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Sur TV3, un documentaire alerte sur la situation du Catalan en France

Sur TV3, un documentaire alerte sur la situation du Catalan en France

Article mis à jour le 12 octobre 2023 à 08:50

Le 16 juillet 2023, la chaîne catalane TV3 publiait le documentaire « Catalunya Nord: el català, a judici » (« Catalogne du Nord : le catalan en procès »). Une « investigation profonde » sur la situation actuelle de la langue catalane en France, avec comme toile de fond le récent procès de cinq maires du département pour avoir fait usage du catalan en conseil municipal.

En conseil municipal, l’État face aux langues régionales

L’affaire avait ému les milieux catalanistes au-delà des Pyrénées. Elle débute 2022 au conseil municipal d’Elne. Face caméra Nicolas Garcia maire de la commune et son adjoint Pere Manzanares reprennent le fil des évènements depuis l’origine.

En janvier 2022, Monsieur Manzanares, 3e adjoint à la mairie, décide de prononcer son intervention du jour en Catalan. Une liberté qui n’est pas du goût de l’opposition, qui décide de quitter la salle. Un « apartheid lingüistique » selon le général Gilles Glin, représentant de l’opposition dans le reportage. En réaction, la mairie d’Elne, comme d’autres communes du département, décide de modifier son règlement intérieur afin d’y inscrire l’éventuel usage de la langue catalane à l’écrit comme à l’oral, à condition qu’une traduction en français soit réalisée.

Une mesure qui ne convient toujours pas au général Glin « dans une enceinte exclusivement républicaine comme le conseil municipal il n’est pas admissible qu’une langue se substitue au français et surtout qu’elle soit en premier ». De même Rodrigue Furcy, préfet des Pyrénées-Orientales ne l’entend pas de cette oreille et déclare cette mesure illégale. Suite à cela, cinq communes, Elne, Port-Vendres, Amélie-les-Bains-Palalda, Saint-André et Tarerach décidaient de porter l’affaire devant le tribunal administratif. À l’arrivée, la délibération fait grincer des dents dans un camp comme dans l’autre : le Catalan pourra être utilisé en conseil municipal, mais seulement après le Français.

Entre la Catalogne Nord et le Sud, un dialogue difficile

Pour un habitant des Pyrénées-Orientales le reportage est tout à fait parlant quant à l’image qu’entretiennent les habitants de la Catalogne du Sud vis-à-vis de leurs cousins du Nord. Pour les premiers l’enquête prend la forme d’un désenchantement : en France, depuis des décennies la langue catalane se perd dans l’espace privé comme dans l’espace public où elle est totalement désuète.

Parallèlement, c’est le fossé institutionnel entre l’État français et l’État espagnol qui apparaît, béant, aux yeux du spectateur averti. Un à un les intervenants se relaient afin d’expliquer la politique centralisatrice de la France et la façon dont l’État, par l’école notamment, s’est attaché à réduire l’usage de la langue à peau de chagrin. « La France s’est construite sur un modèle d’État-nation, c’est pourquoi elle a écrasé les langues et les identités régionales » rappelle Guillem Nivet, secrétaire d’Omnium cultural Catalunya Nord.

Une centralisation bien loin du système des communautés autonomes en vigueur en Espagne, où les débats sur la langue sont à des années-lumière. « Je suis arrivée en 2006 à la Bressola et tu arrives dans la réalité de ce pays, avec tous tes a priori du Sud, et tu reçois une sacrée claque », témoigne Olatz de Bilbao, directrice pédagogique de la Bressola.

Propriétaire de la Llibreria Catalana, Joana Serra tente de dissiper le malentendu : « Du point de vue de la Catalogne du Sud, vous pouvez vous dire que le bilingue n’est pas quelque chose de positif, dans notre cas je pense qu’il est très important qu’il y ait l’option de pouvoir faire 50 % en catalan et 50 % en français ».

La société civile au secours de la langue

Le reportage est également particulièrement intéressant en ce qu’il dresse le tableau de toutes les initiatives issues de la société civile, se substituant aux pouvoirs publics afin de faire vivre la langue. Des écoles Arrels à La Bressola en passant par Radio Arrels ou la Llibreria Catalana, autant d’acteurs qui tentent tant bien que mal de réinjecter le catalan dans la société. Une vision à l’opposé de la conception « patrimoniale » de la langue. Le musicien et interprète en catalan Julio Leone s’indigne « Comment voulez-vous qu’une culture, qu’une langue soit vivante si c’est un « patrimoine national » comme un château ? »

Tous font part de la difficulté de la tâche car la langue, en plus d’être sortie des usages, a longtemps été auréolée d’une image dépréciative. Cependant, les intervenants se veulent optimistes. Selon une enquête réalisée par l’Université de Perpignan en 2015 et citée dans le reportage, si la Catalogne du Nord ne compte que 6,2 % de locuteurs, plus de 80 % des répondants déclarent vouloir apprendre a langue. Au rang des motifs d’espoir, TV3 nous présente également une nouvelle génération de locuteurs et d’activistes prêts à rendre à la langue ses lettres de noblesse.

Le documentaire, qui a rassemblé plus de 320.000 spectateurs lors de sa diffusion, est toujours disponible sur le site de TV3. Et pour le bonheur de tous, des sous-titres en français sont également disponibles.

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