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Ces maîtres-verriers qui subliment les vitraux des Pyrénées-Orientales

Ces maîtres-verriers qui subliment les vitraux des Pyrénées-Orientales

Article mis à jour le 19 février 2024 à 13:04

À la précision de leurs mains, Jérôme et Karine travaillent le verre avec créativité. Installés au Moulin des arts et de l’artisanat à Arles-sur-Tech, ces maîtres-verriers perpétuent dans leur atelier un savoir-faire unique : la création et la restauration de vitraux. Photos © Célia Lespinasse

C’est au cœur de l’ancienne usine de tissage catalan que plusieurs artistes des Pyrénées-Orientales ont posé leurs bagages. À l’atelier Bulle de verre, Jérôme et Karine proposent leurs services en matière de restauration de vitraux et de peinture sur verre. Karine est diplômée du Cerfav (centre européen de recherches et de formation aux arts verriers), peintre décoratrice de profession, c’est en Bourgogne qu’elle se perfectionne auprès d’un maître-verrier. Jérôme a fait les beaux-arts, il est également passé par le Cerfav. Formé aux arts décoratifs, l’artisan a appris la peinture sur verre aux côtés du meilleur ouvrier de France, Henri Hemlbold. 

Un savoir-faire ancestral perpétué dans les Pyrénées-Orientales

Aujourd’hui, les deux artisans vivent principalement de la restauration de vitraux. Jérôme et Karine ont œuvré sur plusieurs édifices du département des Pyrénées-Orientales. « Nous avons travaillé sur les vitraux de l’église Saint-Martin à Perpignan, à Cerbère, Saint-Estève, Olette, Espira-de-Conflent, Ur… », énumère Karine. La direction régionale des affaires culturelles sollicite régulièrement les maîtres-verriers.

Une fois sur place, les artisans retirent le vitrail pour le ramener à leur atelier. « Nous enlevons les vieux plombs et nous remplaçons les verres cassés… Là, il y a de la peinture sur verre à effectuer par exemple ! », désigne Karine, qui pointe du doigt le vitrail de l’église d’Ur. La grisaille est l’un des types de peintures utilisées pour la fabrication de vitraux. « C’est un matériau composé d’oxyde métallique et de silice. Une fois passé au four à 640 degrés, le produit pénètre le verre », précise l’artisane.

Les artisans créent aussi des vitraux à la demande des particuliers. Sur une des tables de l’atelier, un panneau issu d’une prestigieuse villa de Perpignan trône au milieu des outils. « C’est un cabinet d’architecte qui a racheté une belle maison datant du 19e siècle », souffle Karine, qui contribue à restaurer ce patrimoine local.

Karine présente toujours une maquette à taille réelle du futur vitrail à son client. La précision du dessin est impressionnante. Toutes ces étapes de création demandent énormément de temps à l’artisane. « On n’arrive jamais à ce résultat dès le premier coup de crayon. Il faut fournir un gros travail d’imagination et proposer différentes versions du vitrail. Il faut aussi savoir s’adapter à la clientèle, ce n’est pas toujours simple », sourit la maître-verrier.

Le verre sous toutes ses formes à Arles-sur-Tech

Karine et Jérôme proposent également à la vente des objets de décoration, conçus grâce à une méthode bien précise. Le fusing est une technique permettant d’assembler des morceaux de verre. « Jérôme a la particularité d’utiliser du verre à vitre », explique Karine. Les morceaux de verre fusionnent au four à près de 800 degrés. La pièce est ensuite déposée dans un moule pour lui donner sa forme, ce que Karine appelle « le thermoformage ». D’autres méthodes existent comme le sablage qui permet d’opacifier des parties du verre. 

L’artisane réalise aussi des perles, un art verrier unique en son genre. À l’aide de son chalumeau et de baguettes en verre, Karine forme ses petites billes avec une flamme approchant les 1000 degrés. Les perles de verre filées au chalumeau sont ensuite utilisées pour confectionner des bijoux. 

Les artisans sont confrontés à l’augmentation du coût des matériaux. Au fond de l’atelier, différents carreaux sont exposés. Ils proviennent pour la plupart d’Allemagne où une grande verrerie travaille le verre soufflé à la bouche. « Autrefois, la plaque de verre revenait à une centaine d’euros le mètre carré, aujourd’hui, du beau verre soufflé c’est 300 euros », précise Karine, qui a été contrainte de légèrement monter ses prix.

Chaque vitrail possède sa propre singularité

Si les deux artisans sont installés dans les Pyrénées-Orientales depuis une vingtaine d’années, « cela fait à peine deux ans que l’on sort la tête de l’eau », confie Karine. Aujourd’hui, même si les commandes sont plus régulières, dans cette profession, « il faut du temps pour créer son réseau. »  Mais pour ces amoureux du verre, il n’était pas question de renoncer. « Ce que j’apprécie le plus dans mon travail, c’est le fait d’être indépendante. J’aime aussi me rendre sur les chantiers et aller à la rencontre d’autres corps de métier ! », s’enthousiasme l’artisane. Du côté de Jérôme, davantage cantonné à l’atelier, c’est le côté création que le maître-verrier affectionne particulièrement.

Le quotidien des artisans n’est jamais le même, chaque vitrail possède sa singularité. Le binôme s’est déjà attelé à la restauration de vitraux très anciens, comme des œuvres des frères Mauméjean. Une dynastie de maître-verrier à la renommée internationale. De magnifiques vitraux datant du début du 19e siècle attirent également l’attention, ils sont la propriété d’une famille bourguignonne. Sur le panneau, le château de la lignée est représenté. « Notre client voulait que l’on restaure les parties manquantes. Il fallait retrouver le verre et les teintes que le peintre verrier de l’époque avait employées », explique Karine. Un travail de recherche long et minutieux qui s’étale parfois sur plusieurs mois. 

Les artisans transmettent un savoir-faire ancestral

En tout cas, le métier semble toujours attiser la curiosité. Chaque année, Karine et Jérôme accueillent un stagiaire désireux de se perfectionner au vitrail. En haute saison, le binôme travaille aussi avec les curistes d’Arles-sur-Tech et propose des cours d’initiation au vitrail. Une jolie manière de transmettre leur passion et ce patrimoine ancestral.

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Célia Lespinasse