Article mis à jour le 25 novembre 2018 à 18:17
Dernière mise à jour 15/11/2018 à 18h30 – Plus le 17 Novembre approche et plus il est difficile de ne pas croiser de tableaux de bords ornés de cet « élégant » gilet jaune, gilet mis à l’honneur par Karl Lagerfeld dans un clip pour la sécurité routière. Ce gilet fluorescent est aujourd’hui devenu le symbole de la grogne d’une France qui a du mal à imaginer son quotidien sans voiture. Une inconnue se dessine pourtant, le mouvement sera-t-il suivi ? Ceux qui affichent sur leur profil Facebook « Non je ne participerai pas au blocage » ou qui utilisent le hashtag #SansMoile17 auront-ils le mot de la fin ? Ou la mobilisation qui s’organise sur les réseaux sociaux aura-t-elle l’ampleur escomptée par le mouvement ? Les politiques locaux participeront-ils ?
♦ Dans les Pyrénées-Orientales ?
La préfecture précise les choses avec des blocages prévus, auxquels des opérations « escargot » dans la plaine du Roussillon ne sont pas à exclure
– le blocage des entrées et des sorties d’autoroute Perpignan nord,
– le blocage des entrées et des sorties d’autoroute Perpignan sud,
– le blocage des ponts et axes principaux en centre ville de Perpignan,
– le blocage de la grande barrière de péage du Boulou et du centre ville du Boulou
Des déclarations de manifester ont été déposées concernant :
- Un barrage filtrant sur le rond point de la Route Nationale 116 à l’entrée de Prades
- Un blocage au niveau du rond point de la station service sur la Route Nationale 116 à Mont Louis
- Une opération escargot sans blocage en centre ville de Perpignan (Péage Nord au rond point des arcades)
Les choses s’organisent avec des personnes référentes et à contacter pour agir sur Perpignan, Thuir, Prades, Saint-Esteve, Le Boulou, Rivesaltes, Amélie-les-Bains, La Salanque, St Féliu… Le collectif Blocus 66 déclare : « En aucun cas, nous ne sommes organisateurs, mais uniquement porte-paroles ». Carte interactive des blocages prévus le 17 Novembre.
Un point de rendez-vous a été établi au « Parking en face du Mega CGR (Zone Carrefour Claira) afin de mener une opération escargot sur l’autoroute A9 en direction du Boulou et blocage de la frontière avec les taxis ».
Le collectif rappelle les consignes suivantes :
- « Toute personne participante est dans l’obligation de porter un gilet fluorescent.
- Chaque personne est responsable de ses agissements et son comportement.
- Aucune revendication politique n’est admise ; c’est un mouvement civil.
- Le mouvement est pacifiste, aucune casse, aucun feu ou autre dégradation sous peines de sanctions lourdes.
- La sécurité, la compréhension, la communication et la légalité sont les priorités pour que le mouvement se déroule sans débordement ».
♦ « Si on vous demande qui est le responsable, répondez, Macron »
Malgré leurs tentatives de dédouanement en se qualifiant de « porte-parole » et non d’organisateurs, ces recommandations ressemblent fort à un semblant d’organisation. Ils seraient donc passibles de 6 mois d’emprisonnement et de 7500€ d ‘amende pour ne pas avoir déclaré les marches et autres blocages sur la voix publique.
Pour rappel, les organisateurs d’une manifestation sont dans l’obligation de faire signer une déclaration auprès de la préfecture pour Perpignan ou auprès de la commune où se tiendra la manifestation dans les 3 jours ouvrés qui précèdent l’action.
L’article 431-9 du code pénal prévoit les peines ci-dessus pour le fait d’avoir :
- organisé sur la voie publique une manifestation n’ayant pas fait l’objet d’une déclaration préalable dans les conditions fixées par la loi ;
- organisé sur la voie publique une manifestation interdite dans les conditions fixées par la loi ;
- établi une déclaration incomplète ou inexacte, de nature à tromper sur l’objet ou les conditions de la manifestation projetée ou qui, soit avant le dépôt de la déclaration, soit après interdiction, auront adressé, par un moyen quelconque, une convocation à y prendre part.
Or, compte tenu du mot d’ordre diffusé sur les réseaux sociaux, ceux qui participent aux blocages ont pour consigne de déclarer que le responsable est Emmanuel Macron. Difficile dans ces conditions de poursuivre l’organisateur.
Parmi les consignes diffusées sur les réseaux sociaux pour éviter amendes et autres sanctions prévues par la loi :
- « Je ne bloque pas, ma voiture est en panne… On débranche tous notre batterie de voiture, on simule une panne. Il me semble que ce n’est pas interdit d’être en panne. Ils nous prennent pour des idiots, prenons les pour des cons »
- « Dans le cas où vous êtes à pied, et bloquez un rond-point répondre « Que vous traversez la route pour trouver du travail !!!«
♦ Christophe Castaner ne veut « aucun blocage total »
En visite éclair la veille de son interview par Jean-Jacques Bourdin, nous n’avions pas pu questionner le Ministre de l’Intérieur quant au dispositif envisagé pour le 17 Novembre. Depuis, il s’est exprimé au micro de RMC, « partout où il y aura un blocage et donc un risque pour les interventions de sécurité mais aussi pour la libre circulation, nous interviendrons ». Christophe Castaner rappelait également l’obligation pour les organisateurs de déclarer les manifestions, sous peine de sanction, auprès de la préfecture. La Préfecture des Pyrénées-Orientales nous confirmait, aujourd’hui, qu’aucune manifestation n’avait été déclarée. Même si certaines personnes se sont manifestées pour prendre des renseignements quant aux modalités de déclaration d’une manifestation. Les services de la préfecture nous signalent également qu’une communication sera faite dans les heures à venir pour rappeler la réglementation en la matière.
Pour répondre à cette obligation, les porte-paroles déclarent : « Dans la mesure du possible, ESSAYEZ DE DECLARER en préfecture les points de blocages que vous aurez décidés (nous ne pouvons pas déclarer nous-même plusieurs points, sinon ce sera refusé). Une formation aux déclarations en préfecture sera assurée avec l’un de nos avocats dans la semaine ».
♦ Jean-Marc Pujol « aux côtés des gilets jaunes »
Malgré les demandes de non-politisation du mouvement, et le qualificatif de « mouvement citoyen », cette mobilisation ne manque ni de référents politisés en son sein, ni de tentatives de récupération. Dernière en date, celle de Jean-Marc Pujol, maire Les Républicains de Perpignan et candidat à sa réélection en 2020 face à son ancien premier adjoint, devenu député sous l’étiquette En Marche. Il profite de la mobilisation et de la grogne face à la hausse du prix de carburants pour rappeler « La fiscalité ne peut plus être une variable d’ajustement en France. Il faut s’attaquer à la dépense publique ». Et prévient : « je crains que la hausse des carburants ne soit l’arbre qui cache la forêt, et que sous ce seul prétexte la grogne des Françaises et des Français soit en fait alimentée par d’autres colères qui fragilisent et grignotent chaque mois davantage leur pouvoir d’achat ».
Nous avons sollicité la présidente socialiste du département Hermeline Malherbe, qui n’a, pour l’heure, pas encore fait part de sa participation ou non à ce mouvement.
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