Article mis à jour le 29 octobre 2025 à 15:59
Une grande partie des Pyrénées-Orientales est concernée par un manque cruel de médecins généralistes. Des médecins qui refusent des patients hors commune, voire tout nouveau patient. Des cabinets sans rendez-vous débordés à Perpignan. Des maisons de santé qui ont jugulé l’hémorragie par endroit, mais aux effectifs instables. L’Agence Régionale de Santé (ARS) se penche sur le problème. Photo d’illustration.
Entre 2010 et 2025, les Pyrénées-Orientales ont perdu 29,4 % de médecins généralistes. Il faudra attendre 2030 avant que la fin du numerus clausus, qui limitait le nombre d’étudiants en médecine, ne libère enfin des cohortes de professionnels plus conséquentes. En attendant, L’ARS déploie deux dispositifs qui visent à lutter contre les déserts médicaux : les « docteurs juniors » mais aussi les « médecins solidaires », une incitation aujourd’hui rebaptisée « un médecin près de chez vous ».
Fin 2026, une vingtaine d’internes pourraient être obligatoirement fléchés sur les Pyrénées-Orientales
« Les docteurs juniors, c’est un des volets du pacte de lutte contre les déserts médicaux. » explique Franck Nivaud, directeur départemental de l’ARS des Pyrénées-Orientales. Il s’agit de médecins en quatrième année de spécialisation en médecine générale. En clair, des internes juste avant leur installation définitive. À compter de novembre 2026, leurs stages d’une année devront obligatoirement se dérouler dans des lieux dits « sous-dotés ». Dans chaque département un coordonnateur va désigner les secteurs de stage potentiels pour les internes de la faculté de Montpellier.
« Il y aura autant d’étudiants que de lieux » précise Franck Nivaud, assurant que 100 % des secteurs listés seront pourvus, avec une réflexion qui anticipe les trois prochaines années pour ne pas être pris de court.
Si aucun chiffre officiel n’a encore été annoncé, une vingtaine de ces « docteurs juniors » pourraient ainsi débarquer dans les Pyrénées-Orientales. La liste des communes concernées sera établie début 2026, mais elle devrait saupoudrer tout le département. Les internes seront dans des cabinets avec plusieurs praticiens, mais ils pourront consulter seuls.
« C’est une vraie opportunité tant pour les médecins maîtres de stage déjà installés que pour les internes. Une année complète permet de s’ancrer sur le territoire. »
Franck Nivaud espère qu’au moins la moitié d’entre eux choisira ensuite de s’installer sur le département. La qualité de vie et les paysages pourraient aider… Sans oublier des aides à l’installation. 87 % des communes des Pyrénées-Orientales sont éligibles à une prime de 5000 ou 10 000 euros donnée à un médecin qui s’installe.
Un médecin est arrivé près de chez vous
L’autre volet de la lutte ne consiste pas à rajouter des médecins, mais à les déplacer pour des permanences. Il s’agit des « médecins solidaires », des volontaires prêts à grimper au moins deux jours par moins dans un secteur reculé. 150 communautés de communes ont été retenues au national, dont 28 en Occitanie et une seule pour les Pyrénées-Orientales, le Haut-Vallespir.
« Le dispositif a déjà commencé dans le Gers, les Hautes-Pyrénées et le Tarn-et-Garonne, et ça se passe très bien. » Ces médecins, en plus du prix des consultations, reçoivent 200 euros par journée de permanence. Annoncées à l’avance, les consultations seront sur rendez-vous.
Cinq médecins locaux se sont déjà proposés pour tenir ces consultations, qui devraient démarrer ce mois de novembre 2025. Un premier local a été déterminé à Saint-Laurent-de-Cerdans, il s’agit de la maison de santé pluriprofessionnelle. Un autre est recherché parmi les autres communes du Haut Vallespir.
Seul le Haut Vallespir concerné pour le moment
À ce jour cependant, une extension du dispositif à d’autres secteurs en tension, comme les Fenouillèdes, n’est pas prévue. « On aurait bien aimé, mais dans ce lancement on a ciblé les zones les plus défavorisées. » La suite dépendra du succès de ces premières expériences et des prochaines politiques de santé.
En attendant, la nouvelle maison de santé pluriprofessionnelle Pia – Salanque a vu son projet de santé validé et devrait rassembler une vingtaine de professionnels, dont des généralistes, infirmiers, kinés, diététicienne, psychologue… Elle s’ajoute à la liste croissante des maisons de santé et contribuera à ce retour progressif du médical dans les Pyrénées-Orientales.
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