Article mis à jour le 17 décembre 2022 à 07:36
Alors que par décision de justice, le maire de Béziers Robert Ménard a dû démonter sa crèche installée dans sa mairie, l’ensemble des élus de Perpignan, opposition comprise, votent une motion pour défendre « l’exception culturelle des Pessebres catalans ».
Mardi 20 décembre en fin de matinée, le tribunal administratif doit statuer sur la crèche de Perpignan. La Ligue des droits de l’homme, à l’origine du référé, accuse la mairie de Perpignan de violer la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État. Selon l’avocate de l’association, qu’elle se nomme crèche ou pessebre, l’objet reste un symbole religieux.
Le Pessebre est-il une crèche comme les autres ?
Non, répondrons les défenseurs de la crèche à la mairie. Louis Aliot déclarait en présentant sa motion de sauvegarde : « Nous sommes attristés par le comportement d’un certain nombre d’associations qui nous ont assigné devant le tribunal administratif de Montpellier pour nous faire démonter le Pessebre que nous avons à l’hôtel de ville (…) Aujourd’hui les Pessebres sont passés dans le patrimoine culturel de notre ville ».
Selon la mairie d’Amélie-les-bains qui, jusqu’au 8 janvier, donne à voir une exposition de Pessebres catalans à l’Office du tourisme et non à la mairie, « le Pessebre est l’élément le plus caractéristique des Noëls catalans. Si la toute première crèche de l’histoire apparaît au XIIIe siècle, le phénomène ne tarde pas à embraser l’Italie, l’Espagne et le sud de la France mais c’est en Provence et surtout en Catalogne qu’il va trouver une déclinaison vraiment populaire ».
Il n’en demeure pas moins que le Pessebre représente la nativité ; c’est à dire la naissance de Jésus de Nazareth à Bethléem entouré de Joseph, Marie, un âne et un bœuf. Et c’est là que le bât blesse, cette représentation catholique de Noël dans des lieux tels que les mairies contrevient à la laïcité républicaine. Et c’est en ce sens que le tribunal administratif de Montpellier a statué ; estimant que la crèche mettait « en évidence la scène de la nativité ».
Selon le tribunal « cette installation dans l’enceinte d’un bâtiment public méconnaît les dispositions de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 et les exigences attachées au principe de neutralité des personnes publiques ». La Justice a ordonné à la mairie de Béziers de retirer la crèche de Noël située dans la cour d’honneur de l’hôtel de ville, sous astreinte de 100 euros par jour. Et ce 15 décembre, le maire de Béziers exprimait sa « peine» en exécutant la décision de justice.
À Perpignan, le Pessebre n’a pas toujours eu sa place dans le patio de la mairie
Lors du conseil municipal de Perpignan, et alors que Louis Aliot sollicitait le vote des membres de l’opposition, l’ancienne adjointe de Jean-Marc Pujol, Chantal Bruzi déclarait : « Nous allons vous soutenir dans le cadre de cette motion. Tout simplement parce que nous avions nous même à l’époque installé la crèche ; que ce soit à la mairie ou à l’ancien Mess, à la Casa Payral ou au musée d’art contemporain. Parce que nous considérons que cela fait partie de notre culture et nous devons le maintenir ».
C’est à compter de 2010 que l’ancien maire Jean-Marc Pujol avait fait le choix d’installer la crèche dans le patio de l’hôtel de ville, juste en dessous de la devise « Liberté, Égalité, Fraternité ».
La ligue des droits de l’homme signataires de la demande en référé au tribunal de Montpellier indique : « Nous tenons à rappeler notre attachement au principe de la laïcité, contre toute instrumentalisation raciste et xénophobe. Nous exigeons le respect notamment de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905. Le préfet des Pyrénées-Orientales en a la responsabilité ; la loi exige qu’il fasse respecter la loi et il doit la faire respecter par le maire de Perpignan ».