Article mis à jour le 30 novembre 2022 à 16:52
Drapeaux, fanions et banderoles sont prêts pour les mobilisations à venir pour le pouvoir d’achat ou contre la réforme des retraites. En attendant les syndicats mènent la bataille des élections professionnelles. Les 35.000 agents des trois corps de la fonction publique des Pyrénées-Orientales sont appelés aux urnes du 1er au 8 décembre. Échange avec plusieurs syndicalistes du département.
Perte de sens, déclassement, violence, le malaise des fonctionnaires
Une récente enquête menée par l’Ipsos pour Qualisocial révèle qu’un tiers des agents est victime de harcèlement au travail, autant que dans le privé. Au-delà du harcèlement au sein même des institutions, c’est le contact avec les usagers qui se dégrade. Alors que le décès d’un inspecteur des impôts dans le cadre de ses fonctions est présent dans toutes les mémoires, les agents de la fonction publique alertent sur les difficultés de leur métier. Selon, le secrétaire départemental Force Ouvrière, Jérôme Capdevielle, « l’image du fonctionnaire nanti » est bel et bien terminée. « Les fonctionnaires sont en souffrance. La perte de sens est générale. Il y a aussi un sentiment de déclassement lié à la baisse du pouvoir d’achat et un manque de reconnaissance général ».
Représentant Force Ouvrière auprès de la Direction générale des finances publiques, Bernard, dénonce un phénomène de violence qui s’accroît. « Tous les fonctionnaires en contact avec le public ou sur le terrain peuvent tomber sur des situations violentes ; alors même que parfois nous sommes amenés à faire appliquer des lois avec lesquelles nous sommes en désaccord. J’ai des collègues qui se font insulter tous les jours, et là on a eu un mort…
Aujourd’hui, je constate une escalade dans la violence. Elle s’exerce auprès de tous ceux qui représentent une autorité. Bien sûr les agents de police, les inspecteurs des impôts, mais aussi les infirmières de l’hôpital ».
Selon le secrétaire départemental CGT, Julien Berthélemy, le véritable enjeu est aussi au niveau de l’emploi et le salaire. « Dans les 3 corps, nous portons cette nécessité d’augmenter les salaires et de créer des emplois. Il faut vraiment augmenter le point d’indice ! ».
Embauche de contractuels et privatisations, vers un détricotage des services publics ?
Pour la secrétaire départementale de Sud CT66, Brigitte Payrou-Neveu cette loi de transformation de la fonction publique dans les instances territoriales a vocation à réduire la représentation des personnels.
« Ce vent de libéralisme a aussi ouvert grand la porte au recrutement d’agents contractuels pour des missions qui devraient être confiées à des agents titulaires ».
Au-delà de la mutation des agents de la fonction publique vers des statuts du privé, le syndicat alerte sur les dangers des délégations de service publics ou de la volonté de privatisation de certains services. « Il y a des services qui ne se monnayent pas. Chez Sud, nous avons une position très claire sur les délégations de service public ». La syndicaliste de citer l’exemple de cette tentative de privatisation d’une crèche après 6 mois de gouvernance de la nouvelle municipalité.
Vers un retour de la CGT à la mairie de Perpignan ?
Alors que depuis de nombreuses années, seuls Force Ouvrière et Sud CT66 étaient représentés lors des différents comités, cette année, la CGT fait son retour et présente une liste complète. En effet, la mairie et ses 2.700 agents font l’objet de lourdes réorganisations professionnelles depuis le changement de gouvernance. Restructuration dans la police municipale avec la création d’une brigade de nuit, changement des cadres, modification des horaires ou embauche de contractuels ont autant de dossiers qui bousculent les services et les agents. Face au syndicat majoritaire, certains d’entre eux ont fait appel au syndicat CGT pour porter leur voix. Parmi les négociations à venir, l’accord sur télétravail.
Fonction territoriale, d’État ou hospitalière, tous sont appelés au vote électronique
Alors que le précédent scrutin était via des urnes physiques, le scrutin de 2022 se déroule exclusivement par vote électronique. Une inquiétude pour les syndicats. Pour Marie-Jo, candidate Force Ouvrière à l’hôpital, le vote est très complexe et peut rebuter certains électeurs. Idem du côté de la CGT, Julien Berthélemy précise que le vote électronique est très prisé parmi les cadres et les agents de maîtrise, à l’inverse des ouvriers et des employés. Sur la plupart des scrutins qui basculent de l’urne vers l’électronique, il y a une baisse de participation précise Julien Berthélemy.
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