Article mis à jour le 31 août 2023 à 20:32
Ce 28 août, le tout nouveau ministre de l’Éducation nationale présentait ses mesures pour la rentrée des classes 2023 et l’année scolaire qui s’annonce. Gabriel Attal affiche ses priorités pour l’école nouvelle version.
Revalorisation des salaires, remplacement des professeurs absents, changement du calendrier des épreuves du baccalauréat, mais c’est surtout l’annonce faite la veille au journal télévisé qui a empli l’espace médiatique. Désormais, «l’abaya* ne pourra plus être portée à l’école». L’interdiction faite aux femmes de porter cette robe ample assimilée à l’Islam a fait réagir tout le spectre politique.
Au-delà du port de l’abaya par les jeunes filles scolarisées, nous avons questionné les syndicats des enseignants du primaire et du secondaire des Pyrénées-Orientales.
«Poudre de Perlimpinpin», mesures «mensongères», les syndicats jugent sévèrement la rentrée de Gabriel Attal
Le co-secrétaire du syndicat des enseignants du primaire dans les Pyrénées-Orientales, Jérôme Guy, qualifie les annonces du ministre de «trompe-l’œil». Le syndicaliste de citer l’exemple de la limitation de l’effectif à 24 élèves par classe en CP et CE1. «Cette mesure est déjà effective dans le département dans la quasi-totalité des classes, il n’y a rien de nouveau à ce niveau-là.» Pour ce qui est de la revalorisation des salaires et le remplacement des enseignants absents, le syndicaliste se veut plus cinglant. Jérôme Guy qualifie ces annonces de «mensongères». «Tous les postes de remplaçants ont été supprimés. Quand les premiers froids vont arriver et avec les premières absences de profs pour maladie, on va connaître des problèmes de remplacement dans le département.»
Géraldine Morales, co-secrétaire de la FSU66 et représentant les enseignants du secondaire, abonde les propos de son collègue. L’annonce sur le pacte de remplacement est tout simplement de «la poudre de Perlimpinpin.»
Le dossier de presse de plus de 100 plages affiche clairement les priorités de Gabriel Attal. «Le remplacement des professeurs absents est une priorité du ministère pour assurer la continuité des enseignements pour les élèves. Des moyens inédits sont prévus pour déployer le remplacement de courte durée (inférieur à 15 jours) dans le cadre de la mise en œuvre du Pacte, avec une rémunération incitative pour les enseignants volontaires : 1.250 € bruts pour un forfait de 18 heures, soit 69 € bruts de l’heure.» Selon Géraldine Morales, «en collège et en lycée, ils espèrent que 30% des collègues prennent des heures en plus. Mais, ils sont déjà sous l’eau avec toutes les missions administratives qui se rajoutent à leur travail. Je ne vois pas comment ils vont pouvoir faire. Nous nous réclamions plus de moyens, plus de postes, plus d’enseignants titulaires.»
Vers de plus en plus de contractuels pour enseigner aux élèves du primaire au bac ?
Selon Jérôme Guy, la baisse du nombre de places au concours et le manque d’attractivité du métier sont en cause sur le manque de candidats. Ainsi l’académie manque d’enseignants pour le collège, pour le lycée, mais aussi pour la maternelle et le primaire.
«Depuis deux ans, nous manquons d’enseignants titulaires. L’administration fait parfois venir des professeurs d’autres académies, et ouvre la liste complémentaire du concours, mais cela ne suffit pas. Ils recourent aussi à des contractuels recrutés via les petites annonces. Ils ne sont pas du tout formés à être devant les élèves. Dans les Pyrénées-Orientales, ils recrutent des candidats avec un Bac+2, et heureusement il y a pas mal de candidats motivés qui répondent. Mais ce n’est pas satisfaisant. Nous, nous demandons d’avoir plus de places au concours. Dès cette rentrée scolaire, ils seront plusieurs dizaines. Dans les Pyrénées-Orientales, plus d’un millier d’enfants ont un enseignant non formé en face d’eux.»
Selon Géraldine Morales, cela va bien au-delà. «Ils veulent purement et simplement casser le statut du fonctionnaire. Notre grosse inquiétude est que nous allons droit vers un système à l’anglo-saxonne. En clair, le recrutement se fera en local par les chefs d’établissement.» Sur tous ces sujets, les syndicalistes préparent déjà les mobilisations pour l’automne.
Les déclarations sur les tenues vestimentaires, la nécessaire clarification
Pour Géraldine Morales, la position sur l’abaya était une nécessité. Jusque-là, les chefs d’établissements ou les équipes pédagogiques devaient gérer seuls ces situations. «Désormais, c’est l’institution qui prend la responsabilité. C’est une prise de position que nous réclamions depuis l’année dernière.» Au-delà de l’école ou de la laïcité, Géraldine Morales note que la société vient encore se mêler des tenues des femmes et des jeunes filles. «Je pense cela pose d’autres problématiques. Car nous sommes en permanence dans le grand écart entre le croc-top et l’abaya.»
*L’encyclopédie collaborative Wikipédia définit ainsi l’abaya. C’est un vêtement traditionnel porté par les femmes, qui consiste en une longue robe. Il est principalement porté dans les pays arabes, notamment en Arabie saoudite, dans les pays du golfe Persique, ainsi qu’au Maghreb.
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