Article mis à jour le 17 septembre 2022 à 10:16
Quatre années presque jour pour jour séparent ces deux dates.
Le 7 janvier 2015, onze personnes étaient assassinées lors de l’attaque du journal Charlie Hebdo. Ils étaient dessinateurs, rédacteurs, correcteurs ou de la sécurité (déjà !) et surtout un symbole. Celui de la liberté de la presse meurtrie par des balles de Kalachnikov en plein jour à Paris. Un attentat qui avait choqué et ému les Français. A l’image des 40 000 Perpignanais qui défilèrent en silence le samedi 11 Janvier 2015, du jamais-vu. Des perpignanais fiers du droit inaliénable à une presse libre en France.
Le 5 janvier 2019, deux journalistes de l’Indépendant ont été gravement pris à partie physiquement par certains Gilets Jaunes et leur véhicule dégradé en plein coeur de Perpignan. Le lendemain, une équipe de France 3 Pays Catalan a eu une partie du matériel de reportage volée lors d’un tournage d’une assemblée Gilets Jaunes à Cabestany. Du jamais-vu là encore. Ces journalistes sont toujours un symbole mais désormais, aux yeux de certains, celui d’une presse aux ordres. De qui ? De quoi ? Chacun choisira son ennemi selon sa haine intime ou son adhésion aux plus délirantes des thèses complotistes.
Ce jeudi 10 janvier 2019, pour la première fois en Pays Catalan, des journalistes ont fait le choix de ne plus se taire. Ils travaillent dans les rédactions de l’Indépendant, France 3 Pays Catalan, France Bleu Roussillon, La Semaine Du Roussillon, Radio Arrels, Radio 100%, Made in Perpignan et dénoncent dans un texte commun : « ces comportements inacceptables d’une minorité violente qui profite du mouvement des Gilets Jaunes pour empêcher les journalistes de travailler librement. » Ils rappellent pouvoir accepter la critique mais que « la liberté du travail des journalistes et les principes déontologiques fondant l’exercice de [la] profession ne sont pas négociables« .
Des médias locaux qui, de par leur proximité avec leur lectorat, s’espéraient à l’abri des dérives constatées au niveau national. Comme le dessinateur de presse Alex du Courrier Picard menacé de mort à la suite d’une caricature du Gilet Jaune Eric Drouet. Ou encore les 3 journalistes de BFMTV obligés de fuir leur lieu de tournage à Rouen pour éviter le lynchage malgré la présence de 2 gardes du corps. Mais il n’en est rien. Aujourd’hui, un dispositif de sécurité est de plus en plus envisagé localement pour garantir l’intégrité physique des salariés des rédactions. Certains s’interrogeant même sur l’opportunité de couvrir les prochains épisodes du mouvement des Gilets Jaunes dans ces conditions.
Liberté de la presse en Pays Catalan : attaques inacceptables contre les journalistes
Depuis le 17 novembre, les journalistes de la presse écrite, audiovisuelle et numérique du Pays Catalan couvrent les manifestations et rassemblements organisés par le mouvement des Gilets Jaunes. Au fil des jours, les menaces, les attaques verbales contre les journalistes se sont multipliées. Nous pouvons accepter la critique, mais en aucun cas nous ne pouvons accepter les insultes, les intimidations, les agressions, les dégradations et vol de matériel.
Ces attaques ont atteint un degré supplémentaire le week-end dernier: une équipe de l’Indépendant a été gravement prise à partie physiquement et leur véhicule dégradé. Une équipe de France 3 Pays Catalan a eu une partie du matériel de reportage volée. Par cette prise de parole, nous voulons adresser un message de solidarité à tous les journalistes qui samedi et dimanche étaient sur le terrain et qui ont dû faire face à cette violence.
Nous dénonçons donc ces comportements inacceptables d’une minorité violente qui profite du mouvement des Gilets Jaunes pour empêcher les journalistes de travailler librement. Ces attaques sont une entrave au métier du journalisme. La liberté du travail des journalistes et les principes déontologiques fondant l’exercice de notre profession ne sont pas négociables. Alors qu’un vent mauvais souffle sur la liberté de la presse, nous en appelons à un sursaut citoyen dans les rangs du mouvement des Gilets jaunes.
Lorsque la liberté de la presse est attaquée, c’est un des principes fondamentaux de la démocratie qu’on attaque et qui doit être défendu par tous.
Signataires du communiqué au nom des journalistes
Léo Ardourel, 100% (radio). Philippe Becker, La Semaine du Roussillon. Laura Bertran, Radio Arrels (radio associative). Céline Llambrich, déléguée syndical à France 3 Pays Catalan. Cyrille Manière, délégué du personnel France Bleu Roussillon. Julien Marion, délégué du personnel à L’Indépendant. Maïté Torres, Made in Perpignan (web) et Club de la Presse.
Voir le PDF de la déclaration commune
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