bleu marine.
Les écoles, deux primaires et une maternelle, étaient volontaires pour participer à ce premier essai de l’uniforme. Perpignan avait saisi la balle au bond et répondu à l’appel lancé par Gabriel Attal, en décembre 2023. En cas de retour positif, dès la rentrée 2026, l’uniforme pourrait être généralisé pour l’ensemble des écoliers de France.
Sur l’origine des vêtements achetés en nombre, l’étiquette « Made in UK » indique que l’assemblage des pièces a été réalisé au Royaume-Uni. Le flocage, lui a bien été réalisé dans les Pyrénées-Orientales. La question sur la fabrication du tissu demeure à ce jour sans réponse. Ni le maire de Perpignan, ni la responsable académique n’ont souhaité s’exprimer sur ce point.
Selon Louis Aliot, « l’uniforme n’est pas l’uniformisation »
En primaire, deux tee-shirts, deux polos et un sweat ont été fournis aux familles. Pour les classes de maternelle, les écoliers ont reçu quatre chasubles à enfiler par-dessus le vêtement.
Les services de l’éducation nationale dans les Pyrénées-Orientales ont fait le choix de limiter le nombre de pièces par lots. Selon la responsable académique, Anne-Laure Arino, « ce n’est pas nécessaire d’offrir des quantités excessives. Ils vont grandir tout au long de l’année et auront besoin de nouveaux lots d’ici peu. » Pour ceux qui pourraient avoir à redire sur le nombre de tee-shirts ou chasubles, Anne-Laure Arino a tenu à rajouter que les enfants « apprendront davantage à prendre soin de leur tenue. » Une tenue, à dominante bleu marine. Sur le côté gauche du t-shirt ou chasuble, le blason de la ville, drapeau catalan et lueur rayonnant en son centre, représente « Perpignan-La-Rayonnante ». Si Saint Jean-Baptiste et son agneau figurent sur le blason de la ville, laïcité oblige, le saint patron de Perpignan ne peut figurer sur les uniformes des écoliers.
L’État et les collectivités ont intégralement financé les uniformes. Le coût par enfant et par lot est de près de 200 euros. Pour Louis Aliot, maire de la ville, la tenue unique permet aux élèves de se rassembler autour d’un élément et d’un logo. « Pour une école comme celle-ci, dans un quartier en difficulté, la tenue unique permet de remettre de la cohésion et un sentiment d’appartenance à l’école ». Le Maire rappelle néanmoins que « l’uniforme n’est pas l’uniformisation ». Mais combien de temps cette expérimentation durera-t-elle ? Au moins un an selon Louis Aliot et Anne-Laure Arino. « Le Ministère va créer un corps d’inspection avec des sociologues pour en étudier les avantages. »
L’uniforme à Perpignan, un sujet qui divise les familles
Après deux semaines de vacances de printemps, tous sont arrivés ce matin vêtus de leur nouveau sweat-shirt. La plupart des parents accueillent positivement l’idée. Pour Rayan, jeune père de famille : « L’uniforme met tous les élèves sur un pied d’égalité. » Mais si certains parents se montrent satisfaits, d’autres affichent leur mécontentement. « Les tenues ne sont pas uniques. Les vestes et le bas sont les nôtres alors on verra quand même les différences. » se désole Sylvie. Cette maman de rajouter, il fait « très chaud dans les classes » et qu’investir dans une climatisation neuve serait « plus important pour les enfants ». D’autres parents partagent l’avis de Sylvie. David, père de deux élèves de primaire, pointe du doigt le manque d’enseignants à l’échelle nationale. « Il n’y a pas assez de professeurs dans le réseau scolaire, comment peut-on gaspiller autant d’argent dans des uniformes plutôt que de l’utiliser pour s’assurer d’avoir un enseignant dans chaque classe ?. »
La question du harcèlement est sur toutes les bouches. Pour beaucoup, la tenue unique n’est pas la solution au problème. « La solution est un peu trop facile, le problème devrait plutôt être pris à la base. », affirme Cédric papa d’une fillette en primaire. Shaïna se montre aussi inquiète : « Il y a beaucoup d’autres priorités : l’uniforme ne changera rien à la génération d’aujourd’hui. S’ils ont un uniforme, mais un jean ou des baskets de marque, le problème sera le même ».
De son côté la fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques des Pyrénées-Orientales (FCPE66) exigent le retrait de ce qu’ils considèrent être « une nouvelle annonce populiste à la volée, qui ne répond à aucun vrai problème de l’école. » Via un communiqué de presse la FCPE66 déclare que « l’uniforme ne sera jamais l’arbre qui cache la forêt des inégalités, d’autant plus que le coût pourrait rapidement retomber sur les parents puisque la question de son financement se pose déjà… » Le syndicat de parents d’élèves en appele à un vrai débat sur l’école.
Si quelques enfants ont fait leur rentrée à reculons, beaucoup sont ravis de leurs nouveaux vêtements. Devant le portail de la cour de récréation, Manon est fière de retrouver ses copines, habillées comme elle. Sa maman d’ajouter « Tant mieux, c’est l’enfant qui doit la porter alors c’est important qu’il se sente bien avec sa tenue ».