Article mis à jour le 18 novembre 2024 à 17:49
Ce mardi 19 novembre 2024, à partir de 14 heures, une partie du monde agricole des Pyrénées-Orientales a rendez-vous à la frontière franco-espagnole, au niveau du péage du Boulou. À l’appel de la Coordination Rurale des Pyrénées-Orientales, le blocage est une réponse « aux promesses non tenues du gouvernement », affirme Philippe Maydat, son président.
Le barrage se veut filtrant et seuls les camions seront bloqués. Même si, selon le syndicaliste, les véhicules pourront passer, le blocage sur ce point stratégique risque fort de générer la pagaille sur l’ensemble des axes routiers du département. Et cela pourrait durer plusieurs jours, comme le confirme le représentant dans les Pyrénées-Orientales des Bonnets jaunes. Six ans après, les Bonnets jaunes pourraient-ils remplacer les Gilets jaunes sur nos ronds-points ?
La coordination rurale appelle au calme, mais comprend le ras-le-bol de certains
Parfois, manifestation agricole rime avec dégradation de biens publics, déversement de denrées agricoles ou prises à partie de camions venus du sud. Pour Philippe Maydat, il n’est pas question de gaspiller de la nourriture, même s’il n’exclut pas de se faire déborder par la colère de certains agriculteurs.
« Il peut être difficile de maîtriser les choses. Il y a un an, on a tiré la sonnette d’alarme, et depuis elle n’a cessé de sonner. Un an après, la colère de certains est compréhensible. »
Quant aux pouvoirs publics, dès lors qu’ils ne bloquent pas la circulation des voitures, le syndicaliste ne craint pas d’être délogé par la police. L’objectif pour le syndicat majoritaire dans les Pyrénées-Orientales n’est pas de bloquer la libre circulation, mais seulement d’interdire l’accès aux marchandises en provenance du sud par l’autoroute.
Bien que le blocage de la Nationale ne soit pas à l’ordre du jour, si la préfecture décidait d’y dévier les camions, la Coordination Rurale bloquerait également ce point de passage, précise Philippe Maydat.
La colère agricole ne s’est pas éteinte avec les promesses
Philippe Maydat, ancien viticulteur reconverti à l’arboriculture et au maraîchage bio, n’est pas un novice du militantisme agricole. S’il représente aujourd’hui le syndicat le plus contestataire, il fut jadis secrétaire général des Jeunes agriculteurs.
« Dans les années 80, nous avions fait venir le préfet Bonnet et nous l’avions installé sur un transat sur du sable. Nous voulions lui faire prendre conscience de ce qu’allait devenir notre département. » Selon le syndicaliste, la France pourrait devenir un désert et c’est l’ensemble de l’agriculture française qui serait en péril. « L’an dernier, on nous avait promis des avancées, mais rien n’a été fait. Nous devons agir pour faire entendre notre voix. »
L’arboriculteur, spécialisé dans la culture de la fraise, dépeint une profession en grande souffrance, fragilisée par une concurrence qu’il juge déloyale. Selon lui, les importations de produits agricoles espagnols à bas coût détruisent le tissu économique local. Le mouvement se revendique ouvert à tous les agriculteurs, sans distinction de syndicat.
Au cœur des revendications : une simplification administrative et des mesures concrètes pour alléger les charges des agriculteurs, comme la baisse du prix du gazole non routier à moins d’un euro. Les importations massives de vin ou les accords internationaux comme le Mercosur viennent aussi exacerber une colère latente depuis des décennies.
Le rendez-vous est donné. Si les autorités ne répondent pas aux attentes, ce mouvement pourrait bien marquer le début d’une mobilisation plus vaste. « Nous voulons juste être entendus. » Une demande simple, mais à laquelle le gouvernement tarde encore à répondre.
Du côté des syndicats majoritaires dans les Pyrénées-Orientales laissent une dernière chance à la négociation. Via leurs réseaux sociaux, ils se disent en attente du retour de la ministre suite sur des mesures spécifiques pour les agriculteurs du département et à la crise liée à la sécheresse.
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