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Fêtes de fin d’année : petit précis de survie aux repas de famille

Fêtes de fin d’année : petit précis de survie aux repas de famille

Article mis à jour le 9 juillet 2024 à 14:00

Noël et le Nouvel an approchent, et avec eux les traditionnels repas de famille, avec tonton André qui trouve « qu’on peut plus rien dire ! » et grand-mère Louise qui pense que « on ne nous dit pas tout ! ».

Petite liste non exhaustive d’arguments à répondre pour ne pas vous arracher les cheveux, spéciale éducation aux médias et l’information. Et Joyeux Noël !

Les journalistes, tous vendus aux politiques

Commençons par le commencement : les journalistes ne sont pas une corporation homogène et uniforme. Sur les près de 34 000 journalistes comptabilisés par la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (c’est-à-dire qui cochent les cases pour avoir leur caret de presse, sésame de la profession), il y a ceux qui sont en CDI, donc dans des contrats plutôt stables, et puis les plus précaires, en CDD ou à la pige (le journaliste travaille à la tâche, garde son indépendance mais est payé en salaire. La loi considère théoriquement la pige comme un CDI implicite. Mais dans les faits, c’est plus compliqué…). Cette disparité de statuts révèle aussi des rémunérations très inégales. Le revenu médian en CDI d’un journaliste est de 3580€, 1954€ pour les pigistes et 2837 € pour les CDD, toutes tranches d’âge confondues, selon l’Observatoire des métiers de la presse.

Ainsi, le métier de journaliste est caractérisé par une précarisation grandissante. Parallèlement, la concentration des médias entre les mains de quelques milliardaires se poursuit en France, inquiétant dans les rédactions les principaux concernés sur leur liberté d’informer. Dans ce contexte, l’autocensure est possible, surtout quand on a un statut précaire. Mais l’image d’un téléphone relié directement à l’Élysée depuis le bureau du rédacteur (ou de la rédactrice) en chef est un mythe.

En réponse à cette concentration qui met en danger l’indépendance de la presse de nombreux médias continuent de proposer une information indépendante (à l’image du site que vous lisez en ce moment). Des initiatives pour sécuriser le financement d’une presse libre existent aussi, telles que le fonds pour une presse libre. Le meilleur moyen pour garantir l’indépendance des journalistes. D’ailleurs n’hésitez pas à transmettre notre lien de soutien à votre tonton Jacques si jamais il souhaite un don à une presse libre et indépendante.

Les journalistes ne parlent que des mauvaises nouvelles !

C’est vrai que l’actualité peut paraître souvent sombre. C’est un des biais de notre métier, nous considérons une information comme un fait qui vient rompre avec l’ordinaire de l’existence, un fait dit « extraordinaire » et qui concerne le plus grand nombre. Cette vision des choses fait qu’on s’attelle souvent à parler davantage « des trains qui n’arrivent pas à l’heure », selon une célèbre formule. Et aussi que si personne ne parle des informations qui troublent, suscitent la colère et l’indignation, qui le fera (précisons en toute indépendance et manière rigoureuse ?).

Image idéalisée des fêtes de Noël en famille

Mais depuis quelques années, la question du traitement anxiogène de l’information agite le monde des journalistes. Les débats sont vifs et nombreux, et certains défendent un journalisme de solutions, à l’image du collectif Antidotes à Toulouse, qui ne propose « pas un journalisme de bisounours ou positif, mais constructif », en allant « à la rencontre de ceux qui travaillent à résoudre les problèmes ». Un moyen selon ses fondatrices de ne pas « tomber dans le fatalisme ». Alors cousine Pénélope, rassurée ?

Pourquoi les médias défendent autant Israël ?

Alors là, votre grand-père Louis a lâché une véritable bombe entre la dinde et le dessert. Vous prenez une longue inspiration et remontez vos manches. Si jamais la conversation dérape sur des sujets tendus, toujours remettre les faits au premier plan.

Les attentats du 7 octobre commis par le Hamas, mouvement qualifié de terroristes par de nombreux pays occidentaux comme l’Union européenne ou les États-Unis ont entraîné une réponse violente d’Israël et son armée qui pilonne sans discontinuer la Bande de Gaza depuis un mois et demi. Voilà les faits que les journalistes ont pu établir en se basant sur plusieurs sources différentes et fiables. Et c’est là que le bât blesse : l’armée israélienne a très vite empêché tout journaliste de pénétrer dans la Bande de Gaza. Les images et les informations côté palestinien reposent donc sur des reporters locaux, dont nombreux sont des victimes directes ou collatérales de cette guerre. Pour rappel, le Comité pour la protection des journalistes et la Fédération internationale des journalistes comptabilisent depuis le 7 octobre au moins 64 professionnels des médias tués à Gaza, soit le conflit le plus meurtrier de l’histoire pour la profession.

Ne pas avoir de journalistes pouvant rapporter une information indépendante, c’est-à-dire aussi en dehors de toute pression signifie une plus grande vulnérabilité des médias aux sources officielles qui ont les meilleurs outils de communication. Tsahal est mieux organisée et audible dans ce domaine que le Hamas, discrédité du fait de sa qualification de mouvement terroriste. C’est pourquoi, et notamment sur les chaînes d’information en continu qui doivent alimenter leur antenne 24h/24, le public a pu avoir l’impression au début du conflit d’entendre davantage le point de vue des Israéliens. Si on ajoute à ça les innombrables plateaux de débats (appelés «talk » dans le jargon) sur le sujet, avec des discussions plus sur le terrain des émotions que des faits, le sentiment de déséquilibre a pu être flagrant, et interprété comme une prise de position en faveur de l’État Hébreu.

Et si certains médias ont pu avoir un traitement biaisé de cette terrible actualité, d’autres ont fait un autre travail de recoupement des sources et de nuance. Car « les médias », ça ne renvoie à aucune réalité homogène. Le mieux pour se faire une opinion éclairée est de croiser les sources médiatiques, aller piocher à droite et à gauche (avec une préférence toujours pour la presse indépendante, pardon de prêcher pour notre paroisse).

En espérant que ces quelques arguments imparfaits vous auront servis à ne pas quitter la table énervée pour le réveillon.

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Alice Fabre