Article mis à jour le 31 juillet 2023 à 17:12
Le barreau catalan a décidé d’honorer les maires des cinq communes de Catalogne Nord qui ont défendu la langue catalane devant la justice française. Ainsi, Nicolas Garcia, Maria Costa, Grégory Marty, Samuel Moli, Jean Louis Salies, respectivement maires d’Elne, Amélie-les-bains, Port-Vendres, Saint-André et Tarerac recevront le prix Agustí Juandó i Royo lors d’une cérémonie le 8 septembre prochain. Photo © ACN.
Le prix Agustí Juandó i Royo distingue ceux ou celles qui ont défendu la langue catalane
Créé en 2004 par le barreau catalan, le prix a vocation à mettre en lumière celles et ceux qui défendent l’usage de la langue dans le domaine juridique ou administratif. Le prix décerné par le barreau porte le nom de l’avocat Agustí Juandó i Royo. Alors que la guerre civile de 1936 éclatait, il était le secrétaire de l’audiencia de Barcelone. La Generalitat de Catalunya l’avait nommé pour reprendre l’institution après la révolte militaire. Le 19 juin 1939, il est traduit en cour martiale. Parmi les accusations, celle de normaliser l’usage de la langue dans l’enceinte judiciaire catalane, conformément aux dispositions de la Generalitat. Condamné à mort pour le crime de rébellion militaire, il fut exécuté au Camp de la Bota le 9 juillet 1939.
Retour sur le procès des cinq maires catalans face à l’administration et à la justice française
Les avocats catalans ont souhaité rendre hommage à ces maires qui ont défendu l’usage de la langue d’abord dans leurs conseils municipaux avant d’être contraints de le faire devant le tribunal administratif de Montpellier. Le documentaire en catalan sous-titré de l’émission 30 Minuts* revient sur les faits, les causes et les conséquences de ce passage devant la justice française.
L’affaire débute 2022 au conseil municipal d’Elne. En janvier 2022, Monsieur Manzanares, 3e adjoint à la mairie, décide de prononcer son intervention du jour en Catalan. Une liberté qui n’est pas du goût de l’opposition, qui décide de quitter la salle. Un « apartheid lingüistique » selon le général Gilles Glin, représentant de l’opposition dans le reportage. En réaction, la mairie d’Elne, comme d’autres communes du département, décide de modifier son règlement intérieur afin d’y inscrire l’éventuel usage de la langue catalane à l’écrit comme à l’oral, à condition qu’une traduction en français soit réalisée.
Une mesure qui ne convient toujours pas au général Glin « dans une enceinte exclusivement républicaine comme le conseil municipal il n’est pas admissible qu’une langue se substitue au français et surtout qu’elle soit en premier ». De même Rodrigue Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales ne l’entend pas de cette oreille et déclare cette mesure illégale. Suite à cela, cinq communes, Elne, Port-Vendres, Amélie-les-Bains-Palalda, Saint-André et Tarerach décidaient de porter l’affaire devant le tribunal administratif. À l’arrivée, la délibération fait grincer des dents dans un camp comme dans l’autre : le Catalan pourra être utilisé en conseil municipal, mais seulement après le Français.
*Visible en replay