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Blachette, l’illustratrice perpignanaise dont les grandes marques sont folles

Photo © Blachette

Article mis à jour le 20 octobre 2023 à 12:54

Depuis Paris, l’illustratrice perpignanaise Blachette poursuit sa montée en puissance. Ses dessins, bien reconnaissables, font un bien fou de par leurs diversités de couleurs – et de par leurs petites scènes quotidiennes et universelles. Et la jeune talentueuse ne trompe pas ses valeurs malgré les prestigieuses réussites qu’elle enchaîne : sa touche, sa patte, son art, sont convoités par de grandes marques comme Lacoste et Asics. On vous fait les présentations.

Une cause que Blachette a toujours défendue : la diversité de représentation

Casquette sombre rabattue, longue veste noire, le pas sûr et déterminé ; depuis plusieurs années, Blachette matrixe le monde de l’illustration. Elle est venue nous en parler sur la terrasse du Café de la Poste. L’histoire de Blachette ? C’est d’abord l’histoire d’une engagée de la première heure. D’une jeune femme qui milite et qui œuvre pour la diversité.

« La France – et non seulement la mienne – est cosmopolite et de différentes couleurs, s’exclame la Perpignanaise. À mes débuts je regardais beaucoup de blogueuses françaises. Mais même moi, française et blanche, je ne m’y reconnaissais pas : dans ce qu’elles représentaient, dans leurs images, il n’y avait pas les visages de mes amis. Je trouvais ça cool ce qu’elles faisaient, mais ça ne ressemblait pas assez à notre France diversifiée. Il y avait un problème ».

https://www.instagram.com/p/CMpsobrhyeD/?hl=fr

Pour ses premières publications sur les réseaux, Blachette décide de se dessiner avec son amie Sihame. Les retours positifs sont nombreux. « Surtout, ce qui m’a touché, et qui était hyper important, c’était les commentaires qui soulignaient et approuvaient la diversité de représentation ». Une cause que Blachette défendra toujours depuis, dans ses illustrations, comme dans sa vie. « Je suis une Catalane, très têtue, et très déterminée : même si j’avais eu des retours hyper négatifs, j’aurais continué!»

Fichée en 2021 dans le scandale de la liste faite par un site d’extrême-droite

Elle poursuit : « Il suffit de se rappeler la polémique liée au choix de l’actrice pour jouer le nouveau film de la « Petite sirène », pour se rendre compte du problème qu’il y a encore. Dans le cinéma, dans les films, c’est toujours les mêmes représentations dans les attributions de rôle et de personnage. »

Blachette n’hésite pas à monter au créneau, sur ses réseaux, comme sur les pavés. Ses positions lui ont d’ailleurs valu des tracas avec l’extrême droite française : elle figurait – par exemple – parmi les personnalités, politiques, militants et journalistes, fichés par le site Fdesouche et découverte en 2021.  « J’ai été répertoriée par ces gens de militante islamo-gauchiste. Soit ! Mais cela ne va pas s’améliorer ; surtout au vu de ma collaboration avec le webmagazine du vivre ensemble Fumigène, et mon soutien à la famille Traoré. »

https://www.instagram.com/p/BNNYR4UBLg3/?utm_source=ig_embed&ig_rid=8535a2d8-d363-428b-9057-6d825ae7e4bb

De même, en 2018, quand la journaliste et militante anti-raciste Rokhaya Diallo se fait insulter de « Française de papier » par l’ex-député européenne Nadine Morano : « Ça m’a révoltée et j’ai utilisé mon art. J’ai dessiné Rokhaya Diallo avec un bonnet phrygien. Et de cette publication, une grande amitié est née entre nous. »

En 2019 – l’année où elle quitte son poste de cadre pour se consacrer à sa carrière d’illustratrice – Blachette signe chez l’éditeur Hachette. Ce dernier partage sa volonté de publier un livre traitant du sexisme ordinaire : Rokhaya Diallo et Blachette le concrétisent. Leur bande dessinée « M’explique pas la vie, mec ! » est sortie fin 2020.

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En 2022, sa marque préférée Lacoste lui prête les clés du camion

Si ses positionnements sont l’âme et l’ADN de Blachette ; sa force est bel et bien son talent artistique.

En 2018 la marque Adidas l’avait bien repéré. Elle lui demande une performance de peinture en live, dans sa boutique du Forum des Halles, et pour célébrer les 118 ans de son fondateur Adi Dassler.

Tout début 2022, c’est la maison Asics qui toque à sa porte, et pour une plus grosse commande : illustrer sa campagne publicitaire. Elle fera notamment toutes les vitrines des boutiques Courir d’Europe. Blachette, l’amoureuse de sneakers et de streetwear en général, en parle toujours aujourd’hui les yeux emplis d’étoile: « C’est Instagram et le marketing qui m’ont permis de rencontrer les bonnes personnes. Asics m’avait invitée en 2019 lors d’un événement. »

https://www.instagram.com/p/CdtZPHaFOzU/?hl=fr

Quelques mois plus tard, en août 2022, Blachette est aux anges : Lacoste lui remet les clés pour créer une collection capsule pour la saison automne 2022. « Je n’y croyais pas jusqu’à la dernière minute. C’est vraiment ma marque préférée. » 

Blachette s’inspire de sa consommation personnelle des vêtements de la marque au crocodile et axe ses propositions sur trois influences. « J’en suis très contente ». Elle nous explique :

  • Adolescente, j’étais animatrice en colonie de vacances. Nous étions très mal payé, mais tout l’argent gagné je le dépensais en vêtement Lacoste. C’était surtout en survêtements. Dans la collection, j’ai voulu rendre un hommage à cette période.
  • J’admire beaucoup Lady Diana, surtout quand elle s’habillait en streetwear. Je pense à son gros sweat hoodie sur son cycliste. Habillée d’une casquette et de sneakers avec chaussettes montantes.
  • Je consomme beaucoup de Manga. J’ai voulu, pour cette collection capsule, m’inspirer de certains animés comme Sakura, Sailor Moon et Magical DoReMi.
https://www.instagram.com/p/Ch-aEKSLoo1/?hl=fr

« Quand je dessine, c’est un exutoire, et donc, il y a aussi des périodes très dures »

Le bien habillé et les cultures de rue façonnent le style Blachette. La Perpignanaise est une amoureuse de chaussures. Elle ne s’en cache pas et en rigole : « Mon regard, sur quelqu’un, commence en bas et finit en haut. Et non l’inverse ». Ce goût pour l’outwear, elle le traduit, depuis ses débuts, dans ses dessins : « Je m’amuse à dessiner les gens croisés dans le métro avec un style et des tenues qui m’interpellent. »

Elle développe quant à sa pratique : « Dessiner est un exutoire pour moi. Et donc, il y a aussi des périodes très dures. J’étais très pudique sur mes premières publications sur les réseaux sociaux. J’hésitais à les supprimer. Mais finalement, ça fait du bien ! Et je pense que cela peut faire du bien au plus grand nombre. Même si toutes mes animations ne sont pas inspirées directement de ma vie ; espérons qu’il y ait de moins en moins de périodes sombres. »

Quels sont les projets à venir pour cette nouvelle année 2023 : « J’ai récemment signé dans le groupe Vibe pour me développer davantage et m’exporter plus. Depuis peu de temps j’arrive à déléguer des tâches. Ça n’a pas été évident car il s’agit de moi, littéralement, Blachette. » Blachette travaille sur son propre livre qui devrait sortir pour la rentrée 2023. Devinez son sujet ? Les sneakers.

https://www.instagram.com/p/ClWztUasjMo/?hl=fr

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Idhir Baha